Les pires généraux américains qui ont failli coûter la liberté aux USA

par Zoé
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Les pires généraux américains qui ont failli coûter la liberté aux USA
États-Unis

General William Westmoreland, ancien commandant des forces américaines au Vietnam

La guerre a été un fil conducteur dans l’histoire des États-Unis depuis leurs origines. Fondé en 1776, un an après le début de la Révolution américaine, le pays a été impliqué dans plus de dix conflits majeurs. Certains, comme la Guerre de Sécession, se sont déroulés sur le sol national, tandis que d’autres ont eu lieu sur des terres étrangères souvent hostiles. Tous ces conflits ont exigé une intelligence stratégique rigoureuse et un leadership fiable au plus haut niveau des forces armées américaines.

À travers l’histoire, de nombreux généraux célèbres se sont illustrés par leurs campagnes militaires réussies, gagnant gloire et reconnaissance, pour eux-mêmes et leurs supérieurs. Cependant, cette même fonction a également été occupée par des officiers dont l’incompétence, l’ego démesuré, ou encore l’incapacité à gérer des situations complexes ont forgé un héritage marqué par l’échec et les conséquences dramatiques. Voici un regard approfondi sur douze des pires généraux américains issus de guerres tristement célèbres.

Benedict Arnold : Le Traître de la Guerre d’Indépendance

Portrait de Benedict Arnold, officier de l'armée américaine

Benedict Arnold est entré dans l’Histoire comme le symbole même de la trahison, pourtant il fut initialement un fervent défenseur de la cause américaine. Né en 1741, il parvint à s’extraire d’une enfance difficile pour devenir un homme d’affaires prospère. Caractérisé par une nature sensible et une propension à critiquer, mais aussi animé d’un zèle indéniable, Arnold s’engagea pleinement dans la Guerre d’Indépendance après le décès de sa première épouse en 1775.

En reconnaissance de ses services, George Washington lui confia en 1778 le commandement de Philadelphie, ville stratégique où Arnold épousa Peggy Shippen un an plus tard. Toutefois, son tempérament irritable causa des frictions au sein de l’armée continentale. De plus, Joseph Reed, président du Conseil Suprême exécutif de Pennsylvanie et patriote convaincu, lança une campagne acharnée visant à ternir la réputation d’Arnold.

Cette hostilité, couplée à des difficultés financières croissantes, ébranla la confiance d’Arnold en une Amérique indépendante. Influencé par les opinions prononcées pro-britanniques de Peggy Shippen, son allégeance vacilla. Après avoir démissionné de son poste à Philadelphie, il profita d’une blessure à la jambe pour convaincre Washington de lui confier la défense du fort West Point.

C’est à ce poste qu’Arnold entra en contact secret avec le Major britannique John André. Ensemble, ils conspirèrent pour affaiblir les défenses de West Point et transmettre ses plans aux Britanniques. Bien que John André fut capturé puis exécuté, Arnold réussit à fuir et fut rapidement promu brigadier-général dans l’armée britannique. Dans une lettre adressée à Washington, il justifia ce revirement par son « amour pour son pays », révélant ainsi une vision profondément troublée de sa loyauté.

Portrait du Major-Général Arthur St. Clair

Né en Écosse en 1736, Arthur St. Clair s’était déjà illustré lors de la guerre de la Conquête, aussi appelée guerre de Sept Ans en Amérique du Nord, avant de s’installer en Pennsylvanie où il devint un important propriétaire terrien. Patriote engagé dans la lutte pour l’indépendance, il obtint le grade de colonel dans l’armée continentale. Peu après sa promotion au rang de brigadier général en 1777, ses conseils furent déterminants pour permettre à George Washington de reprendre Princeton aux Britanniques.

En récompense, il reçut la même année le commandement du fort Ticonderoga. Toutefois, son inexpérience conduisit à une grave erreur stratégique : il positionna ses troupes à l’intérieur du fort, le rendant vulnérable aux canons britanniques. La perte de Ticonderoga fut un désastre qui entraîna sa mise en accusation par cour martiale. Malgré cette débâcle, St. Clair poursuivit son service militaire.

Gouverneur du Territoire du Nord-Ouest, il négocia le traité de Fort Harmar, imposant la cession de terres autochtones et forçant les tribus à se déplacer. En 1791, il mena environ 2 000 soldats mal équipés et démoralisés pour réprimer les tribus locales. Cependant, près de la moitié de ses hommes avaient déserté avant que les Indiens ne lancent une attaque surprise, déjà redoutée par Washington.

