À la lisière du désert du Sahara s’étendent un réseau de cités vieilles de près d’un millénaire. Connues sous le nom de Pentapole, ces cinq villes fortifiées sont situées dans la Vallée du M’Zab en Algérie. La plus ancienne de ces cités, El-Atteuf, fut fondée en 1012, tandis que les autres sont Melika, Bounoura, la ville sainte de Beni-Isguen et Ghardaïa. Cette dernière date du milieu du XIVe siècle, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).

Chacune des cinq cités est érigée sur une colline, centrée autour d’une mosquée qui joue aussi le rôle de forteresse, de tour de guet, de grenier et de dépôt d’armes. Autour s’organisent des habitations cubiques aux teintes pastel, disposées en cercles concentriques. Ces maisons, bâties en matériaux locaux, sont proches les unes des autres et reliées par de ruelles étroites et des passages couverts. Cette configuration architecturale favorise un mode de vie communautaire et égalitaire, qui demeure presque inchangé depuis près de mille ans. Sa simplicité et sa parfaite intégration à l’environnement ont d’ailleurs inspiré la conception urbaine contemporaine.
Outre leur beauté architecturale, ces villes témoignent d’une histoire profondément ancrée entre désert et oasis. Fondées par les Mozabites, un peuple semi-nomade, ces cités furent le fruit d’une installation durable au VIIIe siècle dans la vallée aride du M’Zab. Les habitants ont su s’adapter au climat extrême, notamment en plantant des palmiers pour créer des zones fraîches durant l’été. Convertis à l’islam ibadite, ils représentent encore aujourd’hui l’une des trois principales communautés ibadites d’Afrique du Nord.
Avec plus de 360 000 habitants contemporains, la Pentapole reste fidèle à son héritage. Comme le rappelle Khaled Meghnine, guide local, “mis à part l’arrivée de l’électricité à la fin des années 1950, la vie quotidienne dans les centres historiques a peu changé depuis la fondation des villes, et c’est ainsi que les habitants le souhaitent”.
Beni Isguen, la plus traditionnelle des cités, imposait jusqu’à récemment une restriction stricte après la tombée de la nuit, limitant l’accès aux seuls résidents. Les femmes y portent le haik, un large tissu qui couvre le corps et le visage, ne laissant apparaître qu’un seul œil, témoignage d’une culture toujours très vivante au cœur des cités fortifiées.

