L’imposant bâtiment du capitole de l’Indiana, avec son style Renaissance Revival grandiose et sa rotonde voûtée, donne l’impression d’avoir toujours été le siège du pouvoir de l’État. Pourtant, bien avant la construction de ce capitole en 1888 ou celle d’autres sites remarquables tels que Monument Square, ce lieu n’était qu’une bourgade isolée, puis avant cela, un village Lenape, peuple autochtone américain.
Longtemps avant que les législateurs d’Indianapolis n’adoptent des lois parfois surprenantes, comme l’interdiction pour les propriétaires de construire des clôtures dans le but d’agacer leurs voisins, la petite ville de Corydon, dans le sud de l’Indiana, fut la capitale de l’État de 1813 à 1825. Avant elle, lorsque l’Indiana était encore un territoire, c’était Vincennes qui détenait ce statut pendant la majeure partie de cette période, à partir de 1800. La capitale a changé plusieurs fois, en raison notamment des modifications des frontières territoriales et des mouvements de population, alors que les colons blancs progressaient vers le nord, repoussant les peuples autochtones, pour finalement installer Indianapolis, plus centrale, comme troisième et dernière capitale.
Vincennes, la première capitale de l’Indiana

En 1800, le Congrès américain a découpé le territoire de l’Indiana, englobant alors la majeure partie de l’Indiana actuel ainsi que des portions du Wisconsin, de l’Illinois, du Michigan et du Minnesota, à partir du territoire du Nord-Ouest. Le président John Adams nomma William Henry Harrison gouverneur territorial et Vincennes devint la capitale. À cette époque, la population de colons blancs dans ce vaste territoire était inférieure à 6 000, sans compter les 12 000 autochtones qui n’avaient aucun droit politique.
Vincennes comptait environ 1 500 habitants. La ville était la plus ancienne implantation du territoire, initialement un fort français datant des années 1730. Harrison arriva à Vincennes en janvier 1801 et tint la première session législative dans une résidence privée. Pendant les 13 années où Vincennes fut capitale, la législature se réunit dans divers lieux, notamment une taverne, avant de décider de déménager à 120 miles à l’est, vers Corydon. Après que le Congrès eut réduit le territoire de l’Indiana pour créer ce qui allait devenir le Michigan et l’Illinois, Vincennes ne se trouvait plus au centre géographique.
Corydon se bat pour rester capitale de l’Indiana

Corydon avait à peine cinq ans lorsqu’elle devint la deuxième capitale territoriale. Harvey Heth fonda la ville en 1808 après avoir acquis les terres de William Henry Harrison, qui devint par la suite en 1841 le neuvième président des États-Unis et le premier à mourir à la Maison-Blanche, peu après avoir pris ses fonctions. Lorsque Corydon fut désignée capitale de l’Indiana, Harrison s’était déjà retiré.
En 1813, les législateurs arrivés sur place durent partager un espace exigu dans un bâtiment en rondins inachevé avec les responsables locaux. En 1816, la population du territoire venait de dépasser le seuil des 60 000 habitants nécessaire à la demande de reconnaissance comme État. Ce même mois d’avril, le président James Madison, qui avait fui Washington deux ans plus tôt pendant la guerre de 1812, signa le décret autorisant l’Indiana à devenir un État fédéré. En juin 1816, les délégués constitutionnels se réunirent à Corydon pour rédiger la constitution de l’État.
La première maison d’État, toujours debout aujourd’hui, fut également achevée cette année-là. Mais en 1821, le gouvernement choisit à nouveau de déménager. L’Assemblée générale opta pour le petit village qui deviendra Indianapolis, mais les déménagements ne commencèrent qu’au bout de quatre ans. Corydon, ainsi que le reste du sud de l’Indiana, ne souhaitaient pas perdre leur statut politique et les législateurs rechignaient à faire le long trajet vers une ville sans commodités. Finalement, le gouvernement s’installa à Indianapolis, où il demeure depuis.
