Savoir

Après des décennies à construire des mondes imaginaires, le jeu Minecraft s’est immiscé dans la culture populaire comme un outil de création et de transmission. Plutôt que de se limiter au divertissement, certains y voient maintenant un moyen concret de contourner la censure et de rendre l’information accessible.
L’organisation Reporters Sans Frontières a mis en ligne un serveur Minecraft baptisé «Uncensored Library», conçu pour préserver et exposer des articles censurés provenant de divers pays. Les textes sont convertis en livres numériques visibles dans le jeu : on peut les lire librement, mais pas les modifier ni les effacer. Cette méthode exploite un jeu largement répandu pour offrir un accès alternatif à un journalisme jugé illégal dans certains États.

Le projet cible en priorité des contenus interdits ou largement filtrés par des gouvernements autoritaires. Parmi les axes principaux :
- Des sections dédiées à des articles censurés en Arabie saoudite, en Russie, au Vietnam, au Mexique et en Égypte.
- Des hommages aux journalistes assassinés, comme Javier Valdez Cárdenas.
- La republication d’articles importants, notamment ceux de la dissidence saoudienne et d’autres voix muselées.
Le choix de Minecraft comme plateforme n’est pas anodin : accessible et familier des plus jeunes, il permet de franchir des barrières techniques ou politiques. Les développeurs du serveur observent d’ailleurs, via les connexions, que des internautes provenant des pays concernés se rendent déjà dans la bibliothèque pour lire ces documents.
Cette initiative montre comment des outils ludiques peuvent servir la liberté de presse et l’accès au savoir, en proposant des solutions créatives face à la censure. Elle illustre aussi la manière dont culture numérique et journalisme peuvent se rencontrer pour toucher de nouveaux publics.
