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Il est difficile de déterminer exactement combien de personnes aux États-Unis sont incarcérées pour des crimes qu’elles n’ont pas commis. Pourtant, même l’estimation la plus prudente, évaluant à un pourcent le nombre de prisonniers innocents, correspond à environ 20 000 individus. Ce phénomène illustre une des conséquences néfastes de la justice rétributive : les condamnations erronées représentent une injustice grave et récurrente.
Entre 1980 et 2019, plus de 2 400 personnes ont été innocentées sur l’ensemble du territoire américain. Plusieurs organisations, telles que The Innocence Project et Centurion Ministries, se consacrent activement à la réhabilitation de ces victimes de la justice. Cependant, de nombreux condamnés à tort ont été exécutés, et on ignore combien sont décédés en prison sans jamais être disculpés. Pour ces victimes, les grâces posthumes n’effacent pas la douleur ni l’injustice.
Même pour ceux qui sont exonérés du vivant, aucune compensation financière ne peut restituer les années perdues ni effacer les stigmates d’un passé marqué par la prison. Pourtant, la nécessité de corriger ces erreurs est indéniable. On estime qu’au moins 4 % des condamnés à mort sont innocents. Par ailleurs, la surreprésentation des personnes noires dans les condamnations injustifiées accentue les inégalités raciales déjà profondément ancrées dans le système carcéral américain.
Ce phénomène n’est qu’un aperçu des nombreuses tragédies liées aux erreurs judiciaires. Voici donc un regard approfondi sur certaines des affaires les plus épouvantables de condamnations erronées dans l’histoire des États-Unis.
Ignorer les règles de la guerre

En 1854 et 1855, Isaac Stevens, gouverneur du Territoire de Washington, contraignit plusieurs peuples autochtones à céder leurs terres. Selon l’ouvrage Wicked Seattle de Teresa Nordheim, les Nisqually ne furent pas les seuls déplacés ; les Yakima, Cayuse, Umatilla, Walla Walla et Nez Perce durent eux aussi signer des accords imposant la cession partielle de leurs réserves.
Leschi, chef de la tribu Nisqually, fut l’une des figures qui contestèrent vigoureusement les termes de ces traités. Beaucoup affirment qu’il signa uniquement sous la contrainte et la protestation, tandis que certains doutent de l’authenticité de la marque « X » apposée à côté de son nom, suspectée d’être un faux.
Malgré ces traités, les colons blancs poursuivirent leur empiètement sur les terres autochtones. Menées par les Yakima, les tribus indigènes ripostèrent durant la guerre des Yakima qui s’étala de 1855 à 1858. Mi-Nisqually, mi-Yakima, Leschi s’allia à ces derniers et commanda probablement près de 300 combattants face aux forces américaines lors de plusieurs affrontements.
Dans leur History of American Indians, Robert R. McCoy et Steven M. Fountain évoquent le meurtre du colonel Abrams Moses le 31 octobre 1855. Le gouverneur Stevens accusa aussitôt Leschi, bien qu’il se trouvât à plusieurs kilomètres du lieu du crime. Pourtant, l’armée américaine reconnut que l’événement relevait d’une véritable bataille et informa Leschi qu’il ne pouvait être poursuivi pénalement.
Cependant, un jury exclusivement blanc le déclara coupable et il fut pendu pour meurtre le 19 février 1858. Près de 150 ans plus tard, en 2004, Leschi fut finalement innocenté, réhabilitant ainsi sa mémoire et soulignant l’injustice flagrante dont il fut victime.
Le 4 mai 1886, une bombe éclata place Haymarket lors d’un rassemblement public organisé par des militants syndicaux et des anarchistes. Ce meeting avait pour but de protester contre le meurtre, la veille, de six grévistes non armés lors d’un affrontement avec la police à l’usine McCormick Reaper Works de Chicago. L’explosion fit huit morts et blessa 67 personnes, tandis que l’intervention policière dans la foule provoqua environ 200 autres blessés. Le nombre exact des victimes reste incertain.
La scène dramatique de la place Haymarket fut immortalisée dans une illustration de Harper’s Weekly.
