Le destin tragique du Britannic
En 1912, le vice‑président de la compagnie déclarait : « There is no danger that Titanic will sink. The boat is unsinkable and nothing but inconvenience will be suffered by the passengers. » Cette certitude chevillée au corps rendit d’autant plus effroyable le sort de plus de 1 500 passagers du Titanic.
On aurait pu penser qu’il n’était pas possible de faire pire. Pourtant, deux ans après la catastrophe du Titanic, la compagnie lança un autre paquebot maudit, le sister ship Titanic, qui promettait encore plus d’opulence et de sécurité. Initialement baptisé Gigantic, puis rebaptisé Britannic, il affichait près de 50 000 tonnes, davantage de canots de sauvetage et une coque renforcée pour mieux résister aux icebergs. Son capitaine, Charles Bartlett — surnommé « Iceberg Charlie » — était réputé pour son sens de l’évitation des glaces.
Lorsque le Britannic prit la mer en février 1914, il était le plus grand paquebot de luxe au monde. Mais la Première Guerre mondiale changea rapidement son destin : converti en navire-hôpital, il effectua plusieurs voyages sans incident apparent, au point que le chirurgien du bord le qualifia de « plus merveilleux navire-hôpital ayant jamais navigué ».
- En novembre 1916, lors de son sixième voyage vers le golfe d’Athènes pour récupérer des blessés, une explosion déchira la coque.
- Les analyses acoustiques et les relevés ultérieurs suggèrent qu’il s’agissait d’une mine posée par un U‑boot allemand, même si certains historiens avancent la thèse d’une torpille.
- Les dégâts furent plus sévères que ceux provoqués par l’iceberg sur le Titanic ; le capitaine tenta de mener le navire à l’échouage pour le sauver.
Hélas, des fenêtres de ventilation avaient été ouvertes dans les salles des malades pour aérer les patients, et l’eau entra rapidement. Malgré un nombre suffisant de canots, deux embarcations abaissées trop tôt furent aspirées vers les hélices et détruites.
Le bilan fut de 30 victimes, majoritairement dues aux accidents liés aux canots, tandis que plus de 1 000 personnes furent sauvées. Moins d’une heure après l’explosion, le Britannic avait déjà sombré — preuve tragique que ni la taille, ni les aménagements de sécurité ne garantissent l’impunité face aux aléas de la guerre et de la mer.
Cette page d’histoire maritime éclaire pourquoi le sister ship Titanic, malgré les leçons du passé et des précautions apparentes, connut lui aussi un destin funeste, mêlant technique, hasard et circonstances humaines.
