La désignation d’un nouveau pape, chef spirituel de l’Église catholique, s’inscrit dans une tradition ancienne, où mystère et rigueur cohabitent. Bien que l’ensemble du processus se déroule en grande partie dans le secret, les méthodes employées pour élire le souverain pontife sont devenues au fil des siècles de plus en plus formalisées et transparentes.
Techniquement, tout homme catholique romain peut être élu pape. Toutefois, depuis 1379, seuls des membres du Collège des cardinaux — le corps le plus élevé de la hiérarchie ecclésiastique — sont choisis. Ces cardinaux sont généralement des évêques ou archevêques nommés par le pape en fonction de leur rôle tant dans le monde qu’au Vatican.
Si la majorité des papes exercent leur mandat jusqu’à leur décès, le cas du pape Benoît XVI, qui a démissionné en 2013, demeure exceptionnel. Il s’agit de la première abdication papale depuis 1415, époque où Grégoire XII avait renoncé à sa charge. Selon le droit canonique, une démission doit être librement donnée et clairement exprimée ; elle n’a besoin d’aucune acceptation formelle pour être effective.
Quel que soit le contexte, une fois la papauté vacante, tous les cardinaux âgés de moins de 80 ans se rendent à Rome pour élire leur successeur.
Le conclave, cœur du choix des papes
Le conclave débute dès la réunion des cardinaux, limitée à un maximum de 120 électeurs. La cérémonie s’ouvre par une messe solennelle à la Basilique Saint-Pierre, avant que les prélats ne se rendent en procession à la Chapelle Sixtine, lieu sacré du vote.
Pendant la durée du conclave, les cardinaux demeurent cloîtrés au Vatican, totalement isolés du monde extérieur. Afin de garantir la confidentialité des échanges, des contrôles minutieux sont effectués pour éliminer tout dispositif de surveillance. Tout cardinal surprit en train de divulguer des informations sous peine d’excommunication.
Dans la Chapelle Sixtine, chaque cardinal reçoit un bulletin sur lequel figure la phrase latine « Eligio in Summum Pontificem », signifiant « J’élis le souverain pontife ». Ils inscrivent ensuite le nom de leur candidat, sans pouvoir se porter eux-mêmes candidats. Les bulletins, pliés, sont déposés dans un calice selon l’ordre d’ancienneté.
Un code coloré pour annoncer la décision
L’élection requiert une majorité des deux tiers pour qu’un candidat soit élu pape. Si celle-ci n’est pas atteinte, plusieurs tours de scrutin, jusqu’à quatre par jour, sont organisés, entrecoupés de pauses après cinq jours consécutifs.
Résultat des votes et suspense sont annoncés par un signal bien connu : la fumée s’échappant de la cheminée de la Chapelle Sixtine.
- Fumée noire : désigne une élection infructueuse, les bulletins brûlés avec un produit chimique pour produire cette couleur.
- Fumée blanche : confirme que le nouveau pape est choisi, et est accueillie par l’exultation des fidèles du monde entier.
Moins d’une heure après la fumée blanche, l’heureux élu apparaît sur le balcon de la basilique avec la proclamation latine « Habemus Papam », signifiant « Nous avons un pape ». Le nouvel évêque de Rome prononce un bref discours de bénédiction, avant sa cérémonie formelle d’intronisation quelques jours plus tard.