Malgré plusieurs témoins ayant désigné Rudolph Schnaubelt comme l’auteur du jet de la bombe, celui-ci ne fut jamais inculpé. À la place, huit hommes – pour la majorité immigrés – furent accusés de conspiration, malgré des preuves suffisantes attestant qu’ils n’avaient pas déclenché l’attentat. Selon les archives d’Anarchy Archives, August Spies, Louis Lingg, Albert R. Parsons, Samuel Fielden, Michael Schwab, Adolph Fischer, George Engel et Oscar Neebe furent reconnus coupables.
Oscar Neebe fut condamné à quinze ans de prison, tandis que les sept autres furent condamnés à mort par pendaison. Neebe, qui affirma avec justesse l’absence de preuves à son encontre, déclara à son procès au juge : « Je regrette de ne pas être pendu avec les autres hommes. » Les peines de Fielden et Schwab furent ensuite commuées en prison à vie. Lingg se suicida en prison. Spies, Parsons, Engel et Fischer furent exécutés.
En 1893, John Peter Altgeld, alors gouverneur, accorda une grâce aux survivants du procès de Haymarket, reconnaissant ainsi la profonde injustice de ces condamnations erronées.
En 1906, Nevada Taylor, une femme blanche, fut attaquée et violée alors qu’elle rentrait chez elle à Chattanooga, dans le Tennessee. Lors d’un interrogatoire dans une pièce sombre, elle identifia Ed Johnson, un homme noir, comme son agresseur. Cependant, au cours de ses deux témoignages durant le procès, elle refusa de jurer que Johnson était réellement l’homme qui l’avait agressée. De plus, selon l’étude Lynching in America de Maria I. Arbelaez-Lopez, Johnson déclara qu’à l’heure de l’attaque, plusieurs témoins pouvaient attester qu’il travaillait au salon Last Chance.
Malgré ces éléments, le 9 février, un jury entièrement composé d’hommes blancs déclara Johnson coupable et le condamna à la peine de mort par pendaison. Deux avocats noirs locaux, Noah Parden et Styles Hutchins, prirent en charge sa défense et firent appel de manière répétée. Leur détermination porta ses fruits lorsque la Cour suprême des États-Unis accepta d’examiner l’affaire. Cette décision entraîna un sursis à exécution, faisant d’Ed Johnson la première personne noire à bénéficier d’un tel sursis accordé par la Cour suprême américaine. Par ailleurs, Noah Parden devint le premier avocat noir à plaider en tête devant cette instance.
Le 19 mars, le shérif John F. Shipp fut informé de ce sursis et chargé de protéger Johnson jusqu’à son nouveau procès. Pourtant, comme le rapporte The Supreme Court édité par Paul Finkelman, « Shipp et ses adjoints assistèrent et aidèrent la foule de lyncheurs » qui assassinèrent Johnson ce jour-là. Ce tragique épisode illustre dramatiquement comment la justice et la protection légale ont été bafouées, révélant l’étendue des condamnations erronées et de leurs conséquences dévastatrices.
Lena Baker est née en 1900 dans le comté de Randolph en Géorgie. En 1944, pour subvenir aux besoins de ses trois enfants et de sa mère, elle enchaînait les travaux pénibles : lessives, ménage et récolte du coton. Parmi ses employeurs, Ernest B. Knight, un homme blanc âgé de 23 ans de plus qu’elle, qui, au fil du temps, a commencé à l’agresser sexuellement.
Selon des témoignages, lorsqu’elle tentait de fuir ces violences, Knight la confinait dans son moulin à farine pendant plusieurs jours d’affilée. Le 30 avril 1944, ce dernier la maintint enfermée « la majeure partie de la journée ». Quand il revint exiger des rapports sexuels, Baker refusa. Une lutte s’ensuivit, au cours de laquelle Knight fut abattu.
Après le drame, Lena Baker se rendit immédiatement au coroner de la ville pour signaler le meurtre. Ce dernier lui conseilla de se présenter au shérif, mais elle rentra chez elle et fut arrêtée dans la soirée. Son procès, expéditif, dura seulement quatre heures, avec moins d’une demi-heure de délibération par un jury exclusivement masculin et blanc.
