Le sort du fils de Rudyard Kipling

Rudyard Kipling demeure une figure centrale de la littérature britannique : journaliste, romancier et nouvelliste, il a laissé des œuvres marquantes telles que Le Livre de la jungle, Kim, Gunga Din ou L’Homme qui voulut être roi. Ayant grandi en Inde et y étant retourné comme correspondant, il a puisé dans les contes populaires et les récits de soldats pour nourrir son œuvre, qui lui valut le prix Nobel de littérature en 1907.
Kipling fut aussi un ardent défenseur de l’Empire britannique et un fervent soutien des troupes envoyées au combat. Lorsque la Première Guerre mondiale éclata, il multiplia les actions en faveur de l’effort de guerre : aides aux blessés, visites sur le front et reportages. Dans ce contexte, il voulut coûte que coûte que son unique fils serve comme officier — un rôle qu’il n’avait lui‑même jamais exercé.
Le destin de John Kipling

John Kipling désirait servir, mais sa très forte myopie le fit d’abord rejeter par l’Armée et la Marine. Grâce à des relations influentes de son père, il obtint néanmoins une commission de sous‑lieutenant dans les Irish Guards en 1914, à l’âge de 17 ans. Très jeune officier, il se retrouva plongé dans l’enfer des combats lors de la bataille de Loos.
Le bilan de cette offensive fut lourd et sans gains territoriaux : plus de 50 000 pertes britanniques, plus du double de celles de l’ennemi. John Kipling fut l’une de ces pertes. Officiellement déclaré blessé puis porté disparu, son sort plongea ses parents dans une angoisse et une quête de réponses qui durera toute la vie de Rudyard Kipling.
- Rejeté initialement pour raisons médicales, John obtient une commission grâce à l’influence paternelle.
- En 1915, il participe à la bataille de Loos où il est porté disparu.
- Ses parents fouillent hôpitaux et rapports, interrogent des camarades survivants sans jamais obtenir de certitude.
- La possible identification de ses restes n’intervient qu’en 1992 et reste sujette à débat.
- La disparition de John marquera profondément Rudyard Kipling, décédé en 1936.
Cette histoire illustre à la fois la ferveur patriotique de l’époque et le poids des pertes personnelles infligées par la Grande Guerre, un thème qui hantera durablement la mémoire familiale et littéraire des Kipling.
