Pourquoi JFK a-t-il été poussé à porter des chapeaux ?

par Olivier
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Pourquoi JFK a-t-il été poussé à porter des chapeaux ?
États-Unis

US president John F Kennedy

John Fitzgerald Kennedy fut une figure emblématique, non seulement en tant que 35e président des États-Unis et premier président catholique, mais aussi comme un symbole culturel dont l’influence dépasse la politique. Pourtant, paradoxalement, il est aussi célèbre pour une habitude — ou plutôt l’absence d’une — qui a marqué son époque : il ne portait presque jamais de chapeaux. Cette particularité a donné naissance à une légende urbaine selon laquelle JFK serait responsable du déclin de l’industrie du chapeau aux États-Unis.

Durant sa présidence, plusieurs dirigeants de l’industrie des chapeaux ont multiplié les correspondances pour le convaincre de coiffer la tête d’au moins un modèle, de manière à préserver les emplois et un secteur économique en crise. Ces lettres, récemment dévoilées par une institution dédiée à la mémoire JFK, illustrent le désespoir d’une industrie en déclin, ainsi que les liens parfois fragiles entre pouvoir politique et enjeux commerciaux.

John and Jackie Kennedy

À une époque, porter un chapeau extérieur était la norme autant pour les hommes que pour les femmes : du Stetson à la cloche, en passant par le melon ou le trilby, il était impensable de se montrer en public sans couvre-chef. Pourtant, dès les années 1960, les mentalités commencèrent à changer. Le 20 janvier 1961, lors de son investiture, JFK choisit de prêter serment sans chapeau, rupture symbolique avec une tradition solidement établie.

Cette décision allait marquer le début d’une nouvelle ère où le port du chapeau devint progressivement moins courant. Pour les amateurs de mode classique, cette absence rompait avec les conventions essentielles, comme ne pas porter de chaussettes ou de pantalon. Très vite, le phénomène s’est étendu à l’ensemble du pays, fragilisant encore davantage une industrie déjà en perte de vitesse.

JFK dans le bureau ovale

Avant l’ère numérique, la seule façon pour des industriels de capter l’attention présidentielle était d’écrire des lettres, espérant toucher la corde sensible du chef d’État. C’est ainsi que plusieurs dirigeants du secteur des couvre-chefs ont sollicité JFK, presque supplié, de porter un chapeau, arguant que cela pouvait sauver une industrie menacée de déclin.

  • Un représentant de la Hat Corp. of America écrivit : « Au nom des personnes de notre industrie, je sollicite votre aide. S’il vous plaît, Monsieur le Président, portez un chapeau… n’importe lequel. »
  • Le vice-président de Consolidated Millinery Co. ajouta : « L’industrie des chapeaux pour hommes et femmes fait partie de l’économie américaine que vous pouvez revitaliser… simplement par votre exemple personnel. Ce léger sacrifice de votre liberté personnelle peut non seulement redynamiser, mais sauver une industrie. »

Les Kennedy entre amis

Dans le mythe populaire, JFK est souvent tenu pour responsable de la disparition massive du port du chapeau, mais la réalité est plus nuancée. L’industrie du chapeau entamait son déclin bien avant l’arrivée de Kennedy à la Maison-Blanche, et il fut davantage un symbole d’un changement de mode qu’un acteur direct de cette transformation.

Certains historiens attribuent même cette évolution à Dwight D. Eisenhower, en raison notamment de la mise en place du réseau autoroutier inter-États. Ce système, en facilitant l’usage croissant de l’automobile privée, réduisit la nécessité de porter un couvre-chef, les dimensions et la hauteur intérieure des voitures rendant leur port moins pratique qu’avec les transports en commun.

Ainsi, si JFK n’a pas tué l’industrie des chapeaux, il demeure le visage visible d’une époque marquée par une transition culturelle majeure, où la mode et les modes de vie évoluaient rapidement, avec les conséquences que nous connaissons encore aujourd’hui.

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