Monstres marins préhistoriques resurfacés après des millions d’années

par Angela
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Monstres marins préhistoriques resurfacés après des millions d’années
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Les avertissements gravés sur les anciennes cartes marines — Hic sunt dracones — signifiaient qu’ici l’inconnu dominait. Bien que ces légendes soient fictives, leur signification est claire: l’océan recèle des mystères immenses. Dans un monde encore largement inexploré, l’imagination humaine et la réalité paléontologique peuvent coïncider, et certains monstres marins se révèlent réels, même s’il faut des dizaines ou des centaines de millions d’années pour le constater.

Le mot monstre est toutefois à manier avec prudence. Il ne s’agit pas ici de cryptides célèbres comme le monstre du Loch Ness; il s’agit principalement de reptiles fossiles du Mésozoïque, qui évoquent des prédateurs océaniques gigantesques. Parfois ces récits relèvent de la fiction, comme les menaces jumelles Scylla et Charybde dans l’Odyssée; d’autres fois, des histoires semblent crédibles mais recèlent en réalité des créatures inoffensives comme une simple tortue, par exemple au large des côtes écossaises en 1959. Et pourtant, certaines espèces faisaient partie des créatures les plus dangereuses à avoir foulé les mers, comme le mégalodon, un requin long de sept mètres ou plus.

Plus les fossiles se découvrent, plus il apparaît probable que d’autres prédateurs marins, autrefois répandus, restent encore à déterrer. Beaucoup pourraient être des pliosaures au cou puissant, des plesiosaures à long cou, ou des ichthyosaures au style de dauphin géant. Dans tous les cas, il est plus sûr pour les marins et les terriens que ces créatures n’existent plus aujourd’hui.

Traskasaura sandrae : d’énormes dents et un cou démesuré

Squelette monté d’un elasmosaur
Traskasaura sandrae, prédateur préhistorique au corps long et au cou flexible.

Si un marin d’autrefois avait rencontré Traskasaura sandrae en haute mer, il aurait probablement pris peur devant ce qui ressemblait à un monstre. En réalité, c’était une créature faite d’un corps de tortue dépourvue de carapace et d’un cou interminable, armé de rangées de dents effilées destinées à déchirer et à broyer. Heureusement, ce prédateur a fini par s’éteindre, et sa découverte est une rareté dans les archives des animaux marins préhistoriques.

Découverte en 1988 près de la rivière Puntledge, à l’est de l’île de Vancouver, Traskasaura sandrae mesurait environ 12 mètres de long, avec un cou d’au moins 50 vertèbres. Daté d’environ 85 millions d’années, à la fin de l’ère des dinosaures, il présentait une combinaison inhabituelle de traits évolutifs nouveaux et éprouvés. Il plongeait vers le fond pour surprendre sa proie, probablement des ammonites, et aurait écrasé leurs coquilles pour les avaler sans difficulté. Les recherches n’ont apporté une réponse solide que récemment, en 2023, lorsque les scientifiques ont conclu qu’il ne s’agissait pas seulement d’une nouvelle espèce d’élasmosaures, mais d’un genre propre, d’où le nom Traskasaura sandrae. Le squelette de l’animal est désormais exposé au Courtenay and District Museum and Paleontology Center sur l’île de Vancouver.

Plesionectes longicollum : Loch Ness à l’envers

Holotype squelettique de Plesionectes longicollum
Plesionectes longicollum, une version plus petite et moins terrifiante de Traskasaura, mais tout aussi dangereuse.

Autre membre des plesiosaures, Plesionectes longicollum était pourvu de nageoires lui permettant de nager et d’un long cou terminé par une multitude de dents acérées. Découvert il y a plusieurs décennies, il n’a reçu son nom qu’en 2025 — le fossile était si différent de ses congénères qu’il a fallu attendre pour le classifier comme une espèce à part entière. Longicollum, qui signifie « cou long proche du nageur », mesurait environ 3,2 mètres, avec un cou d’environ 1,2 mètre composé de 43 vertèbres. Daté d’environ 183 millions d’années, durant le Jurassique, il est nettement plus ancien que Traskasaura sandrae. On ne sait pas s’il est exposé; il est conservé dans un musée de Stuttgart, en Allemagne.

