Le projet Cigéo, implanté à proximité de la commune de Bure dans la Meuse, prévoit l’enfouissement à 500 mètres de profondeur de déchets radioactifs parmi les plus dangereux. Ces déchets seront stockés dans un vaste réseau de tunnels, qui pourrait atteindre près de 300 kilomètres de galeries. Ce site, qui n’est pour l’instant qu’un projet, vise à sécuriser le stockage des déchets de haute activité (HA) et de moyenne activité à vie longue (MA-VL), lesquels resteront radioactifs pendant plusieurs centaines de milliers d’années.
Cette initiative trouve son origine dans la loi Bataille adoptée en 1991 et repose sur un principe fondé sur la géologie locale. Une épaisse couche d’argile, stable depuis environ 160 millions d’années, présente des propriétés isolantes permettant de ralentir le déplacement des radionucléides vers la surface. C’est cette caractéristique qui a motivé le choix du site près de Bure.
Le projet comprendra des puits, des galeries, des alvéoles et un terminal ferroviaire destiné à accueillir environ 83 000 mètres cubes de déchets, dont la moitié est déjà produite et actuellement conservée dans des installations comme celle de La Hague, dans la Manche. Le terminal ferroviaire permettra le transport majoritairement par train et le conditionnement des colis avant leur transfert souterrain. Pour descendre les colis jusqu’au niveau des galeries, le projet prévoit notamment un tunnel incliné appelé « double descendrie ».
Concernant le stockage, les déchets de haute activité seront déposés dans des alvéoles d’environ 150 mètres de long et de 80 centimètres de diamètre, revêtues d’un chemisage métallique. Les déchets de moyenne activité à vie longue seront quant à eux placés dans des alvéoles plus grandes, mesurant quelques centaines de mètres de long et d’une dizaine de mètres de diamètre.
Le processus de gestion du site sera entièrement automatisé, afin d’éviter toute intervention humaine directe en raison de la dangerosité des matériaux. Toutefois, ce projet soulève plusieurs préoccupations. L’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) a notamment mis en garde contre des risques de corrosion du chemisage métallique provoquée par la chaleur dégagée et l’hydrogène, ce qui pourrait compromettre l’imperméabilité des alvéoles. Par ailleurs, des inquiétudes subsistent quant aux risques d’incendie et d’explosion.
Parmi les interrogations majeures figurent la question de la réversibilité, c’est-à-dire la possibilité de rouvrir et récupérer ces déchets après enfouissement, ainsi que la gestion des incidents potentiels tels que le déraillement d’un train, une panne ou un court-circuit. Ces incertitudes alimentent les critiques d’associations comme France Nature Environnement (FNE), dont le chef de projet Maxime Paquin souligne les nombreuses failles techniques et sécuritaires.
Malgré ces controverses, l’État poursuit le développement de Cigéo avec l’objectif d’obtenir une autorisation administrative d’ici la fin 2027, pour un démarrage des opérations d’enfouissement envisagé vers 2050.