Condamnée à mort, elle fut exécutée sur la chaise électrique le 5 mars 1945, devenant la seule femme à avoir subi cette forme de peine capitale en Géorgie. Ses derniers mots témoignaient de son désespoir et de sa vérité : « Ce que j’ai fait, je l’ai fait en légitime défense, sinon c’est moi qui aurais été tuée. Là où j’étais, je ne pouvais pas m’en sortir. »
Parfois, tout finit par éclater au grand jour

Le 25 octobre 1967, sept enfants et demi-enfants de James Joseph Richardson tombèrent gravement malades après avoir déjeuné à Arcadia, en Floride. Tous décédèrent le lendemain. Malgré le fait que Betsy Reese, la voisine d’à côté, s’occupait des enfants ce jour-là et leur avait donné le repas, la police ne l’a jamais envisagée comme suspecte.
Au lieu de cela, l’enquête se concentra sur Richardson, le père des enfants. Cet homme noir nia avec force toute implication dans la mort de ses enfants. Pourtant, il fut reconnu coupable de meurtre au premier degré par un jury entièrement blanc et condamné à mort. Lorsque la peine capitale fut abolie en Floride en 1972, sa condamnation fut commuée en prison à vie.
En 1988, Belinda Romeo, une aide-soignante qui avait pris soin de Betsy Reese durant trois ans, révéla que Reese s’était « confessée des centaines de fois » sur le meurtre des enfants, probablement sous l’effet de la maladie d’Alzheimer dont elle souffrait. Il fut également découvert que Reese était en liberté conditionnelle pour avoir tiré sur son second mari. Par ailleurs, son premier époux était lui aussi décédé après avoir mangé un repas préparé par elle, sans qu’elle ait été poursuivie.
Des preuves supplémentaires montrèrent que les témoignages des informateurs en prison avaient été obtenus sous pression. Face à ces révélations, la condamnation de Richardson fut annulée. Après 21 années passées derrière les barreaux, il fut finalement libéré en 1989. Quant à Betsy Reese, elle décéda trois ans plus tard en maison de retraite, sans jamais avoir été jugée.
En octobre 1971, une femme employée à l’hôpital général de Baton Rouge, en Louisiane, fut victime d’un viol. En janvier 1972, les forces de l’ordre arrêtèrent Wilbert Jones, un jeune homme noir de 19 ans. Bien que la victime ait choisi Jones lors d’une identification, elle exprima des doutes, notamment sur la taille plus petite de Jones comparée à celle de son agresseur et sur la voix différente de ce dernier.
Malgré ces incongruités, Wilbert Jones fut condamné à la prison à vie sur la seule base de cette identification lors d’un procès expéditif. Après qu’une cour suprême locale ordonna un nouveau procès, sa condamnation fut maintenue, encore une fois uniquement sur le témoignage de la victime.
Ce n’est qu’en 2011, lorsque le projet Innocence Project de La Nouvelle-Orléans entreprit de rouvrir l’affaire, qu’il fut découvert que toutes les preuves matérielles avaient été détruites après le second procès. Néanmoins, l’enquête approfondie révéla qu’un autre individu avait commis plusieurs agressions similaires au même moment, dont l’une était quasiment identique au cas de la victime.
De plus, ce même suspect avait été condamné avant le second procès de Jones, information dont la police avait omis de tenir informée la défense. Grâce à ces éléments nouveaux, la condamnation de Jones fut annulée le 31 octobre 2017. Bien que la justice ait fait appel pour rétablir cette condamnation, la cour suprême de Louisiane refusa, et les charges furent finalement abandonnées.
Après presque 45 années passées en prison, Wilbert Jones détient l’une des plus longues peines d’incarcération liées à une condamnation erronée connue dans l’histoire judiciaire américaine.
Exonération à deux doigts de la mort

En 1980, Cheryl Fergeson, une élève blanche de 16 ans, fut violée et assassinée à Conroe, au Texas. La police arrêta Clarence Brandley, un homme noir qui travaillait comme concierge dans son lycée. Brandley était en effet le seul membre afro-américain du personnel. Lors de son interrogatoire, tenu en présence d’un collègue blanc, un agent déclara qu’il fallait qu’un coupable soit puni, et puisque Brandley était noir, il fut désigné d’office, selon les témoignages compilés par « Witness to Innocence ».
