C’est un protocole présenté comme plus sûr et plus respectueux de l’environnement. En juillet dernier, la dépouille d’un cachalot mort au large de la Corse a été immergée en profondeur dans le cadre du dispositif « Immercet », qui consiste à remorquer les carcasses vers des zones profondes où elles sont lestées puis immergées. Il s’agit d’un premier succès en Méditerranée, après un échec en août 2024, s’est félicitée la préfecture maritime dans un communiqué.
La carcasse avait d’abord été signalée flottante puis coincée entre des rochers dans une crique près de Calvi. Elle a finalement pu être tractée et immergée à environ 660 mètres de profondeur.
Un « danger important »
Pourquoi recourir à une telle opération ? Les dépouilles des grands mammifères marins, notamment des rorquals et des cachalots en Méditerranée, « peuvent représenter un danger important pour le trafic maritime », rappelle la préfecture. Deux solutions étaient envisagées : l’équarrissage, long et difficile et susceptible d’entraîner des contaminations sanitaires, ou la destruction par engin explosif, source de nuisances pour la faune sous-marine.
Immercet propose une alternative, testée en lien avec l’association de préservation des cétacés Miraceti et le sanctuaire Pelagos. « Elle permet ainsi d’éviter leur échouage sur les côtes, tout en restituant une oasis de vie aux communautés des fonds marins encore mal connues », soulignent les services de l’État.
Le dispositif constitue aussi une opportunité pour mieux connaître « l’écosystème qui vit sur ces carcasses », indique Laurène Trudelle, de l’association Miraceti. D’abord les nécrophages — divers charognards comme les requins et les crabes — puis des gastéropodes, des polychètes et des bivalves qui se développent sur les sédiments proches de la carcasse. « Plusieurs de ces espèces sont soupçonnées d’être endémiques des carcasses de grands cétacés », ajoute-t-elle.
Cétacés en danger
Concernant les cétacés méditerranéens, sur les huit espèces présentes dans la région, « seules deux ne sont pas en danger : le grand dauphin et le dauphin bleu et blanc », rappelle Laurène Trudelle.
Les autres espèces, et notamment le rorqual et le cachalot, forment des populations fragiles, fortement affectées par le trafic maritime intense dans cette zone. Les collisions entre grands cétacés et navires constituent la première cause de mortalité non naturelle.