Cette embuscade sanglante, connue sous le nom de « Défaite de St. Clair », causa la mort d’un quart des troupes américaines. George Washington déclara alors : « Oh, Dieu, il est pire qu’un meurtrier. » Cet échec retentissant donna lieu à la toute première enquête du Congrès sur l’exécutif. Quant à St. Clair, son renom fut irrémédiablement entaché et il mourut sans le sou en 1818.

Portrait du général William Hull

William Hull s’est distingué en tant qu’officier et major dans l’Armée continentale pendant la Guerre d’Indépendance, gagnant ainsi l’estime de plusieurs officiers supérieurs. Cependant, son destin allait connaître un tournant décisif durant la Guerre de 1812. Après la révolution, Hull s’établit en Massachusetts et s’engagea en politique. En 1805, il fut nommé gouverneur du territoire du Michigan par le président Thomas Jefferson, poste qui le plaça en conflit avec les populations amérindiennes locales à la suite de déplacements forcés de tribus.

En 1812, alors qu’il approchait de ses 60 ans et souhaitait préserver sa carrière politique, Hull accepta le grade de général de brigade. Il conduisit alors la 4e infanterie et la milice de l’Ohio dans l’invasion du Canada. Dès le départ, cette campagne manquait de préparation : ses troupes étaient mal disciplinées, mal équipées, et les Britanniques réussirent à s’emparer d’une grande partie de leurs ressources ainsi que de documents personnels stratégiques de Hull. Bien qu’il ait traversé la frontière canadienne, Hull préféra rapidement se replier vers le fort de Détroit.

Isolé, Hull fut astucieusement dupé par le général britannique Isaac Brock et le chef amérindien Tecumseh, qui lui firent croire qu’ils étaient largement supérieurs en nombre. En réalité, la situation était inverse. Étonnamment, le général intimidé accepta les exigences de reddition sans livrer bataille. Cette capitulation provoqua un procès en cour martiale où Hull fut condamné à mort pour manquement à ses devoirs. Finalement, le président James Madison le grâcia, tenant compte de ses services passés. Hull consacra alors le reste de sa vie à tenter de redorer son image ternie.

Photographie du général Gideon Pillow

Né en 1806, Gideon Johnson Pillow bénéficia de relations étroites avec le président James K. Polk, ce qui lui permit d’être nommé général de brigade lors de la guerre américano-mexicaine. Pourtant, son aptitude militaire laissa grandement à désirer. Lors des combats, il creusa des tranchées du mauvais côté des fortifications de Camargo, avant de s’attribuer exagérément des mérites dans les victoires de Contreras et Churubusco, provoquant la colère du général en chef Winfield Scott avec lequel il entretint une rancune tenace.

À l’éclatement de la guerre de Sécession, Pillow commandait comme général de brigade dans l’armée confédérée à la bataille de Belmont, première confrontation d’Ulysses S. Grant, où il eut une performance suffisante pour recevoir les remerciements du Congrès confédéré et une commande temporaire du fort Donelson.

Cependant, après avoir ordonné une retraite téméraire, le fort fut assiégé en 1862. Le commandement fut temporairement confié à Pillow par le général John B. Floyd avant qu’il ne le cède à Simon Bolivar Buckner, qui capitula rapidement devant Grant. L’année suivante, lors de la dernière journée de la bataille de Stones River, le major général John C. Breckenridge accusa Pillow de s’être réfugié derrière un arbre au lieu de mener la charge confédérée. Cette version fait toutefois l’objet de débats parmi les historiens, certains soulignant un manque de preuves tangibles.

Portrait de l'ancien général américain George B. McClellan

George B. McClellan était incontestablement un homme brillant. Diplômé deuxième de sa promotion à West Point, il était un leader naturel, un excellent organisateur et un administrateur efficace. Cependant, son ego colossal l’a fréquemment conduit à surestimer les obstacles, se présentant comme le sauveur du pays tout en dénigrant ses pairs et même ses supérieurs.