Malgré l’absence totale de preuves matérielles le reliant au crime, les autres concierges se portèrent mutuellement en alibi, mais dressèrent ensemble une version des faits plaçant Brandley près de la jeune victime à l’heure de sa mort. Son premier procès aboutit à une annulation, néanmoins lors du second, en 1981, Brandley fut reconnu coupable et condamné à mort. Notons que les deux jurys qui ont rendu ces verdicts étaient composés uniquement de membres blancs.
Son exécution, prévue le 26 mars 1987, fut suspendue cinq jours avant grâce à l’intervention de Jim McCloskey, fondateur de Centurion Ministries, qui œuvrait pour la réhabilitation de Brandley. Un nouveau procès fut ordonné, le juge dénonçant un « cas sans précédent qui illustre les effets dévastateurs du racisme, des faux témoignages, de l’intimidation des témoins et d’une enquête biaisée dès le départ ».
En 1990, Brandley fut enfin libéré. Bien que les charges aient été abandonnées, aucune réhabilitation officielle ne lui fut accordée, ce qui l’empêcha de recevoir une quelconque compensation pour la décennie passée dans le couloir de la mort, une douloureuse illustration des lacunes et dérives du système judiciaire américain.
Dans les années 1980, la « panique satanique » s’est propagée aux États-Unis, entraînant l’accusation de plusieurs dizaines de personnes, notamment des employés de crèches à travers le pays, soupçonnés d’avoir abusé d’enfants. Ces allégations s’accompagnaient souvent d’accusations de rituels sataniques horribles et d’actes sexuels occultes. Cependant, comme le souligne Matthew Barry Johnson dans son ouvrage Wrongful Conviction in Sexual Assault, contrairement à d’autres scandales liés à des abus sexuels sur enfants qui touchaient principalement des établissements de garde, les accusations dans le comté de Kern concernaient des adultes locaux du voisinage.
Les affaires du comté de Kern figurent parmi les plus vastes poursuites durant cette période de panique satanique. Plus de 30 prévenus furent condamnés pour des actes de maltraitance sur enfants, tandis que huit autres acceptèrent des accords de plaidoyer. Selon l’Associated Press, on affirmait qu’une huitantaine d’adultes auraient « participé à des abus, à l’adoration du diable et à des sacrifices de 29 nourrissons ». Pourtant, aucune preuve matérielle n’a jamais été trouvée, malgré des recherches approfondies incluant le dragage de deux lacs et l’exhumation d’un jardin à la recherche de corps.
Les condamnations les plus médiatisées furent celles d’Alvin et Deborah McCuan ainsi que de Scott et Brenda Kniffen, qui cumulèrent une peine totale de mille ans de prison. Toutefois, de nombreux enfants finirent par admettre qu’ils avaient été contraints par les procureurs et les travailleurs sociaux à mentir sur les abus prétendus. En conséquence, plusieurs condamnations furent annulées, même si certains demandeurs avaient passé jusqu’à 25 ans en détention. Malheureusement, au moins un individu mourut en prison à cause de cette tragédie judiciaire.
En 1982, Rebecca Lynn Williams, une jeune mère blanche de 19 ans, mère de trois enfants, fut victime d’une agression sexuelle suivie d’un meurtre à Culpeper, en Virginie. Son unique description de l’agresseur avant son décès était qu’il était de peau noire.
Un an plus tard, Earl Washington Jr., un homme noir de 22 ans, fut arrêté pour un cambriolage présumé. Après seulement deux jours d’interrogatoire en garde à vue, la police affirma que Washington avait avoué plusieurs crimes, dont le meurtre de Rebecca Williams.
Ces cinq prétendues confessions étaient entachées d’incohérences manifestes. Par exemple, Washington ne parvint même pas à identifier correctement la couleur de peau de la victime. Les autorités ignorèrent également sa déficience mentale. Selon le Registre National des Innocences, il fallut jusqu’à quatre tentatives pour obtenir une confession « mise en scène » par les enquêteurs.
En septembre 1985, Washington fut condamné à mort. Pourtant, neuf jours avant l’exécution prévue, sa peine fut suspendue grâce à l’intervention de ses avocats bénévoles.
