La forêt, un refuge sûr malgré la peur nocturne

par Olivier
0 commentaire
A+A-
Reset
La forêt, un refuge sûr malgré la peur nocturne
France

La nuit la plus courte de l’année, celle du 21 juin, coïncide avec le solstice d’été. Ce phénomène astronomique marque le moment où le soleil atteint sa distance maximale par rapport à l’équateur, offrant aux habitants de l’hémisphère nord le plus long jour de l’année. Cette année, cette journée s’annonce exceptionnellement chaude, avec des températures ressenties dépassant les 40 °C.

Face à une telle chaleur, la forêt apparaît comme le refuge climatique le plus efficace pour trouver un peu de fraîcheur. Couvrant 32 % du territoire métropolitain, elle joue un rôle important en compensant environ 9 % des émissions de gaz à effet de serre. La forêt invite à la promenade à l’ombre, mais suscite aussi une certaine peur à la tombée du jour. Depuis l’enfance, la forêt est souvent associée à des peurs profondes : loups, créatures mystérieuses, scènes d’horreur popularisées par le cinéma… Pourtant, elle pourrait bien être l’un des endroits les plus sûrs la nuit.

La peur du noir, une peur ancestrale

Ce n’est pas tant la nuit elle-même qui effraie, mais l’obscurité. Cette peur du noir fait partie du développement naturel de nombreux enfants et trouve ses racines dans une protection ancestrale. Avant la maîtrise du feu, la nuit était synonyme de danger, le moment où il fallait se cacher pour éviter les prédateurs. Privé de la vue, l’homme se sent vulnérable, car la vision est son sens principal pour détecter les menaces. L’obscurité active ainsi d’autres peurs, anticipant la présence d’araignées, de serpents, ou de loups, alors même que le risque d’attaque est très faible.

Dans la forêt, cette peur de l’obscurité se trouve renforcée par la multiplication des ombres, des cachettes et des bruits ambiants – vent, pluie, déplacements d’animaux. Privés de la vue, les sens s’affinent et alertent au moindre bruit, amplifiant la sensation d’insécurité. Cependant, avec le temps, on s’habitue à cet environnement particulier.

Entre calme et agitation, une nuit en forêt

L’expérience nocturne en forêt est unique. L’absence de repères visuels et la densité des arbres peuvent impressionner, tout comme la possibilité de s’y perdre pendant des jours contrairement à la montagne ou au bord de mer.

Un ancien forestier devenu consultant décrit cette dualité : la forêt est à la fois un lieu de calme profond et un espace où s’agitent de nombreux animaux. Cette coexistence crée un rythme singulier, où l’accalmie peut être brusquement interrompue par une cacophonie d’agitations nocturnes.

La photographe animalière Pauline Lara, qui documente ces instants, confie que la nuit provoquait chez elle au début un mélange de peur et de vigilance accrue. L’absence de lumière oblige à une plus grande prudence. Pourtant, à force de passer du temps en forêt la nuit, elle a appris à surmonter ses craintes. Les animaux sauvages ont un comportement moins méfiant à la nuit tombée : chevreuils et blaireaux peuvent rester immobiles face à elle, ce qui ajoute une dimension presque apaisante à cette coexistence nocturne.

Photographie nocturne en forêt par Pauline Lara

Loin des dangers, mais pas des risques humains

L’éloignement croissant de l’homme avec la nature engendre une peur persistante de la forêt, vue désormais comme un milieu inconnu et donc potentiellement dangereux. Pourtant, la psychologue Virginie Sotin rappelle que ces peurs sont souvent exagérées et héritées d’une époque où l’homme était proie. Aujourd’hui, les dangers dans la forêt sont quasi inexistants, surtout si l’on reste sur des sentiers balisés.

Dans l’histoire, de nombreuses personnes ont donc arpenté la forêt de nuit : pèlerins cherchant à fuir la chaleur diurne ou soldats évitant d’être repérés, avec une sécurité généralement assurée.

Cependant, le vrai danger reste souvent humain. La photographe Pauline Lara relate ses rares moments de peur, liés à la présence d’autres personnes. En effet, près des zones urbaines, la forêt peut parfois être le théâtre d’activités troubles telles que trafics, squats, prostitution, ou autres rencontres. Des crimes sordides, bien que rares, alimentent la peur collective, d’autant que la forêt est un lieu propice à la discrétion.

Malgré cela, la forêt demeure statistiquement l’un des endroits les plus sûrs en France. La probabilité de rencontrer quelqu’un, bonne ou mauvaise rencontre, y est limitée dans la majeure partie des cas. Une nuit en forêt promet donc avant tout un retour à la nature, entre biodiversité et calme, loin des tumultes de la ville.

Suggestions d'Articles

Laisser un Commentaire