Science
Les cigales arrivent ! Comme l’a souligné ABC News, l’année 2021 s’annonce exceptionnelle pour ces insectes bruyants et fascinants. Ces créatures sont célèbres pour leurs cycles de vie atypiques, passant souvent une décennie ou plus sous terre avant d’émerger pour vivre quelques semaines en surface. Durant cette phase finale, elles produisent un vacarme intense dans l’espoir d’attirer un partenaire avant la fin de leur cycle de vie.
Les cigales occupent une place importante dans les traditions depuis des siècles. En Asie, elles symbolisent la réincarnation, tandis que dans la Grèce antique, elles étaient associées à l’immortalité. En Amérique du Nord, certains récits populaires leur prêtent le rôle de signe annonciateur d’un hiver précoce.
La science des insectes, ou entomologie, reste complexe et mal connue du grand public, ce qui nourrit mystère et incompréhension autour des cigales. Par ailleurs, le changement climatique perturbe leurs habitats naturels, modifiant potentiellement de manière irréversible ces cycles de vie méticuleusement réglés depuis des millions d’années.
Contrairement à l’idée reçue, toutes les cigales ne suivent pas un cycle de 17 ans. Cette règle ne s’applique qu’à une minorité d’espèces. En réalité, on dénombre plus de 3 000 espèces de cigales, la plupart émergent annuellement. Seule une petite catégorie, appelée cigales périodiques, disparaît sous terre pendant plusieurs années avant de réapparaître en masse.
De plus, ces cigales périodiques ne suivent pas toutes un cycle identique : certaines vivent selon un cycle de 13 ans, d’autres de 17 ans, et elles se rencontrent uniquement en Amérique du Nord à l’est des Grandes Plaines.
Les cigales périodiques se regroupent en « battues », un peu comme les lions en « troupes » ou les dauphins en « bancs ». Chaque battue suit son propre calendrier d’émergence. Ainsi, chaque année, une ou plusieurs battues spécifiques émergent dans différentes régions de l’Est et du Midwest des États-Unis.
En 2021, la battue X, aussi appelée la Grande Battue de l’Est, est la plus importante, couvrant notamment Delaware, Géorgie, Illinois, Indiana, Kentucky, Maryland, Michigan, Caroline du Nord, New Jersey, New York, Ohio, Pennsylvanie, Tennessee, Virginie, Virginie-Occidentale et Washington D.C. Les amateurs peuvent donc profiter des chants de ces cigales entre fin mai et juin.
Cependant, ceux vivant dans le Sud devront attendre la prochaine apparition de la battue XIX en 2028.
Ces insectes ne se contentent pas d’être bruyants, ils sont en réalité les plus sonores parmi les insectes détectables par l’oreille humaine. Leur chant est produit grâce à des organes appelés tymbales, qui vibrent et sont amplifiés par leur corps.
Lorsque des centaines voire des milliers de cigales chantent en même temps, le volume peut atteindre 120 décibels, soit l’équivalent sonore d’un moteur à réaction. Ce niveau sonore est proche du seuil de douleur pour l’oreille humaine. Pour se protéger de cette cacophonie, les cigales ont même développé des mécanismes d’adaptation à leur propre bruit.
Outre l’attraction des partenaires, le chant joue un rôle défensif en repoussant certains prédateurs comme les oiseaux, en perturbant leur communication et leur chasse groupée.
Malgré l’expression « invasion de cigales », ces insectes ne représentent aucun danger direct pour l’homme. Bien qu’ils ressemblent aux criquets, qui peuvent causer de graves dégâts agricoles, les cigales ne mordent ni ne piquent. Elles préfèrent éviter tout contact avec d’autres animaux lorsqu’elles ne se sentent pas menacées.
En revanche, les propriétaires d’animaux domestiques doivent rester vigilants : certains chiens curieux peuvent vouloir manger des cigales et risquent d’avoir des troubles digestifs, même si ces insectes sont non toxiques.
Par ailleurs, certaines espèces annuelles, appelées « cigales des jours de chien », sont au cœur de croyances populaires selon lesquelles leur apparition annoncerait la première gelée d’hiver six semaines plus tard.
Le fragile équilibre naturel qui régule les cycles de vie des cigales, notamment ceux des cigales périodiques, est cependant menacé par le changement climatique. En 2017, l’écologue Chris Evans relatait dans The Washington Post avoir entendu un brouhaha de cigales dans une zone où elles n’étaient pas censées apparaître avant plusieurs années. Ce phénomène, déjà documenté scientifiquement depuis 1969, se répète et semble lié aux effets du réchauffement global.
Si ces fluctuations surprennent, elles témoignent des adaptations en cours face aux altérations des habitats causées par l’activité humaine, modifiant profondément le comportement et la biologie de ces insectes emblématiques.