On associe souvent le terme « homme des cavernes » à une image stéréotypée de primitifs rustres vivant un État quasi figé dans un passé lointain. Pourtant, les populations préhistoriques de l’Âge de Glace, période connue sous le nom de Pléistocène et débutant il y a environ 2,6 millions d’années, étaient bien plus ingénieuses que ces clichés le suggèrent. En effet, elles ne se contentaient pas d’errer, mais créaient des outils musicaux à partir d’os d’animaux, réalisaient des peintures rupestres et sculptaient des figurines telles que les célèbres « Vénus » préhistoriques.
Parmi leurs exploits les plus remarquables figurent la construction de structures élaborées à partir d’os de mammouths laineux. Depuis les années 1950, des archéologues ont découvert en Russie et en Ukraine plusieurs bâtiments circulaires constitués principalement d’ossements de ces majestueux animaux préhistoriques. On dénombre aujourd’hui environ 70 de ces édifices, interprétés comme des habitats temporaires destinés à protéger les communautés de chasseurs-cueilleurs du froid intense de l’Âge de Glace.
L’une des découvertes les plus impressionnantes se trouve sur le site de Kostenki, à environ 500 kilomètres au sud de Moscou. Là, une structure gigantesque, vieille d’environ 25 000 ans, a été mise au jour par des chercheurs de l’Université d’Exeter. Constituée de plus de 60 mammouths, cette « maison » préhistorique se compose notamment de 51 mandibules et 64 crânes de ces pachydermes, formant un cercle d’environ 12 mètres de diamètre.
La taille exceptionnelle de cette construction laisse penser qu’elle n’était pas destinée à un usage prolongé comme simple habitation. Des traces de charbons de bois mêlés à des ossements et des restes végétaux témoignent plutôt de rassemblements rituels ou festifs, où des mammouths pourraient avoir été préparés et consommés. Cette hypothèse suggère un aspect social et cérémoniel jusque-là sous-estimé dans la vie des populations paléolithiques.
Cette formidable structure préhistorique ouvre une fenêtre fascinante sur les modes de vie et les capacités d’adaptation des humains de l’Âge de Glace en Russie, renouvelant ainsi notre regard sur une époque souvent perçue à travers le prisme de la rudesse et de la survie brute.