La Gendarmerie royale du Canada, plus connue sous le nom des Gendarmes Canadiens, assure la surveillance des Territoires du Nord-Ouest depuis les années 1870. Cette force policière avait pour mission première de patrouiller une vaste région qui comprend aujourd’hui le nord du Québec, de l’Ontario, le Manitoba, certaines parties de la Saskatchewan et de l’Alberta, ainsi que les territoires du Nord, une étendue alors nommée Terre de Rupert. Ce territoire, largement occupé par des trappeurs et des peuples autochtones, fut cédé au nouveau gouvernement canadien après la création officielle du Dominion du Canada en 1867.
Sir John A. Macdonald, considéré comme le père fondateur des Gendarmes Canadiens, conduisit la première expédition dans ces terres nouvellement annexées, renommées Territoires du Nord-Ouest. De son retour de la région de Nord Saskatchewan, il en recommanda la formation d’une force de police montée bien équipée, adaptée aux rigueurs de cette région sauvage. Mais plus que des problèmes classiques comme les meurtres ou les conflits entre colons et communautés autochtones, la principale inquiétude concernait un fléau majeur : le commerce illégal de whisky.
À la fin du XIXe siècle, face à la lourde fiscalité imposée sur le whisky aux États-Unis, de nombreux commerçants décidèrent de contourner ces taxes en faisant passer leur alcool au-delà de la frontière nord. Ces trafiquants s’installèrent dans la nature sauvage des Territoires du Nord-Ouest où ils purent opérer à l’abri des regards. Leur base principale fut un poste de traite nommé Fort Whoop-Up. C’est de là qu’ils acheminaient leur marchandise, notamment entre Lethbridge en Alberta et le Montana, à travers un passage naturel de Milk River Ridge surnommé « Whiskey Gap ».
Cette situation devint intolérable, et le 23 mai 1873, le Parlement canadien institua officiellement la Gendarmerie royale du Canada. Craignant que l’Ouest canadien ne sombre dans l’anarchie à l’image du Far West américain, la première mission des Gendarmes fut d’unir leurs efforts à ceux des chefs autochtones pour éradiquer ce commerce illicite d’alcool. Leur action fut largement couronnée de succès, conduisant à un net ralentissement de ce trafic. Toutefois, cette lutte reprit dans les années 1920, à la suite de l’instauration de la prohibition aux États-Unis, qui poussa de nouveau les producteurs de whisky clandestins à étendre leurs activités dans la nature canadienne.
Aujourd’hui, la Gendarmerie royale du Canada est décrite comme la « force policière nationale du Canada », engagée dans des missions allant de la sécurité publique locale à la collecte de renseignements liés à la sécurité nationale.