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Histoire
La croyance religieuse jamaïcaine du rastafarisme est probablement l’une des plus incomprises de la planète – en effet, beaucoup de ceux qui ont entendu parler du mouvement ignorent qu’il s’agit d’une religion à part entière. Une partie du problème auquel font face les rastafaris est la formidable popularité de leur image dans la culture populaire, principalement portée par le succès du reggae dans les années 1960 et 1970, en particulier celui de Bob Marley et des Wailers, qui ont enregistré des tubes à travers le monde.
Marley lui-même est rapidement devenu le rastafari le plus en vue au monde, ses paroles reflétant ses convictions religieuses. Sa chanson « Selassie is the Chapel », par exemple, fait directement référence à Haïlé Sélassié, l’ancien Empereur d’Éthiopie adoré par de nombreux rastafaris pratiquants.
Avec Marley devenant une figure majeure de la culture pop qui a contribué à populariser le terme « rastafari » à l’échelle mondiale, il est souvent mal interprété comme étant simplement un style de vie, tandis que l’apparence stéréotypée des rastafaris incluant le port de dreadlocks est souvent à tort reléguée à un simple choix de mode. Cependant, on affirme souvent que les dreadlocks sont une référence à Sélassié, en particulier à son exil de 1935, pendant lequel les guerriers loyaux à l’empereur ont refusé de se couper les cheveux jusqu’à ce que leur leader soit restauré sur le trône d’Éthiopie. Pour de nombreux rastafaris, les dreadlocks symbolisent le courage et la force, une idée en résonance avec l’histoire de Sélassié. Mais il existe d’autres théories liées à l’origine de cette coiffure, en dehors du lien avec Sélassié.
Les dreadlocks dans la Bible?
Culture Club/Getty Images
Au cœur de la foi rastafarienne se trouve une base chrétienne, avec Haile Selassié considéré comme le Messie, la figure dans laquelle Jésus-Christ est revenu sur Terre, tel que prophétisé par le leader jamaïcain Marcus Garvey, bien que Selassié lui-même ait souvent nié cette affirmation. Ainsi, le rastafarisme puise son système de croyances dans la Bible, et c’est de ce texte sacré que certains croient que la notion de dreadlocks a d’abord pris naissance.
Une partie de la foi rastafarienne consiste à prendre le Vœu de Naziréen à la Séparation, tel qu’expliqué dans le Livre biblique des Nombres, qui empêche les pratiquants de boire de l’alcool, d’entrer en contact avec un cadavre, et de se couper les cheveux ou la barbe ; l’origine, peut-être, de la tradition rastafarienne de porter les cheveux en longues dreadlocks.
L’une des histoires les plus célèbres d’un Naziréen dans la Bible est celle de Samson (illustré), dont les longs cheveux lui conféraient une force surhumaine mais qui fut trahi par son amoureuse Dalila, qui rasa sa tête et le livra à ses ennemis. Pour ceux ayant prêté le Vœu de Naziréen, celle de Samson est une histoire préventive.
Lien possible avec une lignée indienne
Certains estiment qu’il existe une filiation indienne qui pourrait être à l’origine des premières dreadlocks intentionnelles. Même si plusieurs sources attribuent le port des dreadlocks à diverses tribus africaines, une autre théorie suggère que la tradition rastafarienne des dreadlocks pourrait en fait ne pas avoir d’origine africaine.
Certains affirment parfois que la figure du Sadhu, un ascète hindou et mystique principalement présent en Inde, aurait pu inspirer à l’origine la tradition des dreadlocks chez les Rastafari, avec des chercheurs comme Vincent Burgess de l’Université d’État de l’Ohio suggérant que cette apparence, associée à la consommation de marijuana, aurait pu arriver en Jamaïque au début du XXe siècle avec l’arrivée de travailleurs indiens.
Quelle que soit leur véritable origine, des universitaires tels qu’Ennis Barrington Edmonds soulignent que la coiffure en dreadlocks demeure un symbole fort du rastafarisme, en tant que marqueur d’une religion de la diaspora africaine cherchant à exprimer son identité et sa foi selon ses propres termes.