Hygiène dentaire dans le Far West

Poursuivant notre exploration des pratiques quotidiennes du Far West, il est tentant de se demander si les cowboys prenaient soin de leurs dents. Les premières traces d’une forme de brossage remontent à l’Empire babylonien, il y a environ 5 000 ans, et des préparations ressemblant à du dentifrice apparaissent dès l’Égypte antique. Pourtant, ces savoirs anciens n’étaient guère accessibles aux hommes des grandes plaines.
Un rapide repérage historique montre que l’hygiène dentaire moderne s’est mise en place progressivement :
- En Europe, le nettoyage des dents à l’aide d’un outil devient plus répandu au XVIIe siècle.
- La fabrication de brosses à dents débute en Angleterre au XVIIIe siècle, puis se diffuse lentement ailleurs.
- Aux États-Unis, les brosses à dents restent peu communes jusqu’à la fin du XIXe siècle, coïncidant avec le déclin des grandes transhumances bovines.
- Les pâtes ressemblant à du dentifrice existent au début du XIXe siècle, mais le tube de dentifrice n’apparaît qu’en 1873.
- Les soies de nylon pour brosses n’ont été produites en masse qu’en 1938 ; la brosse électrique arrive encore plus tard.

Dans les faits, le brossage régulier des dents n’était pas une habitude répandue aux États-Unis avant le XXe siècle. Les bilans de santé des recrues pendant la Première Guerre mondiale mettent en lumière un véritable problème de caries et d’édentement considéré comme un enjeu de santé publique.
Pour les cowboys, souvent peu instruits, pauvres et accaparés par un travail exigeant, l’hygiène bucco-dentaire quotidienne faisait rarement partie des priorités. Les témoignages d’époque évoquent des dents abîmées ou noircies par le tabac et le café, ce qui explique en partie l’absence fréquente de sourire sur les photographies anciennes.
Quand une brosse existait, elle pouvait être collective — suspendue dans les relais de diligence ou les lieux de repas publics et utilisée par quiconque souhaitait se nettoyer les dents. En somme, pour beaucoup d’habitants du Far West, le brossage était l’exception plutôt que la règle.
En transition vers la suite, cette réalité sanitaire éclaire aussi les pratiques sociales et les représentations visuelles de l’époque, où la santé dentaire laisse des traces visibles dans les portraits et les récits.
