Depuis 1968, à chaque édition des Jeux Olympiques, il y a eu des cas de dopage avérés, exception faite de l’année 1980 à Moscou. Alors que des substances interdites avaient valu la disqualification d’athlètes, notamment lors des Jeux de 1968 et 1972, les athlètes de Moscou en 1980 auraient tous « passé » les tests antidopage. Cette situation insolite, souvent qualifiée de « Jeux des Chimistes », soulève d’assez surprenantes interrogations sur les contrôles réalisés lors de cette édition.
L’absence de résultats positifs est le fruit d’une opération soigneusement orchestrée dans le contexte d’un boycott massif : la majorité des nations, dont les États-Unis, s’étaient retirées des Jeux pour protester contre l’invasion de l’Afghanistan par l’Union Soviétique. Pour garantir une image irréprochable, les responsables soviétiques avaient mis en place un système visant à « nettoyer » tous les tests antidopage.
Plusieurs éléments expliquent cette anomalie :
- 645 tests antidopage ont été réalisés à Moscou en 1980, tous affichant des résultats négatifs.
- Une agence rattachée au KGB, le Département Onzième, avait été créée dès 1977 afin de contrecarrer toute action hostile pendant la préparation et la tenue des Jeux.
- En collaboration avec le laboratoire antidopage de Moscou, les responsables controlèrent directement les échantillons d’urine en les remplaçant par des échantillons préremplis si nécessaire.
Dans certains cas, des athlètes se sont vus imposer de remettre un échantillon déjà contrôlé plutôt que leur échantillon authentique. Un athlète olympique se souvient avoir été contraint de fournir un échantillon « pré-rempli » afin d’éviter tout incident. Un ancien lieutenant-colonel du KGB a d’ailleurs expliqué que les conteneurs d’urine destinés à être analysés avaient été soigneusement remplis à l’avance pour garantir l’absence totale de substances interdites.