Les humains d’aujourd’hui seraient presque méconnaissables pour nos ancêtres préhistoriques. Nous avons gagné en taille et en corpulence, perdu la plupart des poils qui protégeaient les premiers humains des climats rigoureux avant l’invention des vêtements. Nos arcades sourcilières ont diminué tandis que notre crâne s’est agrandi, nous donnant l’apparence d’une nouvelle espèce humaine.
Parmi nos cousins anciens, les Néandertaliens (Homo neanderthalensis) sont souvent raillés comme des « hommes des cavernes ». Pourtant, ces derniers furent parmi les premiers membres du genre humain à s’étendre hors d’Afrique, habitant une grande partie de l’Europe et de l’Asie pendant l’ère glaciaire, il y a environ 200 000 ans. Cela semble déjà ancien, n’est-ce pas ?
Ceux-ci restent cependant bien plus récents que l’un de nos aïeux plus anciens : Homo erectus. Bien qu’il différait quelque peu des Néandertaliens et des humains modernes, une rencontre fortuite pourrait ne pas révéler immédiatement une espèce distincte. Homo erectus mesurait presque la taille moyenne d’un humain contemporain, possédait une musculature plus développée, des hanches plus larges et de prononcées arcades sourcilières. Selon le musée d’histoire naturelle de Londres, c’est cette espèce qui aurait été la première à quitter l’Afrique, il y a environ 1,7 million d’années, s’étendant principalement en Asie. De récentes découvertes pourraient même repousser encore davantage cette date.

Une découverte majeure
Jusqu’en 2018, il était admis que Homo ergaster, une forme africaine d’Homo erectus, migré vers l’Asie entre 1,7 et 1,75 million d’années avant notre ère. Cette migration précède de près d’1,5 million d’années celle des humains modernes. Cependant, une publication datant de cette même année a prolongé la chronologie de migration d’Homo erectus de 250 000 années supplémentaires.
Fossiles à l’appui et selon des analyses, les traces de cet ancêtre en Asie remontent désormais à 2 millions d’années environ, faisant de ces restes les plus anciens découverts hors d’Afrique. Pour contexte, ces 250 000 années représentent près de 10 000 générations humaines. Mieux encore, ces premiers fossiles ont été exhumés à plus de 3 500 miles à l’est des précédentes découvertes, soit une distance supérieure allant jusqu’à l’océan Atlantique à partir de la Californie, démontrant des migrations bien plus étendues que ce que pensaient jusqu’alors leurs lointains descendants. Un exploit impressionnant.

Une interprétation qui divise
Cette nouvelle chronologie soulève un débat parmi les chercheurs. Pourquoi ? Parce que Homo erectus est reconnu pour avoir fabriqué les premiers outils acheuléens, bien plus sophistiqués que les simples rochers façonnés par ses ancêtres. Ces outils, généralement des haches à main aux bords taillés, résultent d’un façonnage minutieux par percussion.

Les scientifiques qui ont proposé cette nouvelle datation n’ont pas retrouvé de restes squelettiques supplémentaires, mais des éclats de pierre caractéristiques, découverts dans des dépôts sableux. Ces éclats, issus de la frappe roche contre roche, correspondent aux techniques connues de fabrication des outils acheuléens. Pour eux, ces indices suffisent à attribuer cette présence ancienne à Homo erectus.
Pourtant, certains chercheurs demandent des preuves plus tangibles, telles que des restes osseux ou dentaires, permettant une identification certaine de l’espèce. En attendant, ces découvertes restent une forte hypothèse qui bouleverse notre compréhension des premières migrations humaines en Asie.
