
Les événements du 6 janvier 2021 resteront gravés comme l’une des périodes les plus sombres de la politique américaine. Cela soulève une question essentielle : le Capitole des États-Unis a-t-il déjà subi une violation de sécurité d’une telle ampleur, permettant à une foule de s’y introduire ? La réponse est oui, à plusieurs reprises. Ce bâtiment emblématique a traversé des épisodes de violence tout au long de ses siècles d’existence.
Il y a 220 ans, lors de la Guerre de 1812, les troupes britanniques envahirent Washington. Comme le rappelle History, elles pillèrent puis incendièrent le Capitole, la Maison Blanche et la Bibliothèque du Congrès. Un orage sauva finalement ces bâtiments de la destruction totale, et heureusement, le Congrès n’était pas en session à ce moment-là.
Vingt ans plus tard, une tentative d’assassinat visait le président Andrew Jackson. Alors qu’il quittait le Capitole, Richard Lawrence braqua son pistolet sur lui. L’arme échoua à tirer, permettant à Jackson et aux témoins présents de maîtriser l’assassin, comme l’explique National Geographic.
Par ailleurs, en 1856, le débat houleux sur l’esclavage déboucha sur un épisode violent. Lors d’un discours, le sénateur abolitionniste Charles Sumner qualifia certains de ses collègues de complices du mal. Offensé, le représentant de Caroline du Sud, Preston Brooks, entra dans l’hémicycle et asséna à Sumner de violents coups de canne, mettant en lumière les tensions politiques extrêmes de l’époque.

Le Capitole fut également la cible d’attentats à la bombe. Pendant le week-end du 4 juillet 1915, Erich Muenter, un ancien professeur, fit exploser trois bâtons de dynamite dans la salle de réception du Sénat. Aucune victime ne fut à déplorer car le Congrès était en pause. Muenter avait précédemment commis un meurtre et tenta par la suite d’assassiner le financier J.P. Morgan.
Les décennies suivantes ne furent pas épargnées : en 1971, le groupe anti-guerre Weather Underground fit exploser une bombe dans les toilettes du Sénat, causant des dégâts importants sans faire de victime. En 1983, une autre bombe fit dérailler la porte d’un bureau sénatorial, sans entraîner de blessés.
Le 1er mars 1954 constitue l’un des épisodes les plus violents. Quatre individus pénétrèrent dans la chambre des représentants armés. Saisissant des armes à feu grâce à une sécurité moins stricte, ils ouvrirent le feu, blessant cinq membres du Congrès. Ils déployèrent un drapeau portoricain en criant « Liberté pour Porto Rico », attirant l’attention sur le mouvement indépendantiste de ce territoire, annexé par les États-Unis en 1898.

Ce lieu reste une cible sensible dans l’ère moderne. Lors du 11 septembre 2001, le vol 93 avait pour objectif d’atteindre le Capitole avant que les passagers prennent le contrôle, provoquant le crash en Pennsylvanie.
En 1998, un homme parvint à franchir la sécurité et tira sur deux policiers, blessant plusieurs personnes en se dirigeant vers le bureau du représentant Tom DeLay. Ce sont les premières victimes civiles honorées par une mise en bière solennelle au Capitole.
Plus récemment, en 2013, Miriam Carey tenta de pénétrer à la fois dans les enceintes de la Maison Blanche et du Capitole. Après avoir été stoppée devant la Maison Blanche, elle prit la fuite en voiture avant de percuter les barrières du Capitole, où elle fut mortellement blessée par les forces de l’ordre. Son enfant d’un an, présent sur la banquette arrière, fut indemne.
Enfin, en 2016, un homme fut arrêté après avoir pointé une arme factice sur la sécurité du centre des visiteurs du Capitole, soulignant que les risques d’intrusions subsistent.
