La Tragédie de Benjamin Franklin et la Vaccination Anti-Variole

par Olivier
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La Tragédie de Benjamin Franklin et la Vaccination Anti-Variole
États-Unis

Histoire

Dans les années 1700, l’épidémie de variole sévissait à travers le monde, marquant l’histoire par la transmission de cette maladie dévastatrice. Des traces de la variole remontant à l’Égypte ancienne, avec des cicatrices retrouvées sur des momies vieilles de près de 3 000 ans, témoignent de son ancienneté. Cette maladie, causée par le virus de la variola, se manifeste par une forte fièvre, des courbatures et des vomissements, suivis par l’apparition de petites taches rouges, d’abord dans la bouche puis sur tout le corps, lesquelles évoluent en lésions remplies de pus. La contagion maximale se situe dès les prémices de l’éruption, et les symptômes persistent en général pendant environ quatre semaines.

Dessin de Benjamin Franklin

Au début des années 1700, la variole se propageait rapidement dans les colonies américaines. Ainsi, en avril 1721, l’arrivée du navire HMS Seahorse à Boston, transportant notamment des soldats britanniques, a facilité l’introduction de la maladie. Dès le lendemain de l’accostage, un marin manifestait déjà des symptômes complets. La population de Boston, estimée alors à environ 11 000 habitants, fut durement éprouvée : près de 6 000 cas furent recensés et plus de 850 décès survinrent à cause de cette maladie redoutable.

Pour lutter contre l’épidémie, les habitants se livrèrent à des pratiques d’inoculation, une méthode transmise à partir de l’Asie. Deux techniques principales étaient utilisées :

  • Inhaler une poudre issue des croûtes formées lors de la variole,
  • Appliquer une petite quantité de poudre sur une égratignure de la peau.

Bien que l’inoculation ne garantisse pas l’absence de maladie, elle permettait d’atténuer les symptômes et de renforcer la résistance de l’organisme face à la variole.

En novembre 1736, un drame familial survint pour Benjamin Franklin, fervent défenseur de l’inoculation : son fils de 4 ans, Francis Folger Franklin, succomba à des complications de la variole. Contrairement aux idées reçues, le jeune enfant n’avait pas été inoculé. En effet, en raison d’une sévère diarrhée, Franklin avait prévu de retarder l’intervention jusqu’à rétablissement complet, une décision qui, malgré sa prudence, lui valut par la suite de profonds regrets. Franklin déclara alors dans la Pennsylvania Gazette en décembre 1736 : « En 1736, j’ai perdu l’un de mes fils, un garçon admirable de 4 ans, emporté par la variole de la manière la plus courante. Je regrette d’autant plus de ne pas avoir procédé à l’inoculation, pratique que je recommande vivement aux parents. Mon exemple montre que le regret peut être le même, quelle que soit la décision prise, et qu’il convient donc de choisir la méthode la plus sûre. »

Variole dans les colonies au 18ème siècle

Cet épisode illustre de manière poignante les dilemmes auxquels étaient confrontés les pionniers de l’inoculation et souligne l’importance d’une prise de décision éclairée dans la gestion des épidémies, où chaque choix pouvait littéralement sauver des vies.

Statue de Benjamin Franklin

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