
Avez-vous déjà entendu parler de « l’internet » ? La blague sur le « cerveau humain qui rétrécit » semble presque évidente. Entre les théories farfelues, les défis viraux absurdes ou encore les croyances invraisemblables, certains comportements nous laissent perplexes et se demandant comment notre espèce a pu survivre jusqu’en 2022.
Pourtant, cette apparente diminution des capacités intellectuelles coïncide avec un phénomène réel : le cerveau humain diminue de taille depuis environ 3 000 ans. Contrairement aux idées reçues, ce rétrécissement ne signifie pas une baisse de l’intelligence. En effet, les êtres humains sont des créatures sociales, à l’instar des fourmis, et cette dépendance croissante à la société favorise une « intelligence collective ». Autrement dit, nos fonctions cognitives se répartissent entre les membres du groupe au lieu d’être concentrées chez l’individu seul. Ainsi, là où un seul homme ne pourrait pas abattre un mammouth ou construire un abri en milieu hostile, une trentaine pourrait y parvenir grâce à la coopération.
Cette idée est renforcée par des études scientifiques récentes sur l’évolution humaine, qui démontrent que ce n’est pas la taille du cerveau en elle-même qui détermine notre capacité intellectuelle. Par exemple, chez les animaux domestiques, des régions du cerveau liées aux mécanismes de survie sont réduites puisque ces fonctions sont allégées par leur environnementprotégé, sans pour autant affecter leur comportement social et adaptatif.
Un cerveau plus grand que celui des primates, mais en déclin

Il est vrai que l’humain possède le cerveau le plus volumineux parmi les primates, avec un volume allant de 1 131 à 1 274 centimètres cubes, composé de quelque 86 milliards de neurones et pesant environ 1,3 kilogramme de matière grise. Cette taille est trois fois plus importante que chez les gorilles ou les orangs-outans, espèces présentant une corpulence similaire.
La sagesse populaire associe souvent la grandeur du cerveau au succès évolutif de l’espèce. Mais cette vision est nuancée par le fait que les Néandertaliens, nos cousins disparus, avaient un cerveau plus volumineux que le nôtre, bien qu’ils se soient éteints il y a environ 40 000 ans. Selon les données paléoanthropologiques, la diminution progressive de notre volume cérébral a commencé autour de cette période, avec une réduction d’environ 10 % depuis lors.
Avant cela, la taille du cerveau humain avait constamment augmenté au fil des différentes espèces hominidées, depuis Australopithèque jusqu’à Homo erectus, témoignant d’une évolution complexe et non linéaire.
Pourquoi notre cerveau rétrécit-il ? Les explications scientifiques

Plusieurs hypothèses scientifiques expliquent cette tendance au rétrécissement cérébral :
- Intelligence collective: La spécialisation des rôles dans la société moderne rend superflue la connaissance approfondie de nombreuses compétences chez chaque individu. Par exemple, un technicien en informatique ne maîtrise pas les savoir-faire de survie que possède un chasseur-cueilleur, mais s’appuie sur l’expertise collective.
- Externalisation du savoir: Depuis des millénaires, l’humanité stocke ses connaissances à l’extérieur, d’abord par l’écrit, puis avec les technologies numériques. Aujourd’hui, il est moins nécessaire de mémoriser, par exemple, les propriétés des plantes ou leurs usages, car l’information est facilement accessible.
- Adaptation climatique: La fin de la dernière période glaciaire, il y a environ 10 000 ans, a entraîné une hausse des températures. Une taille corporelle plus petite, avec un crâne et un cerveau réduits, améliore la régulation thermique. Par ailleurs, la domestication des plantes a orienté les activités et le développement cérébral vers d’autres fonctions.
- Moins d’agressivité: À l’instar des animaux domestiqués, la réduction du cerveau pourrait être liée à une évolution vers des comportements sociaux moins agressifs, favorisant la coopération au sein des communautés.
- Sélection à la naissance: Un crâne plus petit facilite l’accouchement, rendant la survie des nouveau-nés plus probable et limitant les complications lors de la naissance.
En résumé, le rétrécissement du cerveau humain ne relève pas d’une perte d’intelligence, mais d’une transformation adaptative selon les exigences sociétales, environnementales et biologiques de notre espèce.