En 1861, après une victoire à la bataille de Rich Mountain, Abraham Lincoln le nomma major général. Bien que cette réussite fût suivie par une défaite majeure de l’Union à Bull Run, l’une des plus grandes erreurs de la Guerre de Sécession, McClellan se vit confier le commandement total de l’Armée du Potomac. Surnommé « Napoléon » par la presse, il se considérait comme l’homme providentiel, n’hésitant pas à critiquer ouvertement ses collègues, y compris le président Lincoln qu’il traitait de « gorille ».

Selon Richard Striner dans son ouvrage Father Abraham, l’assurance affichée de McClellan masquait une vulnérabilité profonde, décrite comme une « façade fragile ». Striner le qualifie même de « faible au point d’être timoré ». Lors de la campagne de la Péninsule en 1862, McClellan multiplia les retards tandis que les assauts incessants de Robert E. Lee l’obligèrent à renoncer à la prise de Richmond. Après la bataille d’Antietam, son immobilisme redevint évident, et en octobre, il désobéit à deux reprises aux ordres de Lincoln de déplacer son armée. En novembre 1862, le président prit la décision de le démettre de son commandement.

Photo du Général américain Jacob H. Smith

La guerre américano-philippine, qui s’est déroulée de 1899 à 1902, survint immédiatement après la guerre hispano-américaine. Suite à cette dernière, les Philippines furent placées sous contrôle américain. Le mouvement indépendantiste, dirigé par Emilio Aguinaldo, qui avait initialement soutenu les États-Unis, se sentit trahi lorsque les aspirations des Philippins à la reconnaissance de leur indépendance furent ignorées. Le conflit éclata alors, et le président William McKinley procéda à l’annexion de l’archipel.

Dans ce contexte tendu intervint le général Jacob Hurd Smith, à la tête de la campagne de Samar en 1902. Cette opération militaire débuta après une attaque en 1901 sur la ville de Balangiga, au cours de laquelle 54 soldats américains furent tués. En représailles, Smith interdit aux habitants de quitter la région, coupa les approvisionnements alimentaires afin qu’ils ne parviennent pas aux insurgés, puis procéda à la destruction de villages et de cultures. Il se tourna ensuite vers la population locale avec des ordres d’une extrême brutalité.

Il instruisit le Major Littleton W. T. Waller ainsi : « Tuez et brûlez ; plus vous tuerez et brûlerez, mieux cela me plaira », selon les archives de Scioto Historical. Smith précisa même que Waller devait « tuer tous ceux de plus de dix ans » et demanda par écrit que « l’intérieur de Samar soit transformé en un désert hurlant ». Malgré le retour accueilli en héros sur le sol américain, le général Smith fut traduit en conseil de guerre pour « conduite préjudiciable au bon ordre et à la discipline militaire », avec une recommandation d’« admonestation », comme le rapporta The New York Times.

Le président Theodore Roosevelt prit une mesure exceptionnelle en décidant de le retirer du service actif. Ce chapitre sombre illustre à quel point des décisions militaires controversées peuvent marquer durablement l’histoire des États-Unis, rappelant la complexité des guerres coloniales et leurs répercussions humaines.

Portrait du général américain John J. Pershing

John J. Pershing, lauréat du prix Pulitzer et seulement le deuxième homme à recevoir le titre de général des armées, est souvent salué comme un grand chef militaire. Pourtant, en creusant un peu son rôle à la tête de la Force expéditionnaire américaine durant la Première Guerre mondiale, une autre image apparaît.

Arrivé en France en 1917, Pershing constata que les forces américaines manquaient non seulement d’armes, mais que la baïonnette était même considérée comme une arme « obsolète ». Refusant cette idée, il répondit : « Parlez pour vous ». Malgré des pertes massives lors des affrontements à Belleau Wood et Soissons, Pershing et les hauts responsables américains maintenaient une stratégie consistant à envoyer leurs hommes au pas de charge face à l’ennemi, sans tenter d’utiliser les couvertures disponibles.

Mais ce n’est pas cette seule obstination tactique qui entachait sa réputation. Dans son ouvrage Betrayal at Little Gibraltar, William Walker raconte comment Pershing a activement attisé la rivalité entre deux généraux majeurs, George Cameron et Robert Lee Bullard. Cette compétition interne a eu des conséquences dramatiques pour la 79e division, prise en tenaille par les Allemands au village de Montfaucon.

Après la guerre, Pershing fut même interrogé par la Commission des affaires militaires de la Chambre des représentants sur la question de savoir s’il avait envoyé des hommes « en première ligne » après la signature de l’armistice. Pershing déclara alors qu’il ignorait que les hostilités étaient terminées et qu’il obéissait simplement aux ordres.

