Pourquoi la pandémie de 1918 est-elle appelée grippe espagnole ?

par Olivier
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Pourquoi la pandémie de 1918 est-elle appelée grippe espagnole ?
États-Unis, Espagne

La guerre mondiale contre la vérité


Victimes de la grippe de 1918

Pour comprendre pourquoi la pandémie de 1918 est restée dans les mémoires sous le nom de « grippe espagnole », il faut d’abord revenir aux premiers foyers signalés et au contexte géopolitique de l’époque. Les recherches indiquent que l’épidémie a très probablement commencé dans le comté de Haskell, au Kansas, plutôt qu’en Espagne (Journal of Translational Medicine).

Dans ce comté, entre janvier et février 1918, des personnes en apparence robustes furent subitement terrassées par une maladie qui évoluait souvent en pneumonie mortelle. Le médecin local, le Dr Loring Miner, alerta les autorités sanitaires, inquiet de la gravité inhabituelle de l’épidémie.

Parallèlement, une épidémie sévère frappa le camp militaire de Funston (aujourd’hui Fort Riley) dans le Kansas. Selon des rapports contemporains, plusieurs milliers de soldats furent touchés et des dizaines périrent; des contingents formés dans ces camps partirent ensuite pour l’Europe, contribuant à la diffusion du virus sur le continent (Clinical and Infectious Diseases, rapport de presse).

  • Janvier–février 1918 : foyer majeur dans le comté de Haskell (Kansas).
  • Début 1918 : poussée au camp Funston, propagation parmi les troupes.
  • Six à huit mois plus tard : flambée épidémique en Europe, coïncidant avec le mouvement massif de soldats.


Épidémie de grippe de 1918

La raison pour laquelle le nom « grippe espagnole » s’est imposé tient davantage à la guerre des impressions qu’à l’épidémiologie. Pendant la Première Guerre mondiale, de nombreux gouvernements censurèrent ou minimisèrent les informations susceptibles d’altérer le moral et l’effort de guerre.

Aux États-Unis comme dans d’autres pays belligérants, la presse réduisit au silence ou minimisa la portée de l’épidémie afin d’éviter tout impact négatif sur l’opinion publique (National Academy of Sciences). À l’inverse, l’Espagne, neutre pendant le conflit, conserva une presse relativement libre qui put rendre compte ouvertement de la gravité de l’épidémie sur son territoire.

Parce que la presse espagnole fut parmi les premières à rapporter largement les ravages du virus tandis que d’autres nations restaient discrètes, le public international en vint à associer la pandémie à l’Espagne. Cette étiquette — « grippe espagnole » — reflète donc davantage la dynamique de l’information en temps de guerre que l’origine réelle du virus (The Guardian).

En résumé, l’appellation populaire résulte d’une conjonction d’éléments : foyers précoces documentés aux États-Unis, déplacement massif de troupes vers l’Europe, et censure de guerre qui empêcha une représentation fidèle de l’ampleur de la catastrophe dans plusieurs pays.

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