Les sites de sépulture célèbres disparus à jamais

par Zoé
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Les sites de sépulture célèbres disparus à jamais
France, Italie, États-Unis

Les figures historiques et leurs sépultures mystérieuses

Dégradation représentant le cortège funéraire d'Alexandre le Grand

De nombreuses personnalités célèbres reposent dans des tombes non marquées. Que ce soit par manque de moyens ou par volonté d’éviter que des admirateurs (ou des détracteurs) ne se massent sur leur lieu de sépulture, ces circonstances expliquent parfois l’absence de plaques funéraires. Toutefois, ce n’est généralement pas le cas. Des figures emblématiques comme Genghis Khan, Attila le Hun ou Kamehameha I d’Hawaï ont vu leurs sépultures délibérément dissimulées pour des raisons culturelles ou religieuses, rendant leur localisation encore inconnue à ce jour.

Pourtant, d’autres personnages historiques ont bénéficié de funérailles grandioses dans de gigantesques mausolées. Leur dernier repos n’était pas un secret, et les endeuillés venaient régulièrement se recueillir. Curieusement, certaines de ces tombes, dont l’emplacement était auparavant connu, ont complètement disparu avec le temps. Bien que des pistes soient envisagées par des historiens, archéologues et passionnés, aucun emplacement n’a encore été confirmé. Voici quelques-uns des célèbres sites de sépulture disparus qui restent introuvables aujourd’hui.

Caligula

Un buste de Caligula dans un parc

Malgré son surnom affectueux de « petit botte », Caligula est l’un des empereurs romains les plus néfastes de l’histoire. Peu populaire, mentalement instable et d’une cruauté sadique, son règne a été marqué par des excès et des abus de pouvoir. Son assassinat, survenu lors de l’année 41 après J.-C., à l’âge de 28 ou 29 ans, n’a pas soulevé beaucoup de regrets au sein de l’Empire romain.

Après sa mort, il semble que son corps ait été brûlé en partie et inhumé dans une tombe peu profonde. Ses sœurs, exilées, furent finalement autorisées à revenir à Rome, où elles exhumèrent ses restes pour procéder à une incinération appropriée. Certains spéculent que ses cendres auraient pu être enterrées dans le Mausolée d’Auguste, un membre de sa famille, bien que cela reste sans preuves tangibles.

En 2011, les policiers italiens ont annoncé avoir découvert par accident le lieu de sépulture final de Caligula. Cela s’est produit lors de l’arrestation d’un homme transportant une statue romaine antique en marbre rare. Ils ont conclu qu’il pourrait s’agir de Caligula, car la statue portait les bottes qu’il aurait portées, et la sépulture d’origine se trouvait près d’une de ses villas. Toutefois, les historiens ont rapidement contesté cette assertion, soulignant qu’un empereur détesté et assassiné n’aurait pas eu droit à un beau tombeau avec une statue somptueuse. Ainsi, à ce jour, l’emplacement exact de sa sépulture demeure un mystère.

Anne Bradstreet

Dessin d'Anne Bradstreet écrivant

Il est fort probable que vous n’ayez pas entendu parler d’Anne Bradstreet lors de vos cours d’histoire, et c’est regrettable. « Bien que nous ne sachions pas grand-chose à son sujet, elle était une figure connue au XVIIe siècle, tant ici qu’en Angleterre », révèle la professeure Christy Pottroff. En 1650, elle publie un recueil de poésie intitulé The Tenth Muse Lately Sprung Up in America. Cette œuvre fait d’elle la première écrivaine originaire des colonies nord-américaines à être publiée, remportant un immense succès. En plus de ses réalisations personnelles, elle était bien connectée, son père et son mari ayant été gouverneurs de la colonie du Massachusetts.

Cependant, la tombe de cette célèbre puritaine a disparu. Depuis 2018, un groupe d’étudiants et de professeurs du Merrimack College s’engage activement dans le projet « Trouver Anne Bradstreet », à la recherche de son lieu de sépulture. On pense qu’elle repose soit à North Andover, soit à Salem, dans le Massachusetts. En attendant de connaître son emplacement exact, une pierre tombale commémorative a été érigée en son honneur en 2000 à l’Old North Parish Burying Ground, l’un des lieux possibles. De plus, en 2024, un projet de statue a été proposé.

Les historiens ne s’intéressent pas seulement à sa tombe. Des interrogations subsistent également sur les lieux de vie d’Anne Bradstreet à North Andover. En 2024, après quatre années de recherches, deux universitaires pensent avoir localisé deux de ses résidences. Ces découvertes montrent qu’il est possible de trouver des indices sur son histoire et ravivent l’espoir de retrouver son dernier repos.

