Aaron Kosminski, le véritable Jack l’Éventreur ? Analyse historique

par Olivier
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Aaron Kosminski, le véritable Jack l'Éventreur ? Analyse historique
Royaume-Uni

Aaron Kosminski, un suspect historique

Pour situer cette piste dans le fil de l’enquête, rappelons que les meurtres de Whitechapel ont longtemps fasciné historiens et amateurs de true crime. Les suspects identifiés au fil des ans vont du vagabond à des figures de la haute société, et l’affaire demeure l’une des plus célèbres énigmes criminelles du XIXe siècle.

Homme marchant dans une rue sombre Shutterstock

Une piste récente mise en avant par des amateurs d’énigmes repose sur des analyses d’ADN censées relier un immigrant polonais juif nommé Aaron Kosminski aux crimes. Mais cette hypothèse soulève autant de questions qu’elle prétend en résoudre.

Kosminski figure parmi les suspects dès l’enquête initiale. Au milieu du XXe siècle, un mémo de Sir Melville Macnaghten — alors assistant du chef de la police londonienne — a été mis au jour et y nomme trois suspects, dont un individu identifié seulement comme « Kosminski ». Selon ce mémo, Kosminski « …devenu fou par de longues années d’indulgences solitaires. Il avait une grande haine des femmes, spécialement de la classe des prostituées, et de fortes tendances homicidaires… ». (Voir le résumé historique : jack-the-ripper.org.)

Les preuves avancées et les doutes

Une une de journal sur Jack the Ripper Express Newspapers/Getty Images

Les éléments présentés contre Kosminski reposent principalement sur une découverte de 2007 : un châle acquis aux enchères et présenté comme ayant été retrouvé près du corps de Catherine Eddowes, la quatrième victime couramment attribuée à Jack l’Éventreur. Cet artefact a été soumis à des tests génétiques par Jari Louhelainen et David Miller, comparant l’ADN mitochondrial extrait du tissu à celui de descendants vivants attribués à Kosminski.

Les conclusions, utilisées par l’auteur Russell Edwards pour fonder son ouvrage Naming Jack the Ripper (2014), ont ensuite été publiées dans un article de 2020 dans le Journal of Forensic Investigations : https://onlinelibrary.wiley.com/doi/pdf/10.1111/1556-4029.14038.

  • Arguments en faveur : correspondances alléguées d’ADN mitochondrial entre le châle et des descendants supposés de Kosminski, interprétées comme un lien direct avec l’une des scènes de crime.
  • Objections scientifiques : l’article de 2020 ne publie pas les séquences génétiques détaillées, ce qui a suscité des réserves de spécialistes en ADN mitochondrial. Le chercheur Walter Parson a notamment exprimé son étonnement face à l’absence de présentation complète des résultats (Science Magazine).
  • Doutes sur la provenance : des historiens du dossier soulignent l’absence de preuve documentaire liant le châle à Kate Eddowes, et le fait que l’étoffe a été manipulée pendant plus d’un siècle par de nombreuses personnes rend toute conclusion incertaine (Smithsonian Magazine).

En somme, malgré les affirmations publiques selon lesquelles l’énigme serait « définitivement résolue », les réserves méthodologiques et la fragilité de la chaîne de possession du châle laissent subsister un doute important. L’assimilation d’Aaron Kosminski à Jack l’Éventreur n’est donc pas établie de manière concluante, et la prudence reste de mise.

Pour la suite de l’enquête, d’autres éléments — historiques et scientifiques — devront être examinés afin d’évaluer plus solidement toute hypothèse liant Kosminski au mythe entretenu autour de Jack l’Éventreur.

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