Au 20 avril, les chiffres officiels indiquaient plus de 242 000 cas confirmés de coronavirus à New York uniquement, avec plus de 750 000 cas aux États-Unis. En Italie, le nombre dépassait les 178 000 cas confirmés. Pourtant, la Russie affichait un total de seulement 47 121 infections confirmées, un chiffre relativement bas pour une population de 146 millions d’habitants, comparable à celui de la Belgique, pays 13 fois moins peuplé.
Le représentant de la Russie auprès de l’Organisation mondiale de la santé, le Dr Melita Vujnovic, attribue ce succès apparent à une réaction précoce à l’échelle nationale. Dès janvier, la Russie avait mis en place des tests massifs sur les recommandations de l’OMS. « Le dépistage, l’identification des cas, le traçage des contacts, l’isolement, ce sont toutes des mesures proposées et recommandées par l’OMS, en place depuis le début », explique-t-elle, soulignant également l’adhésion rapide au confinement social.
Cependant, certains restent sceptiques face à ces chiffres étonnamment bas. La Russie a un passé entaché de controverses autour de la gestion des crises sanitaires, notamment avec l’épidémie de VIH/SIDA dans les années 1980 et la gestion de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl. L’opacité gouvernementale, souvent caractérisée par le minimisation des problèmes, alimente les doutes.
Des accusations ont même émergé, affirmant que des cas supplémentaires seraient volontairement masqués, certains patients étant diagnostiqués à tort avec des pneumonies. Ce soupçon de dissimulation des données contribue à l’incertitude quant à la fiabilité des statistiques officielles, malgré une reconnaissance internationale initiale du sérieux avec lequel la crise a été prise.
Les dernières semaines ont cependant vu une accélération rapide des cas. Le 19 avril a été enregistré comme le jour avec la plus forte augmentation quotidienne, dépassant les 6 000 nouvelles infections en une seule journée, portant le total au-delà des 40 000 cas. Face à ce regain, des mesures strictes de distanciation sociale ont été mises en place, accompagnées de la signature de lois durcissant les sanctions contre le non-respect des règles sanitaires, avec des peines pouvant aller jusqu’à sept ans de prison.
Cette rigueur, parfois critiquée, semble désormais nécessaire, notamment dans la région de Moscou où la majorité des cas sont concentrés. Le suivi attentif et l’application stricte des mesures visent à freiner la propagation du virus, alors que le pays doit composer avec une situation sanitaire plus complexe qu’annoncée initialement.