Alexandre le Grand

Représentation ancienne d'Alexandre le Grand à cheval

Alexandre le Grand ne faisait jamais les choses à moitié. À l’âge de 32 ans, en 323 av. J.-C., sa mort nécessitait des funérailles grandioses. Décédé à Babylone, loin de sa Macédoine natale, son corps fut momifié et exposé sur place avant d’être transporté à la maison dans un immense cortège funèbre. Cela aurait été le cas, si son ami Ptolémée n’avait détourné la procession pour ramener le corps d’Alexandre en Égypte.

On pense qu’Alexandre fut d’abord enterré à Memphis, dans un mausolée emprunté, qui était suffisamment majestueux. Pendant son interment, son successeur, Périclès, tenta d’envahir l’Égypte pour s’emparer de son corps, mais échoua. Parallèlement, Ptolémée prépara au moins un tombeau élaboré pour son ami à Alexandrie. Ce tombeau, appelé le Soma, se situait à un carrefour majeur de la ville et de nombreux empereurs romains s’y rendaient pour rendre hommage. La dernière visite enregistrée date de l’an 215 apr. J.-C. Toutefois, le tombeau d’Alexandre fut également victime de pillages répétés et de dégradations dues aux catastrophes naturelles.

Selon certaines sources anciennes, à partir de l’an 400 apr. J.-C., personne ne savait où se trouvait son tombeau, même pas les habitants d’Alexandrie. Bien que d’autres témoignages affirmassent l’avoir aperçu après cette date, aucune information précise sur son emplacement n’a jamais été fournie, entraînant ainsi la perte de son tombeau pour l’histoire. À ce jour, personne ne sait ce qu’il est advenu du corps d’Alexandre le Grand.

Tecumseh

Gravure de Tecumseh avec un chapeau à plumes

Tecumseh était un chef et guerrier shawnee, reconnu pour sa résistance à l’expansion des colons américains au début du XIXe siècle. Pour contrecarrer cette avancée, il prit le parti des Britanniques pendant la guerre de 1812, ce qui lui valut une fin tragique. Il trouva la mort lors de la bataille de la Thames, un événement marquant qui changea irrémédiablement le cours de l’histoire des Amérindiens.

Suite à sa mort, le corps de Tecumseh fut atrocement mutilé par des soldats américains. Les événements qui suivirent demeurent enveloppés de mystère, et de nombreuses versions coexistent quant à la destinée de ses restes. Selon les récits, les demeures de Tecumseh auraient été prises soit par les Shawnee, soit par des Britanniques ou des Canadiens, avant d’être enterrées à quelques kilomètres du champ de bataille. Plusieurs histoires évoquent des repères associés à sa sépulture, tels que des arbres spécifiques plantés à proximité de la tombe ou des marques, représentant parfois une tortue ou le nombre de ses ennemis abattus.

Pour ceux qui souhaitent rendre hommage au guerrier shawnee, il est possible de visiter une tombe qui prétend contenir ses restes. En 1840, un homme affirma avoir exhumé les restes de Tecumseh sur le champ de bataille, maintenant conservés dans un cairn sur l’île Walpole, avec une plaque indiquant qu’il s’agit du guerrier shawnee. Néanmoins, il est à noter qu’aucune preuve tangible n’atteste de l’authenticité de ces restes. En réalité, ce ne fut pas un seul corps qui fut découvert, mais des ossements provenant de plusieurs sépultures présentes sur le champ de bataille.

Eric Ier de Danemark

Pierre commémorative pour Eric Ier de Danemark en anglais et grec

Eric Ier de Danemark, également connu sous le nom d’« Eric le Bon », a été roi du Danemark pendant huit ans au cours du Moyen Âge. Bien que son règne ait été relativement court, il a réalisé de nombreux voyages au cours desquels il a rencontré les souverains de Grèce et de Rome, ainsi que plusieurs autres rois. Son désir d’explorer l’a conduit à entreprendre un pèlerinage en Terre Sainte, avec un arrêt à Chypre, où il est décédé en 1103. Plutôt que de tenter de transporter le corps d’Eric à travers l’Europe, il a été inhumé sur l’île.

Les archives médiévales indiquent qu’il a été enterré à Paphos, mais l’emplacement exact demeure incertain. En 2007, le département des Antiquités de l’île a déclaré qu’en raison du manque d’informations, la découverte de son site de sépulture était probablement impossible. Néanmoins, un mémorial a été érigé en 2002 en son honneur.

