Le pays réputé pour sa liberté est paradoxalement aussi celui qui incarcère le plus au monde. Selon des données de Statista de juillet 2019, les États-Unis comptaient environ 655 détenus pour 100 000 habitants, soit près de 100 de plus que le Turkménistan, un État policier où la peur règne face à la répression des opposants par les services secrets, selon le Guardian. Ces chiffres, choquants, rappellent la sévérité extrême du système judiciaire américain dans un passé récent.
Jusqu’en 2005, l’exécution des mineurs était légale aux États-Unis. La décision de la Cour suprême dans l’affaire Roper v. Simmons a mis fin à cette pratique en jugeant que condamner à mort des personnes âgées de moins de 18 ans constituait un châtiment cruel et inhabituel, ce qui violait le huitième amendement. Cette décision a annulé l’arrêt antérieur Stanford v. Kentucky de 1989, qui autorisait la peine capitale pour des adolescents de 16 ans. Pourtant, en remontant plus loin dans l’histoire, on constate que certains enfants plus jeunes ont été condamnés à mort.

La plus jeune personne jamais condamnée à mort n’a été exécutée qu’à l’âge adulte. Fin XIXe siècle, James Arcene, un enfant cherokee de 10 ans, fut accusé d’une participation à un meurtre-raid et condamné à mort. Après treize années de cavale, il fut pendu en 1885. La plus jeune fille condamnée à mort, et peut-être la plus jeune jamais exécutée, était Hannah Ocuish, une enfant amérindienne de 12 ans. En lien avec le meurtre brutal d’une fillette de 6 ans dans le Connecticut, elle fut interrogée sous pression, devant le corps de la victime. Hannah, probablement souffrante d’un handicap mental, versa des larmes et donna une confession sous contrainte. Elle fut pendue en 1786.
Au XXe siècle, le plus jeune enfant exécuté fut George Stinney Jr., un garçon noir de 14 ans originaire du Sud ségrégué sous Jim Crow. En 1944, il fut accusé du meurtre de deux fillettes blanches dont les corps avaient été découverts dans le quartier noir d’Alcolu, en Caroline du Sud. Aucun élément matériel ne fut présenté au procès, mais il est largement admis que la police força George à confesser. Le jury, exclusivement blanc, mit moins de dix minutes à le condamner à la chaise électrique. En 2014, la justice de Caroline du Sud a finalement reconnu son innocence.
