Histoire
Les images de jeunes amoureux, se promettant l’éternité, s’enlaçant le front contre front, les corps entrelacés, traversent les rêves et récits du monde entier. L’amour romantique, tel que nous le connaissons aujourd’hui, existe sans doute depuis que l’humanité moderne foule la Terre, même s’il n’apparaît explicitement dans les textes antiques qu’à partir du XIIe siècle, du moins en Occident. Cette évolution s’accompagne d’une institutionnalisation progressive du mariage, notable seulement au XVIIIe siècle.
Quel que soit notre regard sur ce que signifie le « véritable amour », il demeure un pilier fondamental de notre vie contemporaine. Que ce soit à travers les comédies romantiques, les romans en séries ou la poésie de grands auteurs du XIXe siècle comme Percy Bysshe Shelley ou Lord Byron, le sentiment d’amour profond fascine et inspire. Dès lors que l’on est témoin d’une loyauté et d’un attachement sincère, l’admiration émerge inévitablement, doublée de l’étonnement face à cette longévité.
Mais que penser si l’on découvrait une preuve matérielle d’un amour véritablement éternel ? Si, au-delà du mythe, deux êtres avaient été unis à jamais, jusqu’au trépas, et ce depuis des millénaires, figés dans une étreinte même après leur mort ?
Deux amants enlacés depuis 6 000 ans
En 2007, une découverte exceptionnelle a eu lieu à Valdaro, près de Mantoue en Italie, à environ 40 kilomètres au sud de Vérone. Deux squelettes âgés d’environ 20 ans chacun ont été mis au jour, mesurant chacun environ 1,57 mètre. Un jeune homme et une jeune femme reposant étroitement enlacés, bras et jambes entrelacés, comme figés dans une dernière étreinte depuis environ 6 000 ans.
Ce type de sépulture double est extrêmement rare pour l’époque néolithique. Les positions des corps montrent clairement qu’ils ont été enterrés ensemble après leur mort, sans signe de violence. Chacun était accompagné d’outils en silex : une pointe de flèche près du cou pour le jeune homme, une lame fixée à la cuisse et deux couteaux pour la jeune femme.
Les « Amants de Valdaro » ont rapidement captivé l’attention internationale dès leur découverte par l’archéologue Elena Maria Menotti. Ils ont été délicatement déplacés ensemble, encore enveloppés dans la terre, vers un musée pour étude approfondie et sont exposés depuis 2011 au Musée national d’archéologie de Mantoue.
Plus qu’un simple témoignage archéologique, ce couple incarne une symbolique puissante et universelle : celle d’un amour inaltérable traversant les millénaires. Leurs os mêlés évoquent une histoire d’attachement profond, d’émotions partagées, qui continue de fasciner et de toucher notre humanité moderne.