Photo du général américain Douglas MacArthur

Douglas MacArthur est souvent considéré comme l’un des officiers les plus décorés des États-Unis, mais sa réputation est ternie par ses erreurs stratégiques et un ego démesuré. En 1932, par exemple, il n’hésita pas à employer des gaz lacrymogènes contre des vétérans de la Première Guerre mondiale.

Lors de l’attaque de Pearl Harbor, MacArthur ne déplaça pas les avions américains stationnés aux Philippines, les laissant ainsi vulnérables aux assauts japonais. Bien qu’il ait suivi l’ordre d’abandonner Bataan et Corregidor pendant la Seconde Guerre mondiale, il abandonna ses hommes à la capitulation, les condamnant à subir la terrible Marche de la Mort et des années dans les camps de prisonniers japonais.

Sa gestion des opérations militaires dans le Pacifique fut également critiquée. Alors que des milliers de marines américains mouraient pour prendre une piste d’atterrissage à Peleliu, MacArthur changea brusquement de stratégie en décidant de ne pas envahir Mindanao, île voisine pourtant stratégique.

Pendant la guerre de Corée en 1950, après avoir repris Séoul, MacArthur s’entêtait à avancer vers la frontière chinoise malgré les renseignements signalant la concentration de 300 000 soldats chinois. Ce choix conduisit à une retraite désastreuse. Pis encore, sa demande d’utilisation d’armes atomiques contre la Chine provoqua son renvoi par le président Harry Truman.

Truman expliqua plus tard dans son livre Plain Speaking : « Je l’ai renvoyé parce qu’il ne respectait pas l’autorité du président. Ce n’était pas parce qu’il était stupide, bien qu’il le fût, mais ce n’est pas une infraction pour un général. »

John P. Lucas : Seconde Guerre mondiale

Portrait du général américain John P. Lucas

En janvier 1944, le général de division américain John P. Lucas, alors âgé de 54 ans, fut choisi par le lieutenant-général Mark Clark pour diriger un assaut amphibie contre Anzio. L’opération Shingle s’inscrivait dans un plan plus vaste visant à reprendre Rome aux mains des forces allemandes. Toutefois, Lucas se montra dès le départ très sceptique quant à la viabilité de cette mission. Dans son journal intime, il écrivait : « Toute cette affaire dégage une forte odeur de Gallipoli et apparemment le même amateur est toujours sur le banc de touche ».

Malgré ses doutes, et après une répétition catastrophique, le débarquement du 22 janvier à Anzio fut initialement un succès, rencontrant peu de résistance allemande. Cependant, les complications surgissent rapidement. Lucas resta cantonné sur la plage, fortifiant sa position, mais ne lança pas l’offensive vers les collines albanaises, où il avait pourtant reçu l’ordre explicite de couper les communications allemandes.

Quelques jours avant l’opération, Clark l’avait mis en garde contre toute initiative trop audacieuse, lui rappelant son propre échec à Salerne causé par une avance trop rapide. Lucas opta donc pour la prudence, mais ce choix permit aux Allemands de réorganiser leurs défenses autour d’Anzio. Au fil des semaines, les pertes alliées s’accumulèrent, et la patience envers Lucas s’amenuisa. Sa réputation fut sévèrement entachée, le classant parmi les pires généraux de la Seconde Guerre mondiale, et il fut relevé de son commandement le 22 février.

Général américain William Westmoreland

Le général William Childs Westmoreland incarne parfaitement la différence entre l’apparence d’un leader militaire et la réelle aptitude à diriger dans des situations complexes. Ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre de Corée, il prend le commandement des forces américaines au Vietnam entre 1964 et 1968. Pourtant, l’histoire le juge sévèrement.

Sa stratégie face à la guerre du Vietnam s’appuyait sur une attrition constante : il s’agissait de lancer continuellement plus d’hommes et de puissance de feu pour épuiser l’ennemi. Cependant, comme l’a souligné Lewis Sorley dans son ouvrage Westmoreland : Le général qui a perdu le Vietnam, un officier supérieur notait que Westmoreland « n’a jamais vraiment compris la guerre », ce qui explique l’échec sanglant de sa doctrine.

