Histoire
Imaginez être jugé pour avoir défendu une théorie scientifique. Tel fut le sort de l’astronome italien Galileo Galilei en 1633. À cette époque, défier la doctrine religieuse pouvait mener à la persécution, voire à la mort. Galilée s’exprimait sur la configuration de l’univers : devait-il être centré sur la Terre ou sur le Soleil ? Tandis que l’Église présumait que la Bible indiquait la Terre comme point central, le savant s’appuyait sur des preuves scientifiques en faveur d’un modèle héliocentrique.
En 1543, l’astronome polonais Nicolaus Copernic publia dans « De revolutionibus orbium coelestium » sa théorie révolutionnaire selon laquelle les planètes orbitaient autour du Soleil. Ce modèle copernicien s’inscrivait en totale opposition avec la vision géocentrique défendue par l’Église, laquelle faisait valoir que les astres tournaient autour de la Terre. Parallèlement, en Italie, l’Église renforçait ses moyens de contrôle notamment par la mise en place d’une instance destinée à lutter contre les idées contraires à ses enseignements.
En 1613, Galilée échangeait dans une correspondance avec Benedetto Castelli sur certains passages bibliques incompatibles avec le modèle copernicien. Cette lettre parvint aux autorités ecclésiastiques grâce aux agissements d’un moine dominicain, ce qui alimenta la réprobation de l’Inquisition envers cette vision du monde.
Pendant plusieurs années, le savant resta discret sur ses convictions. Pourtant, en 1632, la publication du « Dialogue sur les deux grandes systèmes du monde » fit rapidement l’objet d’une attention particulière de la part de l’Inquisition. Une commission fut alors créée pour examiner ses écrits, concluant qu’il convenait de le traduire en procès pour hérésie. Ce procès se déroula à Rome, où le père Vincenzo Maculani de Firenzuola intervint afin d’obtenir une confession de la part de Galilée. Malgré des pressions considérables, le scientifique refusa d’avouer une quelconque faute.
Finalement, en juin 1633, il fut reconnu coupable d’avoir « rendu suspect par cette Sainte Inquisition » ses idées controversées. Bien qu’une condamnation pour hérésie véritable eût pu entraîner un destin pire, une sorte de compromis fut trouvé : Galilée devait reconnaître quelques maladresses dans la présentation de son modèle copernicien et fut assigné à résidence pour le reste de sa vie.
Sous assignation à résidence à Villa Il Gioiello à Acretri, Galilée cessa de publier de nouvelles œuvres, mais parvint néanmoins à rédiger ses derniers travaux, dont « Discours et démonstrations mathématiques concernant deux sciences nouvelles », discrètement expédié hors d’Italie pour une édition aux Pays-Bas en 1638. Galilée s’éteignit en 1642, et ce n’est qu’après plus de trois siècles que l’Église reconnît officiellement la justesse du modèle héliocentrique.
Ce récit passionnant illustre le conflit historique entre science et dogme, une lutte pour la vérité qui marque profondément l’histoire des idées.