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Victimes de la cruauté humaine
Au refuge Suzi Handicap, situé à Montreuil-au-Houlme dans l’Orne, Stéphanie Lisicki s’occupe d’environ 320 animaux handicapés, majoritairement issus de cas de maltraitance. Par exemple, elle évoque l’histoire tragique de Buzuka, une chienne qui a reçu un coup de hache à la mâchoire en Roumanie. La mission de ce refuge, fondé depuis 11 ans, est d’accueillir non seulement des chiens et des chats, mais aussi des animaux variés comme des cochons d’Inde, des vaches et des chevaux, tous touchés par les effets dévastateurs de la cruauté humaine.
Les animaux accueillis souffrent généralement de malformations, mais la majorité de leurs handicaps est causée par des actes de violence. Ainsi, Stéphanie fait mention de la chienne Mira, qui a été gravement blessée à cause d’un bain d’acide, un acte filmé par ses tortionnaires. Les histoires de maltraitance se multiplient : Thérésa, une autre chienne, a été trouvée sur l’île de La Réunion, tandis qu’un animal blessé est arrivé de la zone de conflit en Ukraine.
Listes d’attente
Les occupants du refuge sont souvent signalés par des gendarmes, des maires ou des vétérinaires, qui refusent de procéder à des euthanasies. De nombreux animaux proviennent également d’éleveurs incapables de prendre en charge les soins nécessaires. Michelle Lisicki, la mère de Stéphanie, constate qu’il y a une demande croissante d’aide, avec des dizaines de demandes par jour, dépassant largement les capacités du refuge.
Le travail acharné de l’équipe, composée d’une douzaine de salariés et de bénévoles, permet de fonctionner sept jours sur sept, avec des exceptions rares pour le personnel. Stéphanie, qui a deux jeunes enfants, n’a pris qu’une semaine de vacances en plus de dix ans. Elle se consacrait totalement à la protection de ces animaux malheureux, soulignant : « Une fois qu’ils franchissent le portail, ils sont en sécurité pour le reste de leur vie. »
Changer le regard
Une partie essentielle de leur mission consiste à accompagner les animaux en fin de vie, un service que le refuge offre à la moitié de ses résidents. Stéphanie partage un profond désir : que ces animaux connaissent des moments de bonheur avant de partir. Récemment, un cocker avec des pattes arrière remplacées par un petit chariot à roulettes a été remarqué par les visiteurs, témoignant des soins spécialisés offerts par le refuge.
Un projet de clinique vétérinaire est en cours, permettant de réaliser des interventions chirurgicales directement sur place. Ce développement est crucial pour améliorer la santé des animaux, qui nécessitent parfois des traitements lourds tels que des chimiothérapies. Toutefois, les dépenses restent élevées, avec un budget annuel d’environ un million d’euros entièrement financé par des dons privés, car le refuge ne reçoit aucune aide publique significative.
Stéphanie espère également change le regard de la société sur les animaux handicapés. Elle prône une meilleure éducation des jeunes, qui visitent fréquemment le refuge. « En France, nous avons encore beaucoup à faire par rapport à d’autres pays, comme le Canada, où le handicap animal est mieux accepté », conclut-elle.