Malgré l’existence de preuves ADN décisives établissant son innocence, la Virginie appliquait un délai strict de 21 jours pour rouvrir une affaire sur la base de nouveaux éléments. Ce délai empêcha toute révision judiciaire immédiate. En dernier recours, le gouverneur Wilder accorda une commutation de peine en 1994, transformant la peine capitale en prison à vie.
Enfin, en 2000, Earl Washington bénéficia d’un pardon absolu, mettant un terme à ce cas exemplaire de condamnation erronée, tristement emblématique des errements judiciaires de l’histoire américaine.
Cibles typiques de l’hystérie collective

Bernard Baran figure parmi les nombreuses victimes condamnées durant la période dite de la “panique satanique”, un phénomène marqué par une peur collective irrationnelle. Son procès, cependant, s’est distingué par l’homophobie flagrante qui a imprégné l’affaire. Baran était ouvertement gay lorsqu’il a commencé à travailler, à seulement 16 ans, au Centre de Développement de la Petite Enfance à Pittsfield, dans le Massachusetts.
En 1984, trois ans après, il fut arrêté sous l’accusation d’avoir abusé sexuellement de cinq enfants fréquentant la garderie. Selon The Nation, bien que les enfants aient initialement nié tout abus, les psychologues présents ont utilisé des questions suggestives, qui ont abouti à de fausses accusations. Les incohérences dans les témoignages des enfants furent quant à elles ignorées. Lors du procès, le procureur du district Dan Ford – futur juge à la Cour supérieure de l’État – a comparé l’homosexualité à la pédophilie et a décrit la présence de Baran dans cette garderie comme étant « un accro au chocolat dans un magasin de bonbons ».
Baran clama son innocence tout au long de cette période, ce qui le rendait inéligible à la libération conditionnelle. Ce n’est qu’en 2004 qu’une nouvelle équipe d’avocats a pu démontrer que les entretiens menés par le bureau du procureur étaient excessivement suggestifs et orientés. Ils ont également prouvé que Baran avait bénéficié d’une défense inefficace, notamment parce que ses avocats n’avaient jamais été informés que le compagnon de la mère de l’un des enfants accusateurs faisait l’objet d’accusations sexuelles le jour même où leur client était jugé.
En 2009, après 21 ans d’emprisonnement, Bernard Baran fut finalement acquitté et sa condamnation annulée, illustrant ainsi l’un des cas majeurs de condamnations erronées nées de peurs irrationnelles et de préjugés.
En 1976, Michelle Mitchell fut assassinée à Reno, dans le Nevada, et les enquêteurs disposaient de peu de preuves, à part un mégot de cigarette retrouvé près du corps. Trois ans plus tard, un membre du personnel d’un hôpital psychiatrique à Shreveport, en Louisiane, alerta la police : une de leurs patientes, Cathy Woods, affirmait être responsable de ce meurtre.
Cathy Woods, également connue sous le nom d’Anita Carter, souffrait depuis longtemps de troubles psychiatriques et avait déjà reçu un diagnostic de schizophrénie au moment des faits. Les informations qu’elle fournit aux enquêteurs n’apportaient rien de nouveau, et plusieurs de ses déclarations étaient manifestement fausses, comme celle prétendant qu’elle travaillait pour le FBI.
Lors du procès, les policiers témoignèrent que Woods s’était présentée comme lesbienne et que le meurtre de Michelle Mitchell aurait été le résultat d’un refus de ses avances sexuelles. La défense de sa santé mentale fut ignorée. Le 11 décembre 1980, Cathy Woods fut condamnée à la réclusion à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle.
Ce n’est qu’en 2014, grâce à des preuves ADN reliant le meurtre à Rodney Halbower, que Cathy Woods fut enfin innocentée et libérée après 35 années de détention injustifiée. Son affaire reste l’une des plus longues condamnations erronées subies par une femme aux États-Unis. Cette avancée fut possible uniquement parce que Woods avait collaboré avec un projet de défense des innocents afin d’obtenir un test ADN en 2013, qui permit par la suite de transmettre un profil génétique au FBI.
