
Le roi d’Espagne règne principalement sur des plaines, puisque la majeure partie du territoire espagnol est constituée de terrains plats. Cependant, son domaine a autrefois été immense, englobant des portions de l’Amérique du Nord, Centrale et du Sud, de l’Afrique, de l’Océanie, ainsi que de l’Europe. À la fin du XVe siècle, le roi Ferdinand détient un pouvoir tel que l’explorateur Christophe Colomb peut traverser l’océan Atlantique pour conquérir et soumettre brutalement des peuples à l’autre bout du monde, au nom de la monarchie espagnole.
Ce tournant marque le début d’une ère de colonialisme mondial qui permet à l’Espagne d’exercer son influence sur près de la moitié du globe, entre le XVIe et le XVIIIe siècle. Le roi atteint alors l’apogée de sa souveraineté, en particulier sous le règne de Philippe II, monté sur le trône en 1556. Son règne inaugure l’absolutisme, période dominante caractérisée par des monarques tout-puissants et non responsables devant personne. Depuis lors, le pouvoir de la Couronne espagnole a considérablement diminué. Quelle est donc la place du roi d’Espagne sur la scène actuelle ?

Depuis 2018, le roi Felipe VI est le premier monarque à prêter serment sur la Constitution espagnole de 1978. Son père, Juan Carlos, avait été désigné roi par le dictateur Francisco Franco, auteur d’une répression sévère après la guerre civile espagnole des années 1930. L’arrivée de Juan Carlos en 1975 marque une transition rapide du franquisme vers un régime démocratique, officialisé par la Constitution de 1978 qui accorde d’importantes autonomies régionales.
Cette Constitution établit clairement la séparation des pouvoirs entre les branches exécutive, législative et judiciaire de l’État espagnol. En tant que chef d’État, le roi incarne la nation sur le plan international mais son rôle demeure largement apolitique et symbolique. Il est commandant en chef de l’armée et peut déclarer la guerre, sans toutefois en avoir le contrôle direct. Sa mission inclut la nomination du Premier ministre, avec l’accord du Parlement, et la ratification des traités signés par le gouvernement.
Le monarque est également tenu d’être redevable à l’opinion publique. Juan Carlos Ier a ainsi abdiqué après plusieurs scandales qui ont terni son image. Comme l’a souligné le journal El País, « Le roi ne se présente pas aux élections, mais cela ne signifie pas qu’il échappe au contrôle des citoyens. »
