Sommaire
L’essentiel
- L’ouragan Melissa balaie actuellement la Jamaïque avec des rafales approchant les 300 km/h ; les secours redoutent inondations soudaines et glissements de terrain dans les zones vulnérables.
- Plusieurs tempêtes tropicales ont laissé des bilans humains colossaux, parfois supérieurs à 500 000 morts, montrant que les ouragans meurtriers peuvent se transformer en tragédies majeures lorsque les populations côtières manquent de protections.
- Les zones littorales et les deltas faiblement élevés — au Bangladesh, en Inde, au Vietnam ou en Chine — restent particulièrement exposés : une montée rapide des eaux peut engloutir des territoires en quelques minutes, empêchant toute évacuation efficace.
Alors que l’ouragan Melissa balaie actuellement la Jamaïque avec des vents approchant les 300 km/h, il est utile de rappeler que certains ouragans meurtriers ont marqué l’histoire par leur caractère cataclysmique. Dans des régions vulnérables, la montée brutale des eaux a parfois causé des centaines de milliers de victimes en quelques heures. Voici les cinq ouragans, cyclones ou typhons les plus meurtriers de l’Histoire, selon les bilans connus ou estimés par les organismes météorologiques et les historiens. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, tous se sont produits en Asie.
Cyclone Bhola (1970) — Bangladesh et Inde
Le soir du 12 novembre 1970, un cyclone puissant frappe les îles basses du golfe du Bengale au moment de la marée haute. La tempête engendre une onde de submersion qui submerge villages, digues et terres cultivables. Le bilan humain est estimé à 500 000 morts : c’est la tempête tropicale la plus meurtrière jamais enregistrée, selon l’Organisation météorologique mondiale (WMO). Outre l’onde de submersion, la très faible altitude du territoire, l’absence d’alerte efficace et un réseau de secours défaillant ont amplifié la catastrophe.
Cyclone de Coringa (1839) — Inde
Le 25 novembre 1839, un cyclone frappe la ville portuaire de Coringa, en bordure de la baie du Bengale. Une vague estimée à environ 12 mètres ravage la côte, engloutissant maisons, navires et habitants. Le bilan est évalué à environ 300 000 morts. Le port, autrefois prospère, est totalement anéanti et près de 20 000 navires ont été détruits, selon l’Atlantic Oceanographic and Meteorological Laboratory (AOML). La combinaison d’un delta fluvial bas, d’un accès maritime direct et d’un système de protection inexistant explique l’ampleur du désastre.
Typhon Haiphong (1881) — Vietnam
Le 8 octobre 1881, un typhon traverse le golfe du Tonkin et s’engouffre dans le delta du fleuve Rouge jusqu’à Haiphong. La zone, située à peine au-dessus du niveau de la mer, est particulièrement exposée à la houle et à la submersion. La vague s’engouffre dans le chenal étroit reliant Haiphong à la mer, amplifiant la montée des eaux. Le bilan est estimé à environ 300 000 morts, voire davantage selon certaines sources qui intègrent les décès secondaires (maladies, famines). Bien que des études récentes remettent en question l’exactitude de ce chiffre — en raison d’incertitudes sur la population et les limites territoriales — la catastrophe reste l’une des plus terribles jamais enregistrées pour un typhon : en quelques heures, une zone habitée, économique et stratégique a été balayée.
Typhon Nina (1975) — Taïwan et Chine
En août 1975, le typhon Nina frappe Taïwan puis la Chine, mais la catastrophe majeure résulte surtout de la rupture de multiples barrages, notamment le barrage de Banqiao dans la province du Henan, submergé après des précipitations extrêmes. Des études recensées par Weather Underground indiquent un bilan révisé d’au moins 150 000 morts, certaines évaluations montant à 200 000–230 000 en tenant compte de la famine, des maladies et de la destruction des infrastructures. Selon les analyses, il s’agit d’un des pires exemples d’interaction entre phénomène naturel et défaillance humaine/infrastructures : la pluie a déclenché l’effondrement des digues, inondant des plaines entières.
Cyclone Nargis (2008) — Birmanie
Le 2 mai 2008, le cyclone Nargis s’abat sur la Birmanie, balayantd la côte avec des vents dépassant 165 km/h. Les zones inondables du delta, densément peuplées et peu protégées, sont ravagées : des villages entiers disparaissent sous les eaux, les communications sont coupées et les secours tardent à arriver. Le bilan officiel fait état de près de 85 000 morts, plus de 50 000 disparus et 20 000 blessés. Plusieurs évaluations portent toutefois le total des victimes à près de 138 000 personnes, faisant de Nargis l’un des cyclones les plus meurtriers de l’histoire mondiale moderne. Au-delà des pertes humaines, l’impact économique et social de la catastrophe a été colossal.
