Les mythes de la création sont souvent perçus comme des récits si profondément enracinés dans une culture qu’ils semblent surgir de nulle part, leur logique interne étant si cohérente qu’on pourrait penser qu’ils ne sont pas issus de l’imagination humaine. C’est sans doute cette puissance particulière qui explique pourquoi, aussi étranger qu’un mythe puisse paraître à notre propre expérience, il dégage une force religieuse universellement reconnaissable.
Les Aztèques, civilisation mésoaméricaine dominante au centre du Mexique entre 1300 et 1521, possèdent plusieurs récits de création. Ces histoires résultent d’une synthèse culturelle, intégrant des éléments mythologiques issus de civilisations antérieures, à l’image des dieux de la Rome antique qui trouvent leurs origines dans ceux de la Grèce ancienne. Transmis oralement, ces récits ont évolué au fil du temps, fusionnant et se transformant tout en conservant leur essence.
Pour les Aztèques, le temps s’apparente à un cycle. La légende du « Cinquième Soleil » décrit ainsi quatre ères précédentes, chacune gouvernée par un panthéon différent et dominée par un phénomène naturel ayant conduit à la destruction du monde et au commencement d’un nouveau cycle, ou « Soleil ». Ces périodes durèrent respectivement 676, 676, 364 puis 676 ans. Par exemple, l’époque précédente était dominée par l’eau et s’acheva sous le déluge, effaçant les premiers humains. La création du monde actuel commence par l’histoire de Coatlicue, la Mère Terre.
Croyances aztèques sur le soleil et la lune
Selon les sources, Coatlicue, mère de nombreux dieux et déesses, trouva un jour un cocon de plumes de colibri. Elle les ramassa et les cacha sous sa jupe, ce qui la fit miraculeusement tomber enceinte. Cette nouvelle suscita la colère de ses enfants, notamment de Coyolxauhqui, déesse de la Lune, qui exigea de connaître l’identité du père. Les enfants de Coatlicue, furieux, voulurent la tuer.
Cependant, au moment crucial, l’enfant à naître intervint : il s’agissait du dieu Soleil, Huitzilopochtli, qui vainquit Coyolxauhqui en la tranchant en deux avec une épée enflammée. Sa moitié supérieure devint la Lune, tandis que sa moitié inférieure forma la Terre.
Ces croyances forgèrent l’idée chez les Aztèques que le dieu Soleil devait être honoré et apaisé pour maintenir son mouvement dans le ciel. Ce peuple, souvent appelé « le peuple du Soleil », pratiquait alors des sacrifices humains, offrant sang et cœurs pour rassasier Huitzilopochtli et rendre hommage à Coatlicue, surnommée « la Grand-Mère ». Ces rites étaient au cœur de l’empire aztèque et de leur connexion spirituelle au cosmos.