Cette connexion inattendue entre le Danemark et Chypre a forgé des liens entre les deux nations. Eric Ier est le seul monarque danois à ne pas être enterré dans son pays d’origine, créant ainsi une affection particulière pour la terre de son dernier repos. En 2008, une rue à Paphos a été nommée en son honneur. Quelques mois auparavant, le ministre danois de l’Éducation, Bertel Haarder, avait déclaré : « Que nous trouvions ou non les restes d’Eric, il ne fait aucun doute qu’il est mort ici, et cela montre que de bonnes relations entre nos deux pays ont commencé il y a 900 ans ».

Atahualpa

A statue of Atahualpa with his hand in the air

En 1532, Atahualpa triomphe après avoir remporté une guerre civile dévastatrice contre son demi-frère pour le contrôle de l’Empire Inca. Pourtant, il ne pourra jamais célébrer sa victoire, car peu après, Francisco Pizzaro envahit la capitale, Cuzco. Lorsqu’Atahualpa refuse de se convertir au catholicisme et de se soumettre au roi d’Espagne, Pizzaro déclenche alors un massacre. Capturé, l’empereur tente de soudoyer ses ravisseurs avec des richesses, mais les Espagnols prennent le trésor et l’exécutent de toute façon.

Confronté à la mort, Atahualpa finit par accepter la conversion au catholicisme, non pas par foi subite, mais parce que Pizzaro promet qu’il sera étranglé plutôt que brûlé vif en cas de conversion.

D’après des sources, les Espagnols auraient enterré Atahualpa sous la place publique où il a été tué, mais certaines preuves suggèrent que son corps a été déplacé par son peuple. En effet, pour qu’un nouvel empereur inca soit couronné en présence des restes de son prédécesseur, il était crucial que le corps d’Atahualpa soit retrouvé. Les Espagnols pensaient que les Incas tentaient de déplacer des objets en or et en argent vers des grottes voisines, mais il pourrait s’agir en réalité de la dépouille d’Atahualpa.

Une théorie importante, mais controversée, tirée du testament du fils d’Atahualpa, suggère que son corps aurait été amené à Maiqui-Machay, bien que les archéologues ne s’accordent pas sur l’emplacement le plus probable, et de vastes fouilles archéologiques n’ont pas encore révélé de preuves concrètes.

Jacquetta de Luxembourg

Sketch of Jacquetta of Luxembourg by Peter Paul Rubens

Jacquetta de Luxembourg, fille du souverain du Luxembourg, devint la deuxième femme la plus influente d’Angleterre grâce à son mariage et à ses liens familiaux. Elle épousa un frère de Henri V d’Angleterre, accédant au titre de duchesse de Bedford. Bien qu’elle se retrouve veuve après moins de deux ans, à seulement 19 ans, Jacquetta hérita d’une grande fortune, lui permettant de mener une vie indépendante. Son second mariage, motivé par l’amour et avec un homme considéré comme socialement inférieur, fut controversé mais couronné de succès, donnant naissance à 14 enfants, dont Élisabeth Woodville, qui deviendra reine consort d’Édouard IV.

Malgré ses vastes connexions à la couronne et sa richesse personnelle, la vie de Jacquetta ne fut pas pleinement heureuse. Elle vécut au cœur de la guerre des Deux-Roses, marquée par un jeu de pouvoir entre sa famille et ses ennemis. En 1469, elle fut accusée de sorcellerie pour avoir prétendument manipulé le mariage de sa fille avec le futur roi. Ces accusations furent prises très au sérieux; elle fut arrêtée et des éléments de preuve, y compris de petites figurines en plomb censées avoir été utilisées dans un rituel magique, furent présentés contre elle. Jacquetta réussit à solliciter l’aide du maire de Londres pour sa défense et fut finalement libérée.

Jacquetta décéda en 1472. À ce jour, les historiens n’ont pas réussi à retrouver des documents indiquant son lieu de sépulture, et aucune tombe connue n’existe, bien que certaines théories suggèrent qu’elle pourrait être inhumée à Grafton Regis, l’endroit où elle vivait.

Alfred le Grand

Une statue d'Alfred le Grand tenant une épée sous un ciel bleu

Alfred le Grand, Roi du Wessex, est surtout connu pour avoir été le premier roi à régner sur « tous » les Anglais. Cependant, il semble que son corps ait voyagé presque autant après sa mort qu’il ne l’avait fait de son vivant. Après la mort mystérieuse d’Alfred en 899 après J.-C., son corps fut d’abord enterré au Minster (une grande église) dans la capitale du Wessex, Winchester. Toutefois, une nouvelle église plus imposante était en construction, et une fois achevée quelques années plus tard, ses restes furent transférés de ce qui était désormais appelé l’Ancien Minster au Nouveau Minster.

