Lancement du satellite Biomass : une première mondiale pour l’environnement

par Olivier
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Lancement du satellite Biomass : une première mondiale pour l'environnement
Europe, Guyane

Lancement réussi du satellite Biomass en orbite terrestre

Le satellite d’observation de la Terre Biomass a été placé en orbite mardi matin par la fusée italienne Vega-C, lancée depuis la base spatiale de Kourou, en Guyane. Ce satellite scientifique, développé par l’Agence spatiale européenne (ESA), inaugure une avancée technologique majeure dans le domaine de l’observation environnementale.

Biomass est le premier satellite équipé d’un radar à grande longueur d’onde, capable de traverser le feuillage dense des forêts tropicales afin de mesurer la biomasse, c’est-à-dire la masse des troncs, branches et tiges, où le carbone est principalement stocké dans les arbres.

Un lancement précis et des premiers contrôles concluants

La fusée Vega-C a brillamment réussi sa mission en plaçant Biomass sur une orbite idéale à 666 km de la Terre. Cette précision est cruciale pour assurer la longévité du satellite, en limitant la consommation d’ergol prévu pour la propulsion. Après un lancement particulièrement éprouvant, les équipes ont confirmé que le satellite communique parfaitement avec le sol, que ses panneaux solaires sont déployés et qu’il est stabilisé.

La prochaine étape majeure, qui s’étendra sur environ huit jours, consiste au déploiement progressif de son réflecteur de 12 mètres de diamètre, une opération délicate essentielle au bon fonctionnement du radar embarqué.

Objectif principal : mesurer le carbone stocké par les forêts tropicales

La mission principale de Biomass est de quantifier la quantité de carbone séquestrée par les forêts tropicales, un paramètre clé du cycle mondial du carbone encore incertain à hauteur de 10 à 20 %. Sachant que les forêts absorbent environ 8 milliards de tonnes de carbone par an, dont près de la moitié provient des forêts tropicales, affiner ces mesures est primordial pour améliorer les modèles climatiques.

Le satellite permettra aussi d’évaluer l’impact de la déforestation et l’évolution des forêts tropicales face aux changements climatiques, notamment les variations de température et de précipitations qui modifient la capacité de ces écosystèmes à stocker le CO2. L’enjeu est de déterminer si ces forêts jouent un rôle d’amortisseur en stockant plus de carbone ou si elles sont au contraire stressées, ce qui réduirait leur capacité de séquestration.

Pourquoi cibler exclusivement les forêts tropicales ?

De nombreux satellites comme Sentinel 1 et 2, ainsi que des mesures au sol, surveillent déjà les forêts des latitudes tempérées. Cependant, les forêts tropicales présentent un feuillage particulièrement dense, ce qui empêche les instruments classiques de pénétrer leur canopée. Or, comme seulement 1 % du carbone est stocké dans le feuillage, il est indispensable de sonder la masse ligneuse située en dessous.

Les vastes étendues géographiques et l’accès difficile de ces régions rendent impossible la collecte de données sur le terrain. Il est donc nécessaire de recourir à une observation spatiale innovante, ce que permet Biomass avec son radar pénétrant inédit.

Une technologie radar révolutionnaire

Biomass est doté d’un radar en bande P, caractérisé par une très grande longueur d’onde. Cette technologie est sensible aux objets de la taille d’environ 70 cm et ignore donc le feuillage, qu’elle traverse, pour mesurer les branches et troncs sur des zones d’environ 200 mètres carrés. Ces données fourniront des mesures précises de la biomasse, essentielles pour estimer le stockage de carbone par ces forêts.

Déroulement et durée de la mission

La première image radar devrait être obtenue dans un délai d’environ un mois. Suivra une phase de calibrage d’environ six mois, avec des mesures sur une cinquantaine de sites tests répartis mondialement afin de valider la fiabilité des données. Après cette période, les équipes scientifiques recevront les premières données précises sur les forêts tropicales.

La mission est prévue pour durer cinq ans, avec la possibilité d’être prolongée.

Des applications secondaires au-delà des forêts

Au-delà de l’observation forestière, Biomass pourra sonder les sous-sols des déserts secs jusqu’à cinq mètres de profondeur, ce qui intéressera notamment les géologues et archéologues pour la détection d’anciennes cités enfouies. Le satellite offrira également la capacité de pénétrer entre 40 et 50 mètres dans la glace, permettant de surveiller la fonte des calottes glaciaires.

Un projet européen de longue haleine

À l’origine, le concept scientifique du satellite Biomass remonte aux années 1990, mais les technologies nécessaires n’étaient pas encore disponibles. Ce n’est qu’en 2013 que l’ESA et ses États membres ont validé la mission. De nombreux laboratoires européens, tels que le Centre d’études spatiales de la biosphère (CESBIO) à Toulouse, ainsi qu’une cinquantaine d’industriels du continent, ont contribué à sa réalisation.

Ce projet illustre la capacité européenne à mener des missions scientifiques ambitieuses et indispensables pour mieux comprendre l’évolution de la planète et anticiper les enjeux environnementaux futurs.

Illustration

Satellite Biomass

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