Que signifie réellement une clé de la ville ?
Les villes avaient autrefois des murs, ce qui signifiait qu’elles possédaient également des portes. Si vous résidez à Québec, à Bologne, à Fès ou dans d’autres villes où certaines portes sont encore debout, cela ne vous surprendra pas. Mais avez-vous déjà pensé que ces accès à la ville étaient autrefois pourvus de clés pour les ouvrir ?
Il n’est pas clair combien de villes pouvaient réellement être verrouillées ou déverrouillées avec une clé physique au Moyen Âge. Des verrous basiques étaient disponibles dans toute l’Europe et l’Asie médiévales, de sorte que certaines portes, comme celle qui conduisait au Ghetto de Venise, avaient effectivement une clé. Cependant, à l’époque où Velazquez peignait sa célèbre œuvre « La Reddition de Breda » en 1635, la clé de la ville était devenue symbolique. Dans cette peinture, la ville néerlandaise de Breda est remise aux forces espagnoles lors d’un acte rituel où la clé est transmise. Les Espagnols obtiennent ainsi le droit d’entrer et de sortir à leur guise, comme si la ville entière était une maison où ils disposaient des clés.
Les villes modernes sans portes continuent d’accorder des clés cérémonielles. Par exemple, lorsque Michael Bloomberg était maire de New York, il remit au moins 30 clés, dont une au Dalaï Lama. Certains récipiendaires ont été plus controversés, comme Alex Rodriguez, un athlète qui reçut également une clé de la ville.
La « liberté de la ville » est un indicateur peu fiable de la valeur morale d’un individu. Sur la photo ci-dessus, le président polarisant du Brésil, Jair Bolsonaro, brandit la clé de la ville de Pariquera-Açu, qu’il a reçue lors de l’inauguration d’un pont. De plus, en 1980, la ville de Détroit a accordé une clé à Saddam Hussein, en remerciement pour son aide à une église.