Cela ne serait pas son dernier lieu de repos, loin s’en faut. En 1110, les moines du Nouveau Minster, confrontés à divers problèmes, notamment avec leurs voisins du Vieil Minster, se déplacèrent vers l’abbaye de Hyde en emportant avec eux les restes d’Alfred. Ces derniers y reposèrent apparemment jusqu’en 1538, lorsque l’abbaye de Hyde fut fermée, comme de nombreux autres monastères, suite au rejet du catholicisme par Henri VIII pour épouser Anne Boleyn. Pendant cette période, la tombe d’Alfred fut pillée et ses ossements ont peut-être été exposés.

Il a été supposé que les restes d’Alfred avaient été finalement transférés à l’église Saint-Bartholomew, mais des tests effectués sur ce que l’on croyait être ses os ont révélé qu’ils dataient de plusieurs siècles après sa mort. Un morceau de l’os du bassin trouvé à l’abbaye de Hyde en 1999 provient au moins de la bonne époque, et pourrait être celui d’Alfred ou de son fils. Quant à son ultime repos, nul ne le sait avec certitude.

Boudicca

Statue de Boudicca avec des chevaux qui sautent

Boudicca était la reine des Iceni, une tribu située sur ce qui est aujourd’hui l’Angleterre, durant l’époque de l’invasion romaine. Sa vie fut marquée par un conflit incessant, qui a abouti à une mort aussi dramatique que son existence. Malgré la célébrité dont elle bénéficie aujourd’hui en Grande-Bretagne, symbolisée par une imposante statue sur la Tamise près du Parlement, le lieu de sa sépulture reste un mystère total.

Selon l’historien antique Cassius Dio, elle aurait reçu une sépulture luxueuse de la part de son peuple. Si ces informations sont exactes, son tombeau devait être facilement identifiable, ou du moins, avoir été culturellement significatif pendant une période prolongée. Pourtant, aucune donnée concernant l’emplacement de son tombeau n’a perduré jusqu’à nos jours. Certains historiens émettent l’hypothèse qu’un enterrement élaboré aurait été improbable compte tenu des coutumes de sa tribu.

Toutefois, cela n’a pas empêché les conjectures. En fait, plusieurs sites en Angleterre sont supposés abriter la sépulture de la reine Iceni, après sa défaite face aux Romains en 60 ou 61 après J.-C. Parmi les emplacements suggérés, bien que souvent sans preuves tangibles, se trouvent sous Stonehenge, à Birmingham, dans le Gloucestershire, ou encore en Norfolk. Londres est également envisagée, mais aucune consensus n’émerge quant au quartier précis de la ville où pourrait se situer son tombeau. Les spéculations varient de la station King’s Cross à Hampstead Heath, jusqu’à Peckham Rye.

Leonard de Vinci

Dessin de Léonard de Vinci portant un chapeau

Léonard de Vinci, l’incarnation même de l’homme de la Renaissance, était un artiste, ingénieur et architecte dont les talents multiples ont marqué son époque. Même de son vivant, les dirigeants se pressaient pour bénéficier de ses compétences. En dépit de ses origines italiennes, Léonard est décédé en France, et il est probable que le roi de France ait été présent à ses côtés lors de ses derniers instants. Conformément à ses dernières volontés, il fut inhumé au Château d’Amboise, à proximité.

Cependant, au cours de la Révolution française et durant les années napoléoniennes, l’église d’Amboise se dégrada et fut en grande partie détruite, plusieurs corps qui y étaient enterrés furent exhumés et dispersés. En 1863, des restes humains susceptibles d’appartenir à Léonard furent récupérés et réenterrés à la Chapelle de Saint-Hubert. Néanmoins, aucune preuve tangible ne confirme qu’il s’agisse bien des ossements du célèbre artiste. Aujourd’hui, ces restes sont exposés sous un imposant tombeau en marbre arborant son nom, mais seuls des visiteurs égarement découvrent sur une plaque à proximité que ces restes sont seulement « présumés » être les siens.

À l’horizon 2025, un projet est en cours pour identifier les descendants indirects de Léonard afin de vérifier l’authenticité de ces ossements. Cette enquête implique d’extraire de l’ADN de ses œuvres, d’une mèche de cheveux, ainsi que des ossements, tout en retraçant son arbre généalogique. Bien que cette initiative soit en préparation depuis plusieurs années, aucune conclusion définitive n’a été annoncée jusqu’à présent, laissant l’emplacement de son dernier repos encore enveloppé de mystère.

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