Les origines troubles du financement du prix Nobel

Le prix Nobel est une distinction prestigieuse, décernée dans les domaines de la physique, de la chimie, de la médecine, de la littérature, de la paix et de l’économie. Parmi ses lauréats célèbres figurent Albert Einstein et Marie Curie. Cependant, derrière ce symbole d’excellence, l’histoire du prix Nobel révèle une face sombre et controversée.
À l’origine de ce prix se trouve Alfred Nobel, ingénieur et chimiste suédois de renom, dont le nom est à jamais lié à la promotion des grandes avancées scientifiques. Pourtant, le legs d’Alfred Nobel est beaucoup plus complexe, empreint de paradoxes et d’une origine financière controversée.
Le prix récompense souvent des figures majeures dont les découvertes ont enrichi la connaissance humaine. Mais il fut aussi attribué à des inventeurs comme Nils Gustaf Dalen, qui améliora modestement le fonctionnement des phares. Outre la reconnaissance symbolique, le prix est accompagné d’une importante récompense financière.
Un prix de la paix financé par les explosifs

La somme versée aux lauréats a évolué avec le temps : en 1901, lors de la première remise des prix, l’enveloppe était de 150 782 couronnes suédoises, ce qui équivaut aujourd’hui à environ un million de dollars. Cette richesse provient directement de la fortune d’Alfred Nobel, une fortune bâtie sur des activités très controversées.
Alfred Nobel fit fortune comme ingénieur chimiste, notamment grâce à ses travaux sur la nitroglycérine et au développement d’un détonateur stabilisant cet explosif extrêmement dangereux. Son expérience dans la fabrication d’armes explosives pendant la guerre de Crimée contribua à son immense succès financier, bien que marqué par des tragédies, notamment un accident industriel qui coûta la vie à son frère Emil en 1864.
Ces explosifs, ancêtres de ceux encore utilisés dans les conflits contemporains, sont à l’origine de la fortune que Nobel légua pour fonder les prix qui portent son nom. Ce paradoxe met en lumière une figure ambivalente : un philanthrope désireux d’encourager les avancées humaines, mais aussi un industriel dont les innovations ont engendré destruction et mort.
Surnommé à tort « le marchand de la mort » par un journal confondant sa personnalité avec celle de son frère Ludvig, Alfred Nobel incarne à lui seul ce mélange singulier de génie scientifique et de lourde héritage moral.
