En pleine pénurie d’amoxicilline en France début 2024, le laboratoire GSK, qui possède l’unique usine française de production de cet antibiotique, située à Mayenne, a obtenu une augmentation de 10 % du prix d’achat de l’amoxicilline par l’État. En contrepartie, GSK s’était engagé à accroître les volumes livrés dans le pays. Cependant, une enquête menée par Cash Investigation et relayée par France Info a révélé que le laboratoire n’a pas honoré ses engagements.
Une journaliste s’est infiltrée dans l’usine en janvier 2024 et a travaillé sur la ligne de contrôle des emballages. Elle a découvert que les flacons d’amoxicilline vérifiés étaient destinés au Japon, réputé pour ses exigences strictes concernant l’emballage, qui impose des critères rigoureux. Selon une formatrice de GSK, « il faut que tout soit parfait », même pour des détails esthétiques mineurs. Ces anomalies, bien que sans impact sur la qualité du produit, entraînent le rejet des flacons, qui se retrouvent ainsi jetés.
Environ 10 à 15 % de la production pourrait être jetée
Au cours d’une heure de contrôle, la journaliste et sa collègue ont mis de côté environ une centaine de flacons. Un responsable de la formation a estimé que « environ 10 à 15 % de la production » pourrait être détruite pour ces motifs. La journaliste de Cash Investigation a rapporté que des milliers de flacons ont été détruits par GSK en 2024, alors que la France, en pleine crise d’approvisionnement, aurait pu tirer parti de ces produits disponibles.
Interrogé sur ces révélations, GSK a répondu par courriel qu’il « ne savait pas à quoi le magazine faisait référence ». Grégory Emery, directeur général de la santé et numéro 2 du ministère de la Santé, a déclaré ne pas avoir été informé de ces faits. « S’il en avait été informé », a-t-il ajouté, « il aurait demandé au laboratoire d’alimenter le marché français avec ces produits ».