
Il n’est guère surprenant que la plupart des tueurs en série aient connu une enfance marquée par la douleur et la souffrance, et Aileen Wuornos ne fait pas exception. Entre 1989 et 1990, cette Américaine a assassiné sept hommes en les abattant après qu’ils l’aient prise en stop. Lors de son arrestation en Floride, les autorités ont écouté ses appels téléphoniques en prison, notamment ceux adressés à son ex-petite amie Tyria Moore, qui l’a encouragée à avouer les meurtres. Wuornos a reconnu plusieurs d’entre eux, affirmant toutefois avoir agi en état de légitime défense face à des tentatives de viol. Jugée en 1992 pour le meurtre de Richard Mallory, elle a été condamnée à mort en moins de deux semaines, devenant la dixième femme exécutée aux États-Unis depuis la renaissance de la peine capitale en 1976. Elle a été exécutée le 9 octobre 2002.
Aileen Wuornos est née en 1956 dans le Michigan. Sa famille est marquée par la violence et les traumatismes : son père, Leo Pittman, sexuellement déviant et condamné, avait quitté sa jeune mère avant sa naissance. Sa mère l’a ensuite confiée aux soins des grands-parents paternels. C’est là que les violences se sont intensifiées, son grand-père ayant été accusé d’agressions sexuelles et de sévices corporels sur elle dès son plus jeune âge.

Dès l’âge de 11 ans, Aileen échangeait des faveurs sexuelles contre des cigarettes avec ses camarades de classe. À 15 ans, elle abandonne l’école pour accoucher d’un enfant dont le père serait un ami de son grand-père. Après avoir placé ce bébé en adoption, elle fugue et ne survit que par la prostitution et des petits vols. À 20 ans, elle rejoint la Floride en auto-stop et épouse un homme de 69 ans, Lewis Fell. Ce mariage ne dure que neuf mois, Fell obtenant par la suite une ordonnance restrictive contre elle.
Lors de son procès en 1992, son frère adoptif Barry Wuornos – en réalité son oncle, puisque c’étaient ses grands-parents qui l’avaient adoptée – a témoigné en sa défaveur. Barry a nié avoir vu son père battre physiquement Aileen, mais a décrit leur environnement comme un foyer strict. Il a raconté qu’ils venaient d’une « famille assez droite » et que leur enfance était « normale ». Cependant, lors du procès, il a avoué avoir quitté le domicile familial alors qu’Aileen n’avait que neuf ans, ce qui remet en question la fiabilité de son témoignage. La rapidité avec laquelle la condamnation à mort est tombée suggère qu’il a probablement influencé la décision du jury.
Le parcours douloureux d’Aileen Wuornos a été porté à l’écran dans le film Monster, sorti en 2003, qui retrace son histoire complexe et tourmentée, captivant ainsi un public cherchant à comprendre les racines profondes de la violence chez cette femme devenue tueuse en série.
