Un pays particulièrement périlleux pour les voyageurs
Dans le débat sur les « pays dangereux », certains analystes estiment que les interventions internationales ont souvent transformé des régions en zones d’instabilité durable. Par exemple, El Salvador a été classé en 2018 comme le pays le plus dangereux au monde parmi ceux qui n’étaient pas en guerre, selon le World Economic Forum (rapport relayé par Business Insider : https://www.businessinsider.com/what-life-is-like-in-some-of-the-worlds-most-dangerous-countries-2018-10).
Des archives et enquêtes montrent que les ingérences extérieures ont aggravé les conflits locaux. Parmi les faits documentés :
- Les années 1980 en El Salvador : des groupes de la mort d’extrême droite, soutenus par des financements externes, ont combattu des guérillas marxistes — un bilan humain terrible (voir enquête de The Nation : https://www.thenation.com/article/archive/time-for-a-us-apology-to-el-salvador/).
- Les Nations unies ont conclu qu’une large majorité des actes de torture, d’enlèvements et d’exécutions durant la guerre civile salvadorienne avaient été commis par les forces gouvernementales, y compris des milices entraînées.
- Des études journalistiques montrent aussi le lien entre ces violences passées et les crises migratoires et sécuritaires ultérieures en Amérique centrale (voir notamment Vice : https://www.vice.com/en_us/article/qvnyzq/central-america-atrocities-caused-immigration-crisis).
Dans un registre différent mais corrélé, des évaluations de risques pour les voyageurs classent certains États africains parmi les plus dangereux en 2020. La Travel Risk Map, citée par The Independent, place la Libye aux côtés de pays comme la Somalie, le Soudan du Sud et la République centrafricaine, en raison de dangers médicaux, sécuritaires et routiers (https://www.independent.co.uk/travel/news-and-advice/travel-risk-map-most-dangerous-countries-terrorism-medical-libya-somalia-sudan-a9206886.html).

La « libération » de la Libye et ses conséquences
La chute de Mouammar Kadhafi en 2011, soutenue militairement par des puissances extérieures dans le contexte du printemps arabe, fut présentée comme une opération visant à protéger les civils. Mais l’absence de plan pour l’après‑conflit a rapidement tourné au désastre : de hauts responsables ont reconnu plus tard que le pays était devenu « un chaos » (lire l’analyse et les retours d’expérience : https://theintercept.com/2016/06/22/hillary-clintons-likely-pentagon-chief-already-advocating-for-more-bombing-and-intervention/?comments=1 et https://time.com/4288634/president-obama-worst-mistake/).

Avant sa chute, Kadhafi incarnait un régime répressif et excentrique, caractérisé par la répression des opposants et des pratiques autoritaires documentées (reportage et archives : https://www.smh.com.au/world/the-crazed-compulsions-of-gaddafi–every-bit-the-bond-villain-20111021-1mbfw.html ; https://www.theguardian.com/world/2011/jun/18/gaddafi-misrata-war-crime-documents).
Après le renversement du régime, la Libye a basculé dans une situation de violence endémique et d’effondrement de l’État, qui a favorisé des dérives dramatiques :
- L’émergence d’un marché de traite humaine et d’esclavage : en 2017, des images d’enchères de personnes ont choqué l’opinion internationale (analyse du phénomène : https://time.com/5042560/libya-slave-trade/).
- Des centaines de milliers de migrants, en route vers la Méditerranée, ont été détenus dans des centres où crimes, viols et vols étaient monnaie courante.
- En 2019, le procureur de la Cour pénale internationale a alerté le Conseil de sécurité de l’ONU sur un « cycle de violence, d’atrocités et d’impunité », avec des attaques contre des civils, des centres médicaux et des exécutions sommaires (https://www.icc-cpi.int/Pages/item.aspx?name=191106-stat-icc-otp-UNSC-libya).
Ces dynamiques illustrent comment l’effondrement des institutions et l’absence d’un ordre public stable font d’un territoire un des pays dangereux pour les voyageurs : risques sécuritaires, déplacements massifs de population et violations massives des droits humains restent des facteurs déterminants.