Ophiojura exbodi : horreur eldritch à bras tentaculaires

Ophiojura exbodi — horreur eldritch incarnée
Ophiojura exbodi, proche des étoiles de mer modernes mais avec des tentacules et des bouches à crocs multiples.

Pour varier les plaisirs, on peut sortir des longs cous pour s’intéresser à des horreurs plus eldritch. Ophiojura exbodi, proche des étoiles de mer actuelles mais nettement plus étrange, possède huit bras tentaculaires longs et humides, chacun se terminant par une bouche circulaire garnie de dents, et des épines qui sortent des bras pour aider le déplacement. Ses bras mesurent environ quatre centimètres chacun, ce qui limite l’effet facehugger des films, mais l’apparence demeure saisissante.

Ce cousin de l’étoile de mer est resté quelque part dans les profondeurs environ 488 mètres sous la surface au large de la Nouvelle-Calédonie, à l’est de l’Australie. Sa découverte remonte à 2011, mais son étude n’a été publiée qu’en 2021. L’ouvrage scientifique, publié par la Royal Society, a confirmé qu’Ophiojura exbodi n’était pas une curiosité isolée mais un représentant de la biodiversité abyssale bien plus ancienne que prévu.

Le pliosaur : le T‑Rex des mers

Squelette de pliosaur sur un mur
Le pliosaurus, le T‑Rex des mers.

Parmi les monstres des millénaires, le pliosaure occupe une place de célébrité. Considéré comme le T‑Rex des océans ou le Sea Rex, il a refait parler de lui en 2023 avec la découverte du crâne le plus préservé jamais trouvé. Ce crâne dépasse largement six pieds de long et ses 130 dents sont aussi longues que la paume d’un humain. Sa période de prédation remonte à environ 150 millions d’années, à la fin du Jurassique, et il pouvait croquer des proies avec une force de morsure estimée à 33 000 newtons, soit le double de la morsure d’un crocodile moderne et bien plus que celle d’un chien. Le crâne avait été trouvé au bord de la côte jurassique classée au patrimoine mondial en Grande-Bretagne, et la notoriété du pliosaure fut amplifiée par un documentaire sur la BBC en 2024, qui le présentait comme le prédateur marin ultime.

Ichthyotitan severensis : le plus grand prédateur de son époque

Ichthyotitan severensis fossile
Ichthyotitan severensis, le plus Grand des ichthyosaures de son temps.

À l’opposé des cols longs et des têtes serpentines des plesiosaures, les ichthyosaures arboraient des museaux fins similaires à des becs d’aigrettes et se déplaçaient comme des dauphins géants, ghiant l’air en surface comme des dauphins et possédant de grands yeux ronds. Ichthyotitan severensis est ainsi devenu le plus grand ichthyosaure jamais connu, mesurant environ 24 mètres de long et datant d’environ 201 millions d’années, à la fin du Triassique. Des amateurs passionnés, Justin et Ruby Reynolds, ont découvert en 2020 une mâchoire partielle en Somerset, en Angleterre, qui a convaincu les chercheurs que l’espèce était véritablement immense. L’étude publiée en 2024 a officiellement présenté Ichthyotitan severensis au monde, et les recherches se poursuivent encore. La mâchoire observée mesurait environ six pieds, une taille qui suffit à nourrir des récits de monstres marins, si quelqu’un avait pu les voir.

En résumé, ces découvertes récentes montrent que des prédateurs marins énormes ont longtemps hanté les océans, et que la science continue de lever le voile sur ces géants oubliés. Leur existence éclaire l’image même des mers préhistoriques et invite à repenser l’écosystème qui régnait il y a des dizaines de millions d’années.

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