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The Strange Story Of New York’s Abandoned Castle On A Haunted Island
« Les capitaines des embarcations fluviales racontent l’apparition d’un petit gobelin hollandais au bas arrondi, vêtu d’un pantalon à bretelles et coiffé d’un chapeau en forme de cône, tenant une trompette. Ils affirment l’avoir entendu, par temps d’orage, au milieu du tumulte commander, en vieux néerlandais, qu’il insufflait une nouvelle bourrasque. »
Ces propos évoquent les récits de l’Île de Pollepel, située à mi-parcours sur le fleuve Hudson, là où le cours d’eau se resserre au nord de l’actuel West Point. Ce lieu, décrit en 1822 dans la nouvelle « The Storm Ship » de Washington Irving, a inspiré un mystère qui s’est concrétisé 78 ans plus tard sur ce promontoire rocheux.
Vers 1900, l’immigrant écossais Francis Bannerman et son fils David acquièrent l’Île de Pollepel et entreprennent la construction du château Bannerman, destiné à rappeler les châteaux d’origine écossaise. Ce bâtiment, certes éloigné de l’habitation ou de la forteresse traditionnelle, fut érigé comme installation de stockage pour les surplus d’équipements militaires accumulés depuis la guerre de Sécession jusqu’à la Première Guerre mondiale. Après le décès de Bannerman en 1918, une explosion accidentelle de munitions entraine en partie l’effondrement du château, accentué par les tempêtes, les incendies et le vandalisme au fil des décennies. Aujourd’hui, le Bannerman Castle Trust préserve ce site devenu attraction touristique.
A haunted island turned haunt of the goblin king
Peu de détails nous parviennent concernant les légendes amérindiennes entourant l’Île de Pollepel, si ce n’est que ses habitants évitaient ce lieu pour des raisons mystérieuses. Certains récits indiquent que des fugitifs fuyaient des tribus et trouvaient refuge sur l’île, tandis que d’autres précisent que les Amérindiens s’en éloignaient surtout à la tombée de la nuit. D’après plusieurs témoignages, l’île serait le théâtre de présences spectrales et de gobelins.
Ce lien avec les gobelins s’inscrit également dans l’héritage des colons néerlandais qui s’installèrent le long de l’Hudson dès l’époque de « Nieuw Nederland », établissement qui fit de New Amsterdam la capitale, jusqu’à la conquête anglaise. Dès l’époque de Washington Irving, le souvenir de New Amsterdam demeurait vivace, et la référence au « petit gobelin hollandais » dans « The Storm Ship » rappelle les croyances selon lesquelles l’île était hantée. Parmi ces récits, figure celui du roi des gobelins, le « Lord of Dunderberg », qui aurait reçu sur l’île des offrandes destinées à apaiser ses esprits.
Dutch tales of drunkenness, horror, and romance
Outre le conte du roi-gobelin, d’autres légendes néerlandaises entourent l’Île de Pollepel. Selon l’une d’elles, des marins ivres étaient abandonnés sur l’île en guise de sacrifice pour satisfaire le caprice du chef des gobelins. D’autres récits parlent d’ouragans brusques, orchestrés par une entité mystérieuse surnommée « The Storm King », qui enveloppait les navires de tribus de gobelins sauvages.
Une version moins fantastique avance que ces marins, déposés sur l’île pour recouvrer leur sobriété dans un environnement jugé éprouvant et inquiétant, auraient inventé des histoires de créatures nocturnes. Le terme « pollepel » signifie en néerlandais « louche », ce qui pourrait être lié tant à la dénomination des marins qu’à celle de l’île. D’autres explications évoquent la chance d’une jeune fille nommée Polly Pell, qui, en jouant sur le fleuve, fut sauvée d’une chute dans la glace grâce à la proximité de l’île, donnant ainsi lieu à un jeu de mots homophone.
The abandoned Bannerman arms depot
On ignore si Francis Bannerman et son fils étaient au fait des récits autochtones ou néerlandais concernant la prétendue hantise de l’île. Selon le récit relaté sur le site du château, c’est lors d’une sortie en canoë le long de l’Hudson que David Bannerman aperçut l’Île de Pollepel et incita son père à l’acquérir. Bannerman envisageait d’utiliser ce promontoire comme dépôt sécurisé pour entreposer munitions, équipements militaires et ferrailles liés à son commerce. Bien que qualifié de « château », l’édifice ressemble davantage à une demeure de pierre inspirée des châteaux écossais, et ne fut jamais destiné à l’habitation. Pour sa part, la famille Bannerman occupait une résidence distincte construite à proximité, utilisée jusque dans les années 1930.
La malchance fut de la partie dès le départ : la construction inachevée au moment du décès de Bannerman en 1918 précède l’explosion d’environ 90 kg de munitions qui dévasta une partie du bâtiment quelques années plus tard. La disparition de la famille fut suivie, dans les années 1950, par la destruction de la liaison maritime menant à l’île et, en 1957, par l’abandon complet du site avant que l’État de New York n’en prenne possession. Incendies et actes de vandalisme, comme celui de 1969 ayant duré trois jours, contribuèrent à transformer le château en ruine, alimentant à jamais les légendes de fantômes et de gobelins qui planent sur ce lieu.
Haunted tourist site and strange riverside oddity
Aujourd’hui, le château Bannerman se distingue non seulement par sa rareté, les châteaux étant exceptionnels aux États-Unis, mais aussi par sa situation atypique en bord de l’Hudson, accessible via la Route 9D. L’édifice est visible depuis les sentiers et permet, à ceux qui le souhaitent, de s’en approcher en canoë ou simplement de l’admirer lors d’une randonnée.
Paradoxalement, ce lieu chargé d’une histoire tumultueuse est devenu un point d’intérêt touristique. De nombreuses formules de visites sont proposées, allant de croisières et balades pédestres à des excursions en kayak, sans oublier des festivals de théâtre et des projections en plein air. Ces activités contrastent avec les avertissements ancestraux et les légendes qui évoquent une île hantée, révélant ainsi la capacité des acteurs du site à transformer une histoire étrange en une attraction culturelle originale.