Tout propriétaire de chat le sait : nos félins font preuve d’une exigence bien plus marquée que leurs compagnons canins. Tous semblent maîtriser à la perfection ce regard méprisant, ne désirent que le meilleur, et attendent de leurs humains qu’ils leur apportent ce luxe. Si les chats portaient des pyjamas, ce seraient sans doute des modèles en soie somptueuse.
L’expression « les pyjamas du chat » signifie aujourd’hui quelque chose d’extraordinairement bon, mais prise au sens littéral, elle n’a aucun sens puisque les chats ne portent pas de pyjamas. Ce curieux trait de la langue anglaise remonterait à environ un siècle. Selon des études sur les expressions populaires, bon nombre de tournures animales uniques ont vu le jour grâce à la génération des flappers des années 1920. Cette époque, marquée par la positivité et la créativité, aimait exprimer son enthousiasme par des formules telles que « les sourcils du singe », « les hanches du serpent » et bien sûr, « les pyjamas du chat ». Dans ce contexte, ces expressions argotiques étaient facilement compréhensibles, même si elles n’avaient pas de signification logique réelle.
Le dictionnaire Merriam-Webster rapporte que cette expression colorée a été utilisée pour la première fois en 1922. Il est difficile d’expliquer pourquoi elle perdure plus d’un siècle plus tard, alors que d’autres compliments comparant, par exemple, aux sourcils d’un singe ou aux hanches d’un serpent ont disparu. Le fait que le terme « chat » ait souvent été employé à propos d’un « chat cool » a sans doute largement contribué à sa popularité.
Certains se sont demandé s’il existait un personnage surnommé « chat cool » célèbre pour ses pyjamas d’exception. Si l’Histoire ne le relate pas, il semble que la bande dessinée « Indoor Sports » de l’artiste Tad Dorgan ait popularisé cette expression dans le langage courant.
D’autres origines potentielles ont été suggérées. Une source historique suggère que les pyjamas gagnaient en popularité face aux chemises de nuit dans les années 1920, mais que l’expression elle-même serait plus ancienne. On évoque même un fabricant anglais du XIXe siècle, E. B. Katz, réputé pour ses pyjamas en soie. Ceux-ci auraient été si célèbres que le roi George III en aurait porté. Qu’il y ait une part de vérité ou non, il est clair que ce sont surtout les jeunes audacieux des années 1920 qui ont donné ses lettres de noblesse à cette expression désormais bien ancrée.