Plus encore, Westmoreland ne soutient pas pleinement le programme officiel de pacification et de développement à long terme du Sud-Vietnam, connu sous le nom de PROVN. Cette négligence laisse les forces sud-vietnamiennes mal équipées et sans appui pendant trop longtemps. Pire encore, lorsqu’une importante concentration des forces ennemies est détectée avant l’offensive du Têt en 1968, Westmoreland et plusieurs autres responsables ignorent ces renseignements, avec des conséquences catastrophiques.

Après le désastre du Têt et face à la chute du soutien populaire à la guerre aux États-Unis, Westmoreland commet l’erreur majeure de tromper le président Lyndon B. Johnson sur les résultats de sa campagne d’attrition, demandant plus de 200 000 troupes supplémentaires. Le président refuse cette demande et Westmoreland est rapidement remplacé par le général Creighton Abrams.

Tommy R. Franks : la guerre en Irak

Photo du général américain Tommy Franks

Quelques semaines après les attentats du 11 septembre contre les États-Unis, Osama ben Laden et son groupe terroriste al-Qaïda furent rapidement identifiés comme les responsables. Ils devinrent alors la cible principale de la guerre contre le terrorisme lancée par l’administration Bush, qui comprenait notamment la bataille de Tora Bora en Afghanistan, en décembre 2001.

La CIA était convaincue d’avoir Ben Laden à portée de main et demanda l’appui des forces spéciales de l’Armée, les Rangers, mais cette requête fut refusée par le général Tommy Franks. Quelques mois plus tard, lors de l’opération Anaconda en Afghanistan, où les combattants d’al-Qaïda et les talibans étaient cernés, il refusa également d’envoyer des troupes. Cela permit à la fois à Ben Laden et aux talibans de s’échapper au Pakistan. Pourtant, selon Franks, « le résultat de l’opération fut également exceptionnel ».

En 2003, le général Franks dirigea l’invasion de l’Irak. Sa stratégie principale fut de déclencher le conflit, mais il ne prévoyait aucune solution claire pour la fin des hostilités, l’instauration d’une stabilité durable, ni la passation du pouvoir aux autorités irakiennes. Même avant l’invasion, il minimisait les inquiétudes concernant le faible nombre de troupes américaines déployées.

Dans une interview accordée à CBS en 2004, Franks expliqua : « Nous avons choisi de partir avec une force réduite et un plan pour accroître les effectifs si nécessaire au fil du temps. » Néanmoins, le lieutenant-général Ricardo Sanchez affirma que Franks lui avait assuré que les soldats américains seraient partis avant la fin de 2003. En réalité, le retrait complet ne s’est achevé qu’en décembre 2011.

Général américain Ricardo Sanchez en gros plan

Dans son article « General Failure » publié en 2012 dans The Atlantic, Thomas E. Ricks dresse un portrait sévère du général Ricardo Sanchez, successeur de Tommy Franks à la tête des forces américaines au sol en Irak. Ricks le qualifie de « figure tragique », d’« officier médiocre » et de « micro-manager invétéré ». Là où le général David Petraeus faisait preuve d’adaptabilité face à la complexité du conflit irakien, Sanchez semble être resté incapable de s’ajuster à la situation. Le vice-secrétaire d’État de l’époque, Richard Armitage, se confiait même en pensant : « Ce type ne comprend rien ». Mais ce qui allait suivre fut encore plus grave.

C’est sous son commandement que des milliers de détenus irakiens furent enfermés illégalement dans ce qui deviendrait la tristement célèbre prison d’Abu Ghraib. Constatant d’abord ces dérapages comme un simple « relâchement de la discipline » et niant toute approbation, un rapport du Comité sénatorial des forces armées de 2008 en établit une toute autre vérité. Ce document affirme que les abus à Abu Ghraib n’étaient pas l’œuvre isolée de quelques soldats agissant de leur propre chef, mais qu’ils avaient été « approuvés par le lieutenant-général Ricardo Sanchez » et qualifie ces pratiques d’« érosion des standards exigeant un traitement humain des détenus ».

Ce scandale poussa Sanchez à prendre sa retraite en 2006. Dans son livre Wiser in Battle, publié la même année, il critique l’invasion de l’Irak comme une « erreur stratégique aux proportions historiques ». Plus récemment, en juin 2020, il fit à nouveau la une en qualifiant le président Donald Trump de « raciste » lors d’une interview pour The Atlantic.

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