Histoire
H.H. Holmes demeure tristement célèbre comme l’un des premiers tueurs en série d’Amérique. Né à Gilmanton, dans le New Hampshire, il se lança dans une carrière macabre en s’installant à Chicago en 1886, où il travailla comme pharmacien. En 1889, il commença la construction de son fameux « château des meurtres », un hôtel truffé de passages secrets, de portes dérobées et d’escaliers menant à nulle part. Ce bâtiment énigmatique servit de piège pour au moins neuf victimes, voire jusqu’à 27, dont le destin fut scellé dans l’ombre d’une architecture ingénieuse et dérangée.
H.H. Holmes – Source : Unknown author/Wikipedia
En parallèle de ses crimes, Holmes exploitait une opportunité que les écoles médicales de l’époque ne pouvaient ignorer. Diplômé en Médecine de l’Université du Michigan, il avait su se forger un réseau solide auprès des chercheurs et des praticiens. À une époque où la pénurie de cadavres frais pour les dissections limitait grandement les progrès anatomiques, les établissements de santé étaient prêts à payer des sommes considérables pour se procurer des corps humains, parfois acquis dans des circonstances suspectes. Ainsi, le criminel se mit à vendre les restes partiellement disséqués de ses victimes aux écoles de médecine, ou à proposer des squelettes dépourvus de chair aux fournisseurs d’équipements médicaux.
Pour Holmes, cette vente offrait un double avantage : non seulement il se remplissait les poches, mais les manipulations subies par les cadavres dans les laboratoires effaçaient en grande partie les preuves de ses méfaits. Les corps étaient disséqués, piqués, et en fin de compte dissous dans de la chaux ou dans de l’acide, supprimant ainsi toute trace de son immence criminalité. Ce mécanisme pervers lui permit de commettre d’autres assassinats, jusqu’à ce qu’un vol de cheval le conduise finalement face à la justice en 1894.
Mais ce n’était pas la première fois que Holmes manigançait avec des cadavres pour s’enrichir. Déjà étudiant, il avait auparavant récupéré des corps dans les laboratoires facultaires, avant de les brûler ou de les défigurer. Une fois méconnaissables, il contractait des polices d’assurance sur ces corps, les dissimulant ensuite pour simuler un accident mortel. Ce stratagème ne fut qu’un prélude aux nombreux montages d’assurances auxquelles il se livra par la suite, touchant aussi bien ses épouses, ses employés que les hôtes sinistres de son hôtel.
L’appât du gain alla si loin qu’après son incarcération à St. Louis en 1894, pour un autre stratagème lié au vol de chevaux, Holmes ne cessa de multiplier les combines. En détention, il élabora un plan avec Marion Hedgepeth, un fameux hors-la-loi du Far West, visant à simuler sa propre mort pour encaisser une assurance de 10 000 dollars. Toutefois, une fois libéré, Holmes opta pour éliminer son complice, gardant ainsi l’intégralité de l’argent. Cette trahison finit par coûter cher : Hedgepeth dénonça le plan aux autorités, déclenchant une traque implacable qui le conduisit finalement à Boston. L’insatiable curiosité des forces de l’ordre révéla alors l’ampleur de ses crimes, et en 1896, le sinistre criminel fut pendu.