Blue Monday : La déprime du lundi matin et le capitalisme

par Olivier
0 commentaire
A+A-
Reset
Blue Monday : La déprime du lundi matin et le capitalisme
Royaume-Uni, France

La déprime du lundi : entre souffrance au travail et capitalisme

En ce troisième lundi de janvier, souvent considéré comme le « jour le plus déprimant de l’année » ou le « Blue Monday », les réflexions sur la détestation généralisée du lundi se font jour. Selon Nicolas Framont, sociologue du travail et auteur de l’ouvrage Vous ne détestez pas le lundi, vous détestez la domination au travail, cette aversion a des racines plus profondes liée à la souffrance au travail ancrée dans le système capitaliste.

Malgré le caractère marketing du concept, il illustre une réalité collective : une majorité d’individus ressentent un sentiment de mélancolie chaque lundi. Un fait corroboré par diverses études, comme celle indiquant que 61 % des personnes déclarent avoir une phobie du lundi. Une étude qui dévoile une certaine désaffection pour ce jour considéré comme le pire de la semaine.

Framont explique que cette déprime matinale découle d’une aliénation liée à un système économique où le travailleur n’approprie que très peu le fruit de son labeur. La question se pose alors : travailler pour vivre ou vivre pour travailler ? Ce dilemme exacerbe le sentiment de désespoir face à une collaboration souvent peu gratifiante.

Blue Monday

En ce sens, la souffrance au travail ne se limite pas à ce jour particulier. Elle s’inscrit dans une continuité où le mal-être est une caractéristique intrinsèque du capitalisme. Le sociologue observe une montée récente de ce sentiment aliénant, amplifiée par des structures de travail de plus en plus hiérarchiques et des attentes de performances toujours croissantes. Cette dynamique génère une pression considérable sur les salariés, réduisant leurs moments de répit et leur autonomie.

Actuellement, une symbiose d’externalisation et d’exigences de plus en plus élevées pour une implication totale de l’employé au sein de l’entreprise est observée, causant ainsi un phénomène de burn-out alarmant. Les statistiques révèlent que près d’une personne sur deux se déclare en détresse psychique liée à son emploi, une réalité qui reste malheureusement ignorée par la législation.

Dans sa discussion, Framont évoque aussi l’influence persisante des hiérarchies dans la souffrance quotidienne. La prévalence de chefs et de contrôleurs dans des secteurs jusque-là épargnés alimente un sentiment d’infantilisation, réminiscent des angoisses scolaires. Ce climat de surveillance réduit l’initiative des employés dans la sphère publique, car la mentalité de faire ce qui est ordonné crée une inertie sociale.

Pour changer cette dynamique et retrouver un amour pour le lundi, Framont suggère qu’il faudrait possibilité que les travailleurs récupèrent les fruits de leur effort, œuvrant dans un contexte de confiance et de collaboration, loin des ordres oppressants. Lorsque des travailleurs indépendants évoquent leur joie de retrouver ce jour, c’est souvent parce qu’ils éprouvent un sentiment d’appartenance à leur travail.

Finalement, il est vital de souligner que les échanges et le soutien entre collègues peuvent également enrayer cette spirale de déprime. La solidarité professionnelle permet de transformer le lundi en un jour de motivation et d’enthousiasme, se plaçant ainsi en opposition à l’individualisme capitaliste qui laisse trop souvent peu de place aux relations collaboratives dans le milieu du travail.

Suggestions d'Articles

Laisser un Commentaire