Parcours et fin de Benedict Arnold

Benedict Arnold reste, pour beaucoup, l’emblème du traître aux États-Unis — son nom est entré dans le langage courant pour désigner la trahison. Né dans le commerce, notamment dans les produits pharmaceutiques, il soutint tôt son père, décrit comme un alcoolique dépressif. À 16 ans, en 1757, il s’engagea dans la milice pour combattre les Français au service de l’Angleterre, puis connut un certain succès comme homme d’affaires.
Politique et militaire, Arnold rejoignit les Sons of Liberty et se fit connaître par son hostilité aux taxes anglaises, résumée par le slogan «no taxation without representation». Il commença la Révolution américaine comme capitaine de milice et se distingua notamment en participant à la prise du fort Ticonderoga. Malgré ces réussites, il se sentit souvent lésé sur les promotions et les responsabilités.
Points marquants de sa carrière militaire :
- Capture de Fort Ticonderoga, geste d’éclat mais source de rivalités.
- Refus ou omission de lui confier le commandement d’une invasion du Canada, puis blessure lors d’une seconde tentative où il perdit une partie de l’usage de la jambe.
- Commandement de Philadelphie, rencontre et mariage avec Peggy Shippen — événement qui changea radicalement son destin.
Après son mariage, des liens se tissèrent entre Peggy Shippen et John André, l’agent britannique. Arnold communiqua pendant un temps des renseignements à André et, une fois nommé à la tête du fort de West Point, commença à en affaiblir délibérément les défenses — retardant les réparations et surchargeant les troupes par des manœuvres inutiles. La découverte de cette conspiration entraîna la capture d’André, qui fut pendu, et la fuite d’Arnold et de son épouse vers les lignes britanniques.
Les Britanniques payèrent Arnold et l’accueillirent, mais sans jamais lui accorder une confiance totale. Il tenta ensuite d’obtenir des postes d’autorité au sein de l’armée britannique ou de la Compagnie des Indes orientales, sans grand succès. Sa fin ne fut ni glorieuse ni spectaculaire :
- Son état de santé déclina progressivement, aggravé par ses blessures de guerre.
- Il souffrit de ce qu’on appelait alors la «dropsy» — aujourd’hui identifié comme un œdème important lié à une rétention de liquide.
- Il mourut à 60 ans et fut inhumé à Londres.
Peggy Shippen, vingt ans plus jeune que lui, mourut d’un cancer environ trois ans après son mari. L’histoire de Benedict Arnold reste un mélange de prouesses militaires, de ressentiment personnel et de trahison, qui explique pourquoi son nom est durablement associé à la perfidie dans la mémoire collective.
