Contexte et rumeurs autour d’Anastasia Romanov

Entre 1920 et 1922, une mystérieuse jeune femme soprénomée «Fraulein Unbekannt» (ou «Mademoiselle Inconnue») logeait dans une pension de Lützowstrasse, en Allemagne. Parlant avec un accent russe et dépourvue de tout document d’identité, elle attira l’attention des autres pensionnaires de l’établissement psychiatrique Elisabeth, qui spéculèrent qu’il s’agissait peut‑être d’Anastasia Romanov, la Grande‑Duchesse supposée exécutée lors de la révolution russe. Les récits contemporains, comme celui relaté par l’Irish Times, témoignent de la fascination que suscita cette possible survivante.

En réalité, cette femme était très probablement Franziska Schanzkowska, une immigrée dont l’instabilité mentale est largement documentée. Elle devint cependant la plus célèbre — parmi près d’une vingtaine — des prétendantes qui, à l’époque, prétendirent être Anastasia Romanov afin de tirer avantage d’une renommée internationale. Ces impostures et méprises alimentèrent durablement le mythe autour de la survivante présumée.
Voici les éléments factuels essentiels concernant la fin de la famille impériale :
- Dans la nuit du 17 juillet 1918, le tsar Nicolas II, son épouse et leurs enfants furent réveillés sous prétexte d’un transfert vers un lieu plus sûr.
- Ils furent conduits dans une petite pièce du sous‑sol de la maison Ipatiev à Iekaterinbourg et sommés de poser pour une photo destinée à prouver qu’ils étaient encore en vie.
- Au lieu de cela, une exécution collective eut lieu : un peloton hétéroclite utilisa pistolets, baïonnettes et, selon certains rapports, même les poings et les bottes des exécuteurs.
- La confusion, la désinformation et la propagande de l’époque contribuèrent à rendre incertaine la destinée des enfants Romanov pendant des décennies.

Les fouilles menées dans les années 1990 et 2000 permirent de mettre au jour des restes correspondant à ceux de la famille et de leur entourage, et les analyses ADN vinrent corroborer ces découvertes. Sur le plan scientifique, la conclusion est donc nette : Anastasia Romanov ne survécut pas à l’exécution de sa famille.
Pour autant, la survivance présumée d’Anastasia s’enracina profondément dans la culture populaire. Romans, films et une kyrielle de prétendantes firent perdurer la légende, transformant le destin tragique d’une jeune fille en un folklore durable — jusqu’à des clins d’œil inattendus dans la culture populaire moderne.
