Histoire
Après une carrière militaire remarquable et une ascension qui a fait de lui le premier président des États-Unis, George Washington avait espéré conclure son mandat en toute simplicité. Élu à 57 ans, il avait d’abord envisagé de se retirer à Mount Vernon après son premier mandat, mais les circonstances de l’époque et les inquiétudes quant à une nation divisée le poussèrent à accepter un second mandat, une décision qui s’avéra particulièrement éprouvante.
Au terme de sa première présidence, Washington se montrait réticent à briguer une nouvelle période. Désenchanté par la montée fulgurante des clivages partisans, il préférait retrouver la sérénité de son domaine. Toutefois, face à des préoccupations pour l’unité nationale, ses conseillers réussirent à le convaincre de prolonger son engagement pour quatre années de plus. Ce dilemme se refléta même dans la brièveté de son discours d’inauguration, composé de seulement 135 mots, où il réaffirmait néanmoins son sens du devoir.
Un autre défi majeur fut la gestion des tensions au sein même de son cabinet. La nomination de Thomas Jefferson comme secrétaire d’État et d’Alexander Hamilton comme secrétaire du Trésor créa inévitablement des frictions. Jefferson, de nature discrète et non conflictuelle, se heurtait à un Hamilton audacieux et ouvertement ambitieux. Les divergences de personnalités et d’idéologies – Jefferson soutenant une société d’agriculteurs propriétaires et Hamilton prônant un modèle commercial et urbain – accentuèrent cette rivalité. Washington dut intervenir en envoyant des messages séparés aux deux hommes, les exhortant à mettre de côté leurs différends pour le bien de la nation.
La politique de neutralité prônée par Washington face aux troubles en Europe se révéla également problématique. Alors que la Révolution française prenait un tournant décisif, la pression pour soutenir la France se faisait sentir aux États-Unis. La Neutrality Proclamation du 22 avril 1793 visait à éviter toute implication dans le conflit, mais cette décision fut vivement critiquée. Certains dénonçaient ce choix comme une trahison d’un allié de longue date, tandis que d’autres y voyaient une nécessité pour préserver l’intégrité de la jeune nation.
Enfin, la menace d’un conflit avec l’Angleterre planait constamment. Bien que le traité de paix de 1783 eut mis fin à la guerre d’Indépendance, les frictions restaient palpables. Des accusations portées contre l’Angleterre concernant les droits de navigation et le non-respect de certains engagements concluent dans le traité accentuèrent les tensions. Pour apaiser la situation, Washington envoya le juge en chef John Jay en Angleterre, dont la signature du traité qui porta son nom en novembre 1794 permit de stabiliser, quoique précaire, la paix entre les deux nations.