Le panda géant est devenu l’emblème du Fonds mondial pour la nature (WWF) depuis sa création en 1961. Au-delà de son statut d’espèce menacée, c’est son apparence irrésistiblement mignonne, sa silhouette ronde et son allure câline qui séduisent. Sa couleur noire et blanche caractéristique est bien connue, mais c’est surtout son corps imposant et arrondi qui intrigue les scientifiques.
Cette corpulence étonnante semble paradoxale à première vue : le panda est strictement végétalien et se nourrit presque exclusivement de bambou, consommant entre 12 et 38 kilogrammes par jour selon les parties de la plante disponibles. Pourtant, les mâles sauvages peuvent atteindre jusqu’à 160 kilogrammes. Comment expliquer une telle taille avec un régime aussi pauvre en énergie ? La réponse se trouve dans les changements de leur microbiote intestinal.
Des chercheurs de l’Institut de zoologie de l’Académie chinoise des sciences, en étudiant des pandas dans les montagnes Qinling, ont révélé que les différentes parties du bambou consommées influencent leur métabolisme. Les nouvelles pousses de bambou, riches en protéines, sont disponibles principalement au printemps et en été, ce qui favorise une prise de poids notable à ces périodes.
Cette étude, rapportée par le South China Morning Post, souligne le rôle crucial d’une bactérie intestinale appelée Clostridium butyricum. Cette bactérie, abondante chez les pandas, aide à stocker les graisses lorsque les pandas consomment surtout des feuilles de bambou, plus pauvres en nutriments, durant les mois où les pousses ne sont pas disponibles.
Selon Guangping Huang, co-auteur de la recherche, cette découverte établit un lien de cause à effet entre la composition du microbiote intestinal des pandas et leur morphologie, ce qui n’avait jamais été démontré auparavant. Une expérience menée par l’équipe dirigée par Fuwen Wei a même montré que des souris recevant un transfert fécal de microbiote panda et un régime similaire prenaient elles aussi du poids. Ce dernier souligne l’importance de comprendre quelles bactéries sont bénéfiques, ouvrant la voie à de futurs traitements probiotiques pour certaines maladies.