Les passionnés de Sherlock Holmes connaissent par cœur l’adresse du 221B Baker Street. C’est dans cet appartement londonien que le détective Sherlock Holmes vivait avec son fidèle ami et associé, le Dr John Watson, dans les romans et nouvelles créés par Sir Arthur Conan Doyle. La toute première aventure de Holmes, intitulée Une étude en rouge, fut publiée en 1886, et dès 1892, les premières histoires furent regroupées dans Les aventures de Sherlock Holmes.
Il est avéré que l’inspiration principale de Conan Doyle pour son célèbre détective provient de son professeur de médecine, le Dr Joseph Bell. L’auteur a également puisé son inspiration dans la rue de Baker Street, une voie bien réelle de Londres qui existe toujours aujourd’hui. Pourtant, l’adresse exacte du 221B n’existait pas encore à l’époque où les récits furent écrits. En effet, les numéros de cette rue atteignaient à peine la centaine. Ce n’est que dans les années 1930, lors d’une réorganisation urbaine, que les numéros 219 à 229 apparurent sur Baker Street.
Lorsque les numéros furent attribués, le 221B Baker Street devint une partie d’un pâté de maisons occupé par une banque, la Abbey National Building Society. Mais techniquement, cette adresse n’existait toujours pas de façon indépendante au début et ne faisait que figurer dans le bloc de numéros assignés à ce site. Pourtant, très vite, selon Smithsonian Magazine, le bâtiment reçu un afflux important de lettres adressées à Sherlock Holmes au 221B Baker Street. Les fans du célèbre détective envoyaient parfois des demandes d’aide, convaincus de son existence. Pour gérer ce flux, une secrétaire fut engagée pour répondre ; elle expliquait souvent que Sherlock Holmes avait pris sa retraite.
En 1989, un entretien accordé au New York Times révéla que la secrétaire s’appelait Nikki Caparn. Elle confia que la banque recevait un grand nombre de courriers provenant du monde entier. « Beaucoup ne demandent rien de précis, ils veulent juste savoir ce que M. Holmes devient ou où il se trouve, espérant qu’il va bien. Nombre d’autres savent qu’il est fictif et écrivent avec humour, » relatait-elle. Les réponses furent rédigées sur du papier à en-tête à l’effigie du détective, avec son emblématique silhouette coiffée de son calot et fumant sa pipe. Nikki Caparn prit très au sérieux cette fonction en précisant : « Nous ne disons jamais qu’il n’a jamais existé. »
Pour les amateurs qui se rendent aujourd’hui à Baker Street, la visite du musée Sherlock Holmes, ouvert en 1990, est un véritable enchantement. Installé dans une demeure géorgienne sur quatre étages, il recrée fidèlement l’appartement du célèbre détective, avec des guides costumés et un mobilier authentique de l’époque victorienne. Le musée accueille également la plus grande collection d’objets liés à Sherlock Holmes.
La construction de ce musée fut marquée par une bataille juridique concernant la propriété des lettres reçues par le détective fictif. Malgré la possession officielle de l’adresse 221B, le musée n’obtenait pas l’intégralité du courrier, car certains fans continuaient à l’envoyer à la banque Abbey National, comme le relatait le LA Times. Cette dernière fit valoir qu’elle répondait à ces lettres depuis de nombreuses années. Ce conflit s’étira sur une décennie et ne s’acheva que lorsque la banque quitta définitivement le bâtiment, transférant ainsi la responsabilité des réponses au musée Sherlock Holmes.