Canicule : L’impact inquiétant sur l’agriculture en France

par Olivier
0 commentaire
A+A-
Reset
Canicule : L'impact inquiétant sur l'agriculture en France
France

Les températures vont une nouvelle fois dépasser les 40 °C à certains endroits en France ce mardi, avec des pointes prévues entre 42 et 43 °C autour de Perpignan et Carcassonne. Ces prévisions suscitent une inquiétude grandissante, notamment chez le docteur en agrométéorologie Serge Zaka, qui souligne les conséquences alarmantes sur l’agriculture.

Si les canicules sont préoccupantes pour la santé humaine, leur impact sur les cultures, les animaux d’élevage et les écosystèmes est tout aussi critique. Le stress thermique intense et l’avortement floral, phénomène où les fleurs ne parviennent pas à produire de fruits et tombent prématurément, sont des risques importants soulignés par le spécialiste.

Pourquoi les températures prévues sont-elles inquiétantes ?

Depuis les années 2000, les températures dépassant 40 °C se produisent de manière régulière, devenant presque banales. On note désormais dix-neuf fois plus de stations où de telles températures sont enregistrées, avec parfois plus d’une centaine de jours annuels à ce seuil. Ce phénomène intense et précoce touche presque tout le territoire et n’est plus cantonné à l’été classique, apparaissant parfois dès juin ou jusqu’en septembre.

Cette précocité engendre un stress sévère pour les végétaux, dont les cultures sont initialement conçues pour éviter les canicules. Tandis que jusqu’à 38 °C certaines plantes peuvent résister, au-delà de 40 °C, elles entrent dans un état de stress thermique marqué qui entraîne des dégâts importants.

Les effets des fortes chaleurs sur les cultures

Chaque plante réagit différemment à la chaleur selon son adaptation régionale. Par exemple, un noisetier ou un blé arrête sa croissance à partir de 35 °C, tandis qu’un olivier peut tolérer jusqu’à 42 °C. Mais avec les chaleurs attendues, le seuil physiologique défini génétiquement est franchi, engendrant un fort stress thermique. Ce dernier empêche la plante de se défendre efficacement.

L’un des dangers majeurs est l’avortement floral, particulièrement pour les légumes de potager. La reproduction à l’intérieur des fleurs est altérée par la chaleur, empêchant la formation des fruits. Les fleurs deviennent alors stériles et tombent, impactant directement la production agricole.

Les écosystèmes souffrent également de la sécheresse, des gels tardifs, de la perte précoce de feuilles et des brûlures répétées, aggravées par le changement climatique induit par l’activité humaine.

Chaleur intense en ville avec des températures dépassant 31 degrés en France

Les conséquences du stress thermique et de l’avortement floral

Les dégâts se traduisent par une défoliation des arbres et des brûlures sur les fruits. Les légumes du soleil, tomates et courgettes notamment, sont très vulnérables en floraison. Dès 34 °C, leur reproduction est compromise, à 36 °C la capacité de la fleur à produire un fruit diminue de 70 %, et à 38 °C les fleurs subissent un avortement floral massif en l’espace de quelques jours.

Des vagues de chaleur récentes dans des régions comme Poitou-Charentes, Nantes ou le nord de l’Aquitaine ont affecté le remplissage des grains d’orge de printemps et de blé d’hiver. La croissance ralentit dès 32 °C avec un impact majeur à 38 °C, produisant des grains plus petits et plus légers. Cela se traduit par une baisse de rendement et affecte directement le revenu des agriculteurs.

Les animaux d’élevage sont eux aussi touchés : la canicule engendre une chute de la production laitière, une baisse de ponte et un ralentissement de la croissance. Tous les éléments sont réunis pour un été particulièrement difficile.

Quelles solutions pour s’adapter à ces conditions ?

L’irrigation apparaît comme une solution clé face à la multiplication des épisodes de sécheresse, permettant de sécuriser les productions et de limiter les importations agricoles. Toutefois, elle ne peut être la seule réponse. La revitalisation des sols, le reverdissement des paysages et une transformation profonde du système agricole sont indispensables.

Dans certaines régions telles que Carcassonne, où les températures dépassent les capacités de résistance des espèces locales, l’adaptation passe par la transformation des cultures : introduction d’oliviers ou d’agrumes, capables de résister jusqu’à 45 °C avant d’être gravement endommagés. Ce changement implique une refonte économique complète, touchant les filières, les appellations, la consommation locale, ainsi que les infrastructures. Une transition d’au moins vingt ans exige un accompagnement pédagogique et une prise de conscience territoriale.

Dans le Nord, où les chaleurs sont moins extrêmes, l’adaptation peut s’opérer par la sélection de nouvelles variétés mieux adaptées à la montée des températures, un changement de goût et de calibre acceptable à court terme.

Les enjeux à long terme

Les prévisions pour 2050 annoncent des températures fréquentes pouvant atteindre 45 à 50 °C. À ce seuil, pour des territoires non habitués à ces chaleurs, aucune solution agronomique viable n’existe : un dépérissement massif des arbres est inévitable. La priorité est donc de limiter le réchauffement mondial en réduisant drastiquement les émissions de gaz à effet de serre.

Suggestions d'Articles

Laisser un Commentaire